"La plus brillante et audacieuse défense d'Israël depuis que Moïse ait séparé les eaux de la Mer Rouge" -- The Irish Independent
Le remarquable discours ci-dessous a été présenté par Gabriel Latner, un étudiant de 19 ans, de Cambridge, à un récent colloque de la société de débats de cette prestigieuse université. UN Watch est fière d'annoncer que M. Latner viendra à l'Organisation des Nations-Unies en 2011 en tant que stagiaire de son organisation.
Le colloque de Cambridge est centré sur la motion qu '«Israël est un État factieux ». Il a été proposé par l'Anglaise Lauren Booth, une adversaire enragée d'Israël qui travaille pour Téhéran à la chaîne de télévision gérée par l'État iranien, et qui a récemment été convertie à l'islam lors d'une visite en Iran. Ses prises de position ont été rejointes par Mark McDonald, fondateur des Amis du Travail de la Palestine, et M. Latner.
Les Irlandais indépendants ont qualifié le discours de M. Latner de "la défense la plus brillante d'Israël depuis que Moïse sépara la mer Rouge."
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La « mauvaise réputation » d’Israël
Gabriel Latner
C'est une guerre des valeurs, et les autres orateurs ici ce soir sont, à juste titre, des idéalistes. Je ne suis pas un idéaliste. Je suis un réaliste, je suis ici pour vous convaincre et mon seul but ce soir est d’obtenir que certains d’entre vous ne soient plus des « béni oui oui. » de l’antiisraélisme primaire.
Je fais face à un défi singulier -, la plupart, sinon la totalité, d'entre vous, avez déjà arrêté votre position. Cette question est trop polarisante pour que la grande majorité d'entre vous puisse trouver une position commune. Je serais prêt à parier que la moitié d'entre vous appuie fortement la motion, et l’autre moitié s'y oppose fermement.
Je pourrais être tenté de faire ce que mes collègues orateurs vont faire -. Simplement ressasser toutes les mauvaises choses que le gouvernement israélien a toujours fait dans le but de satisfaire ceux qui sont d'accord avec ces intervenants. Et peut-être inspireront-ils un sentiment de culpabilité aux rares indécis pour les amener à voter pour la proposition, ou plus exactement, contre Israël.
Il est si facile de tordre la signification et l'importance du droit international pour faire qu'Israël ressemble à un Etat criminel. Mais cela est déjà usé jusqu’à la corde.
Il serait encore plus facile, pour jouer sur votre empathie, de raconter des histoires particulières de la souffrance palestinienne. Et ils peuvent faire des discours très éloquents sur ces questions.
Mais la vérité est que, maltraiter des personnes, qu'il s'agisse de vos citoyens ou de ceux d’une population occupée, ne fait pas d’un Etat, un Etat «voyou». Si c'était le cas, le Canada, les États-Unis et l'Australie devraient être traités d’Etats voyous si on s’en tient à la façon dont ils ont traité leurs populations autochtones. Et même encore de nos jours, pour la façon dont la Grande-Bretagne a traité l'Irlande. Leurs arguments, s’ils sont émotionnellement satisfaisants, manquent de rigueur intellectuelle.
Plus important encore, je ne pense pas que nous pouvons gagner avec ces arguments. Ils ne changeront pas le rapport de force. La moitié d'entre vous sera d'accord avec eux, la moitié d'entre vous ne le sera pas. Donc, je vais essayer quelque chose de différent, quelque chose d'un peu moins orthodoxe.
Je vais essayer de convaincre les sionistes purs et durs et les partisans d'Israël ici ce soir, de voter pour la proposition. À la fin de mon discours, j’aurai présenté cinq arguments en faveur d'Israël qui montrent qu'Israël est, si ce n'est pas un «Etat factieux», au moins un Etat atypique.
Permettez-moi d'être clair. Je ne ferais pas valoir qu’Israël est «mauvais », ni qu'il ne mérite pas d'exister. Je ne ferais pas valoir que son comportement est pire que tous les autres pays. Je vais seulement essayer de prouver qu’Israël est un état non orthodoxe.
Le mot «factieux» (rogue en anglais NdT) a pris des connotations péjoratives. Mais le mot lui-même a une consonance neutre. Le dictionnaire anglais Oxford le définit comme «atypique, anormal, singulier, qui se produit en un lieu ou un temps inattendu,". Un autre dictionnaire d’une institution presqu’aussi prestigieuse donne cette définition : «se comporter d'une manière inattendue ou anormale, souvent de manière destructrice."
