L'économie tunisienne nationale pourrait-elle remonter la pente?
A l'issue des législatives du 26 octobre, et après un calvaire de 3 ans, l'économie nationale pourrait-elle se redresser avec l'arrivée d'un nouveau gouvernement?
Par Aref Slama
Quelles que soient ses orientations, le prochain gouvernement doit jouer, en priorité, un rôle crucial pour sauver l'économie nationale d'une forte éventualité de défaillance avant d'examiner la question de sa relance. Pour y parvenir, une série de réformes conjoncturelles et structurelles s'impose en dépit du flou qui plane sur le paysage politique.
Du Keynes pour sauver les meubles
La destruction subie par le tissu institutionnel nécessite, en plus d'un soutien conjoncturel, des efforts importants pour renforcer les assises structurelles de l'activité économique. La mobilisation du financement demeure une question hypothétique vu le recours excessif des précédents gouvernements à l'endettement extérieur.
Si l'on prend pour acquis le rôle régulateur de l'Etat, garant de la dynamique économique et de la cohésion sociale, deux types d'actions seront nécessaires pour booster la demande effective et lutter contre le fléau du sous-emploi. Il s'agit, de relancer les grands investissements publics en infrastructures afin de permettre la reprise de l'économie tout en redonnant confiance aux entrepreneurs en quête d'un partenariat public-privé basé réglementairement clair.
Pour mémoire, le taux des tirages des dépenses du développement régional a été bloqué depuis 2012 au seuil annuel moyen de 27%. Une reprise, sur ce plan, constituera l'un des déterminants pour redresser une activité économique globale en berne. De tels investissements seront vitaux pour l'initiative privée, et limiteront la grogne des Tunisiens qui ont perdu sous la troïka 23% de leur capacité nominale en pouvoir d'achat.
En dépit d'une marge de manœuvre limitée, le prochain gouvernement est appelé à travailler pour la reprise de l'activité du tissu industriel, gravement affecté par le déploiement d'une politique industrielle favorisant l'entreprenariat.
Le soutien conjoncturel
Les mesures d'appui conjoncturel ne pourraient être efficientes que concomitamment à la diminution de la pression fiscale (21%) à travers la recherche de nouvelles niches de ressources permettant de juguler le déficit inédit du budget de l'Etat, qui atteindra selon les pronostics des instances financières internationales 8% au terme de l'année 2014 (contre environ 1% en 2010, dernière année de la dictature de Ben Ali).
Des subventions directes pour sauver les secteurs stratégiques et protéger les principales activités économiques de la concurrence déloyale et invasive de l'économie souterraine sont à leur tour d'une importance fondamentale.
Sur un autre plan, il y a lieu de mettre l'accent sur l'assouplissement des mécanismes de la politique monétaire, la gestion des risques du taux, la limitation de la volatilité et de l'insuffisance chronique de la liquidité bancaire.
Ces mesures auront des répercussions sur l'amélioration des attentes des entreprises en termes d'accroissement des concours financiers des établissements de crédit et de la garantie d'un climat d'affaires sain d'une part, et sur la structure de la consommation et de l'épargne, d'autre part.
Inverser la courbe du chômage
L'inversion de la courbe du chômage pour 2015 semble improbable. Les prévisions sont difficiles en la matière mais en l'espèce, et comme c'était déjà le cas depuis 2012 avec les promesses de la troïka, l'ex-coalition gouvernementale conduite par le parti islamiste Ennahdha, aucun élément n'est susceptible d'émerger pour accréditer la thèse d'une diminution ou d'une stabilisation du chômage car l'économie nationale ne crée plus assez d'emplois.
Compte tenu de la structure démographique et de la productivité de la Tunisie, seul un taux de croissance de +3,5% par an au minimum pourra permettre de limiter de manière peu significative l'impact ravageur du chômage et même, à ce niveau, il est incertain que l'on puisse lutter contre ses répercussions vu son caractère devenu endémique.
Dès lors, le prochain gouvernement devra adopter une approche agréant la création des emplois aidés, et réussir à limiter le travail précaire, cependant cela devra ne pas être non durable. Même en cas de reprise, il faudra observer une période d'attente avant la diminution du taux de chômage.
In fine
Rappelons que les principaux risques qui guetteront l'économie seront la hausse du service de la dette extérieure de 50% à partir de 2018, les difficultés pour drainer les investissements étrangers qui n'ont permis que la création de 97.00 postes d'emplois à fin 2013 pour un flux de 734 millions de dinars (MD). Le recours à l'endettement et au financement extérieur serait, de ce fait, inévitable malgré qu'un plan Marshall pour le pays semble peu probable du moins sur le court terme.
L'économie tunisienne nationale pourrait-elle remonter la pente?
Commentaires
Publier un nouveau commentaire