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Je suis un gauchiste et un sioniste ! – Par S. Gazit

 

Je suis un gauchiste et un sioniste ! – Par S. Gazit

 

J’ai été invité à une soirée à Jérusalem dédiée à un nouveau livre traitant des « injustices de l’occupation. » Je ne sais pas pourquoi j’ai été tenté de participer à la discussion. Je m’attendais à ce que le public (environ 150 hommes et femmes), soient tous des gauchistes. Des gauchistes sans un seul bon mot pour le pays dans lequel ils vivent.[Après la guerre des Six-Jours, Shlomo Gazit a servi comme coordonnateur israélien des opérations gouvernementales dans les territoires administrés, et à la suite de la guerre de Yom Kippour, comme chef du renseignement militaire. Il a beaucoup écrit sur Israël et les affaires militaires au Moyen-Orient.]

Je suis d’accord avec la plupart des faits décrits, certains sont le fruit de la politique et de l’idéologie et d’autres des sottises et le résultat d’un comportement anormal. Cependant, je rejette ceux qui concluent qu’Israël est un Etat qui opprime et pourchasse les Palestiniens, et je m’y oppose. Israël n’est pas un état occupant colonial… Nous ne pouvons pas faire comme si Israël n’avait pas de problème de sécurité.

Finalement, je me suis levé et j’ai prononcé un discours défendant mes opinions :

Je tiens à me présenter. Je suis reconnu par le public comme étant un gauchiste à propos du conflit israélo-arabe.

Je suis actif et impliqué depuis des années dans le dialogue avec les Palestiniens et j’essaye de trouver des moyens de créer des ponts, afin de trouver des points de contact et de parvenir à un accord fondé sur deux Etats, côte à côte.

Je suis un membre du Conseil public de « Yesh Din », et quand mon ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, appelle le « Yesh Din » l’un des les groupes terroristes qui opèrent contre l’Etat, j’ai publié une colonne intitulée « Je suis un terroriste fier. »

Dans le même temps, je suis aussi un sioniste.

Je suis fier de l’Etat que nous avons établi ici, en Israël, fier de ses réalisations. Je veux croire en son avenir et en son avenir juif.

Oui, son avenir « juif », pas comme l’Etat qui est celui de tous les citoyens.

Plus d’un siècle en arrière, l’immigration juive en Israël a commencé, une immigration politique, une immigration dont l’objectif était de s’installer sur cette terre et d’y établir un Etat juif.

Voici quelqu’un de l’auditoire qui s’est mis à crier : « C’était un règlement colonial classique, discriminatoire contre les Arabes qui y vivaient ! »

Vous avez raison, lui répondis-je. Mais cette colonisation juive n’était pas le seul exemple de colonialisme dans l’histoire. Et par rapport à la relation des indigènes en Amérique du Nord, Amérique du Sud, en Australie ou en Nouvelle-Zélande, je suis sûr que nous n’avons pas à avoir honte.

En outre, même si l’on accepte la position que nous avons fait quelque chose d’ »horrible », et alors quoi ?

Doit-on vraiment demander pardon aujourd’hui et repartir vivre dans les pays arabes ? Plier bagages et démanteler l’entreprise sioniste qui a été mise en place ici ?

Avons-nous regretté les centaines de milliers de Juifs qui ont quitté l’Europe pour venir ici et préserver leurs vies de la Shoah ?

Dès le début nous savions que les résidents locaux n’accepteraient jamais notre présence.

Je viens de lire le fameux article de Jabotinsky, le « Mur de Fer ». Sa thèse centrale, déjà en 1923, était qu’il n’y avait aucune chance pour que les résidents arabes locaux acceptent notre présence. Ils nous verront toujours comme des étrangers qui essayent de prendre les choses en main.

Oui, nous n’autorisons pas la libre-circulation dans les territoires d’aujourd’hui et l’entrée en Israël sans sécurité. En tant que personne fière d’avoir créé des ponts avec les territoires et fière d’avoir permis de faciliter leurs mouvements, je comprend aussi la nécessité d’imposer des restrictions sécuritaires sévères. Nous avons besoin de la barrière de sécurité ! Nous vivons dans un calme relatif grâce aux services de sécurité israéliens qui remplissent leur rôle avec un succès phénoménal.

Israël est le seul pays au monde vivant sous une menace existentielle. Une menace pour toute sa population et pour son existence politique.

Il ne faut jamais comparer notre situation avec cette partie du monde qui est libre depuis 1945, de peur de la guerre.

Ceux qui souhaitent comparer notre situation d’aujourd’hui devraient le faire avec les politiques de sécurité en temps de guerre, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Je suis un homme de gauche et sioniste. Oui, cela existe. Et je n’en ai pas honte !

Par Shlomo Gazit 

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