Ces définitions, et d'autres, sont axées sur l'idée d'anomalie - l'inattendu ou inhabituel. Selon cette définition, un Etat qualifié ainsi est celui qui agit d'une manière inattendue, atypique ou singulière. Un Etat qui se comporte exactement comme Israël.
Le premier argument est d'ordre statistique. Le fait qu'Israël est un Etat juif, est déjà suffisant pour être qualifié d’atypique : Il y a 195 pays dans le monde. Certains sont chrétiens, certains musulmans, d’autres sont laïques. Israël est le seul pays au monde qui est juif. Ou, pour parler espérance mathématique pour un moment, la possibilité de tout Etat choisi au hasard, d’être juif est de 0,0051%. En comparaison, les chances d'un billet de loto gagnant du Royaume-Uni d’au moins 10 € est de 0,017% - plus de deux fois plus probable. La Judéité d'Israël est une aberration statistique.
Le second argument concerne l'humanitaire d'Israël, en particulier, la réponse d'Israël à une crise des réfugiés. Pas la crise des réfugiés palestiniens - car je suis sûr que les autres orateurs en parleront -. Mais la question des réfugiés du Darfour. Tout le monde sait que ce qui s'est passé et se passe encore au Darfour est un génocide, que l'ONU et la Ligue arabe l'appellent ainsi ou non (En fait, j'ai espéré que M. Massih serait en mesure d’en parler - il est, en quelque sorte, un expert sur la crise au Darfour, en fait même, c'est son expertise qui l’a appelé à représenter l'ancien dictateur du Soudan, alors que ce dernier est mis en accusation par le TPI).
Il y a eu un exode massif en provenance du Darfour parce que les populations opprimées recherchent la sécurité. Elles n'ont pas eu beaucoup de chance. Beaucoup de réfugiés sont allés au nord de l'Egypte - où ils sont traités de manière abominable. Les plus courageux ont continué à travers le désert du Sinaï dans l'espoir de se rendre en Israël. Non seulement ils doivent faire face aux menaces naturelles du Sinaï, mais ils sont également pris pour cible par les soldats égyptiens qui patrouillent le long de la frontière avec Israël. Pourquoi prennent-ils ces risques?
Parce qu'en Israël, ils sont traités avec compassion - ils sont traités comme les réfugiés qu'ils sont - et peut-être qu’il faut en blâmer la mémoire culturelle du génocide propre à Israël. Le gouvernement israélien est même allé jusqu'à accorder la citoyenneté israélienne à plusieurs centaines de réfugiés du Darfour. Rien que cela met l’état d’Israël à l'écart du reste du monde.
Mais ce qui rend le comportement d’Israël encore plus hétérodoxe est le fait suivant : L'armée israélienne envoie des soldats et des médecins afin de patrouiller le long de sa frontière avec l’Egypte. Ils sont envoyés à la recherche de réfugiés qui tentent de pénétrer en Israël. Non pour les renvoyer en Egypte, mais pour les sauver de la déshydratation, de l’épuisement par la chaleur, et des balles égyptiennes.
Comparez cela à la réaction des Etats-Unis face à l'immigration illégale à travers leur frontière avec le Mexique. Le gouvernement américain a fait arrêter des particuliers, parce qu’ils avaient donné de l'eau aux frontaliers qui mouraient de soif – alors qu’ici le gouvernement israélien envoie ses soldats pour sauver les immigrants illégaux. Appeler ce genre de comportement atypique est vraiment un euphémisme.
Mon troisième argument est que le gouvernement israélien se livre à une activité que le reste du monde évite - il négocie avec les terroristes. Je n’évoque pas seulement les dernières années du Président de l'OLP Yasser Arafat, un homme qui est mort avec les mains maculées de sang -. En ce moment même, Israël est en train de négocier avec les terroristes. Yasser Abed Rabbo est l'un des négociateurs principaux qui a été envoyé aux pourparlers de paix avec Israël. Mais Abed Rabbo est également un leader du FPLP - une organisation de «combattants de la liberté» qui, sous la direction de Abed Rabbo, s’est engagée dans des activités de promotion de la liberté en tuant 22 lycéens Israéliens.
Et le gouvernement israélien accepte d'envoyer des délégués pour siéger à une table avec cet homme, et parler de paix. Et le monde applaudit. On ne verrait jamais le gouvernement espagnol dans des pourparlers de paix avec les dirigeants de l'ETA - le gouvernement britannique ne négociera jamais avec Thomas Murphy. Et si le président Obama avait accepté de parler de paix à la même table qu’Oussama Ben Laden, le monde aurait considéré cela comme de la folie. Mais on demande à Israël de faire cela pour se gagner les louanges de la communauté internationale. C'est la définition même du dictionnaire : se comporter d'une manière qui est inattendue ou anormale.
Une autre partie de la définition du dictionnaire est un comportement ou une activité qui se produit en un lieu ou un temps inattendus. Lorsque vous comparez Israël à ses voisins régionaux, il devient clair à quel point Israël est un « enfant terrible ». Et voici le quatrième argument : Israël a un meilleur dossier des droits de l'homme que n'importe lequel de ses voisins. À aucun moment dans l'histoire, il n’y a eu un Etat démocratique et tolérant au Moyen-Orient -. A l’exception d’Israël. De tous les pays du Moyen-Orient, Israël est le seul où la communauté homosexuelle bénéficie d'une mesure d’égalité.
Au Koweït, Liban, Oman, au Qatar et en Syrie, les homosexuels sont passibles de flagellation, d’emprisonnement, ou des deux. Mais c’est un traitement plutôt clément par rapport à celui que subissent leurs homologues en Iran, en Arabie saoudite et au Yémen, où ils sont mis à mort. Les homosexuels israéliens peuvent adopter des enfants, servir dans l'armée, se pacser, et ils sont protégés par une législation anti discrimination exceptionnellement rigoureuse. Cette législation est meilleure que celle de l’Amérique où la peine de mort continue d’être pratiquée.
La protection des libertés de ses citoyens a valu à Israël une reconnaissance internationale. Freedom House est une ONG qui publie un rapport annuel sur la démocratie et les libertés civiles dans chacun des 195 pays dans le monde. Elle situe le pays comme «libre», «partiellement libre», ou «non libre». Au Moyen-Orient, Israël est le seul pays qui a décroché la mention de «libre». Pas étonnant compte tenu du niveau de la liberté accordée aux citoyens dans, mettons le Liban - un pays désigné comme «partiellement libre», où il y a des lois contre les journalistes qui pourraient critiquer, non seulement le gouvernement libanais, mais aussi le régime syrien. J'espère que Mme Booth prendra la parole sur ce sujet, compte tenu de son expérience de travail comme "journaliste" pour l'Iran.
L'Iran est un pays qui a reçu la note «pas libre», aux côtés de la Chine, du Zimbabwe, de la Corée du Nord, et du Myanmar. En Iran, comme Mme Booth je l'espère, voudra bien le dire dans son discours, il y a un tribunal d’exception pour la Presse qui poursuit les journalistes pour des délits aussi inqualifiables que de critiquer l'Ayatollah, rapporter des faits de nature à saper les «fondements de la République islamique, d’utiliser des sources d’information suspectes (par exemple occidentales) ou insulter l'islam. L'Iran est le leader mondial en termes de journalistes emprisonnés, avec 39 journalistes (à notre connaissance) en prison depuis 2009. Ils ont également mis à la porte presque tous les journalistes occidentaux au cours de l'élection de 2009. (Je ne sais pas si Mme Booth a été affectée par cela.)
Je suppose que nous ne pouvons pas vraiment nous attendre à plus d'une théocratie. C'est ce que sont la plupart des pays du Moyen-Orient : théocraties et autocraties. Mais Israël est le seul, l'unique exemple de démocratie, ce qui en fait une exception anormale. A la différence de tous les autres pays du Moyen-Orient, il n’y a qu’en Israël que des manifestations ou des articles de presse contre le Gouvernement ne sont ni réprimées ni censurés..
J'ai un dernier argument - le dernier clou dans le cercueil des opposants à la motion - et il est assis juste en face. La présence de M. Ran Gidor est ici la preuve pour nous tous que nous avons bien raison de considérer Israël comme pas très catholique. Pour ceux d'entre vous qui n'ont jamais entendu parler de lui, M. Gidor est un conseiller politique attaché à l'ambassade d'Israël à Londres. C’est le gars que le gouvernement israélien envoie pour le représenter à l'ONU. Il sait ce qu'il fait. Et il est ici ce soir. Et c'est incroyable.
Considérons, un instant, ce que sa présence signifie ici. Le gouvernement israélien a accepté de permettre à l'un de ses hauts représentants diplomatiques de participer à un débat sur la légitimité de l’Etat d’Israël. C'est remarquable.
Pouvez-vous penser, juste une minute, qu’un autre pays ferait la même chose? Si la « Debating Society » de l'Université de Yale avait décidé d’avoir un débat sur le thème "Notre société est d'avis que la Grande-Bretagne est un état raciste et totalitaire qui a causé un tort irrémédiable à tous les peuples du monde" , est-ce que la Grande-Bretagne permettrait à un de ses agents d’y participer? Non.
Est-ce que la Chine participerait à un débat sur le statut de Taiwan? Jamais.
Et il n'y a peu de chance qu’un représentant du gouvernement américain ne soit jamais autorisé à prendre part à un débat concernant son traitement des prisonniers à Guantanamo Bay.
Mais Israël a envoyé à M. Ran Gidor pour débattre ce soir contre un "journaliste"- en fait une star de la télé-réalité et moi-même, un étudiant en droit de 19 ans, qui est tout à fait incompétent pour parler de la question à l’ordre du jour.
Tous les gouvernements dans le monde devraient en ce moment se moquer de l’Etat d'Israël - parce qu'il a oublié la règle n ° 1. Vous ne devez jamais apporter de la crédibilité à des idéologues farfelus en discutant avec eux. C'est pour la même raison que vous ne verrez jamais Stephen Hawking ou Richard Dawkins débattre avec David Icke. Mais c’est ce que précisément fait Israël. Encore une fois, c’est se comporter d'une manière singulière, inattendue ou anormale. Se comporter comme un État hétérodoxe…
Cela fait cinq arguments que j’adresse aux partisans d'Israël. Mais j'ai encore une ou deux minutes de parole. Alors voici un argument pour tout le monde – Israël, volontairement, bafoue le droit international. En 1981, Israël a détruit Osirak -. Le Laboratoire de Sadam Hussein pour l’obtention de la bombe nucléaire. Tous les gouvernements dans le monde savaient que Saddam Hussein était en train de fabriquer sa bombe atomique. Et ils n'ont rien fait.. A l’exception d’Israël qui ce faisant, a porté atteinte au droit international et aux usages diplomatiques. Mais qui nous a aussi tous sauvés du nucléaire irakien.
Cette action isolée devrait apporter de la considération à Israël aux yeux de tous les peuples épris de liberté. Mais ce ne fut pas le cas. Et ce soir, pendant que vous écoutez nos discussions, il me faut vous rappeler quelque chose : A cet instant même, l'Iran de Khomeiny travaille à la bombe. Et si vous avez un tant soit peu d’honnêteté intellectuelle, vous savez qu’Israël est le seul pays qui a le vouloir et le pouvoir d’y faire quelque chose. Israël, par nécessité, agit d'une manière qui est en dehors des normes, et on peut espérer qu'il le fasse d'une manière destructrice. Toute personne saine d'esprit préférera un Etat d’Israël factieux que l'Iran nucléaire. Sauf Mme Booth.
L'auteur, un étudiant de Cambridge droit de l'Université, sera un stagiaire 2011 à UN Watch.
L’auteur utilise dans son texte un jeu de mot intraduisible. Le mot « rogue » en anglais qu’on traduit habituellement par voyou, est le dérivé péjoratif d’un signifiant qui veut dire : anormal ou atypique. On pourrait le traduire par « louche » ou « pas orthodoxe » ou « pas catholique ». Dans la traduction, s’agissant d’un état (qui plus est est juif donc non orthodoxe ou catholique), j’ai utilisé le terme factieux qui exprime l’idée de séparation et de comportement hétérodoxe.
La chanson de Georges Brassens « la mauvaise réputation » exprime bien cette idée : « les braves gens n’aiment pas que - l’on suive une autre route qu’eux ». D’où la référence à cette chanson utilisée comme titre de l’article.
[ii] David Icke, né le 29 avril 1952 à Leicester, est un ancien joueur de footballprofessionnel, journaliste sportif à la BBC et ancien membre du parti vert britannique. Il est depuis 1990, selon ses propres dires, un « enquêteur à plein temps sur qui contrôle vraiment le monde ». Il développe une théorie du complot selon laquelle des reptiles humanoïdes dominent secrètement le monde. (Wikipédia)
Commentaires
Shalom, Shalom
Juste préciser que cette traduction a été faite par Michel Koning pour UN WATCH et les sites
Aschkel.info et lessakele
http://www.aschkel.info/article-la-mauvaise-reputation-d-israel-gabriel-latner-unwatch-61611575.html
Toda
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