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La Ghriba: Pour René Trabelsi, “Qaradhaoui en Tunisie est une arme de destruction!“

 

La Ghriba: Pour René Trabelsi, “Qaradhaoui en Tunisie est une arme de destruction!“

Par Amel Djait

 

Le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, s’est rendu à Djerba pour la commémoration du 10ème anniversaire de l’attentat survenu devant la synagogue de la Ghriba le 11 avril 2002. Un geste qui voulait signer un vrai engagement envers la communauté juive tunisienne et rétablir l’histoire de cet attentat qui a coûté la vie à des dizaines de personnes. Sauf qu’à force de se démener sans mesure, notamment en ouvrant une cage dans laquelle se trouvait un canari dans une prison, Moncef Marzouki discrédite lui-même ses initiatives mêmes les plus louables!

 

Ce ressenti est partagé par certains symboles de Djerba bien que la majorité des habitants de l’île aient apprécié la visite. Le geste arrive trop tard, dira un juif commerçant de bijoux mondialement réputé: «Il arrive trop tard…On a laissé faire, laisser s’exprimer la haine d’une minorité contre une autre minorité. Moi, je n’ai aucun problème chez nous, mais ça fait mal de se faire insulter dans son propre pays. Convaincre les juifs d’Europe à venir massivement pour la Ghriba et en dehors pour des vacances au vu de la situation est une autre affaire…», conclura-t-il, non sans peine.

A l’occasion du Congrès de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) qui s’est tenu à Djerba du 16 au 18 avril, c’était au tour de Hamadi Jebali et du ministre du Tourisme, Elyès Fakhfakh, de confirmer que la Ghriba se tiendra cette année dans les conditions les meilleurs.

D’ores et déjà, on annonce la présence de 500 à 1.500 pèlerins. René Trabelsi, opérateur touristique influent et fils du président de la communauté juive de Djerba, déclarait: «Ce pèlerinage va avoir un impact très important sur le tourisme et sa réussite va attirer des milliers de juifs à l'avenir».

 

Déclarant «avoir confiance en les mesures de sécurité et la tolérance de la population tunisienne», René Trabelsi a tout de même exprimé son étonnement quant à l’arrivée attendue le 3 mai de Qaradhaoui en Tunisie: «Sa présence sur le sol tunisien est une arme de destruction. Cette personne est interdite dans plusieurs pays et s'il lance des propos antisémites, je vous garantis que c’est bye bye la Ghriba!»

Sauf que ce n’est pas seulement compromettre la Ghriba mais aussi mettre en danger une fois encore le tourisme tunisien. La situation économique et sécuritaire du pays ne peut supporter un autre séisme à l’instar de celui provoqué par Wajdi Ghoneim. L’image de la destination (la Tunisie) s’est véritablement érodée après les événements du 9 avril et les images qui ont circulé dans les médias du monde entier ne sont pas sans impact sur la destination qui s’apprête à vivre sa haute saison.

Comment permettre à un tel hôte de se trouver sur le sol tunisien à quelques jours de la Ghriba? Le ministre du Tourisme répondra dans sa conférence de presse: «La Tunisie est un pays libre et démocratique. Quaradhaoui est un intellectuel et il n’y a aucune raison de ne pas le recevoir».

Il est clair qu’au vu des rapports du membre de la confrérie des Frères musulmans déchu de sa nationalité égyptienne et possédant actuellement la nationalité qatarie avec Rached Ghannouchi, l’événement sera de taille. Reste que c’est à l’Etat tunisien d’assurer la sécurité des Tunisiens, d’empêcher les débordements dont notamment les propos haineux puisque répressibles par la loi. C’est son rôle de veiller à ce que la présence du cheikh -très probablement reçu en grandes pompes et sera entouré de nombreux sympathisants- ne trouble pas l’ordre public. Mais quand on voit comment le gouvernement gère le sit-in devant l’établissement de l’ERTT, on est en droit de se demander si nous n’allons pas au devant d’une catastrophe annoncée.

Au vu de la situation, il est inutile de se contenter de condamner des actes isolés lorsqu’ils sont consommés... Il faut de l’action efficace et rapide et de l’anticipation pour arrêter l’hémorragie. Ces incidents répétés, isolés ou orchestrés, isolent le pays font peur et fuir. Pourrait-on espérer plus si l’on voulait dissuader les touristes de venir en Tunisie? Certainement pas.

Alors, soyons réalistes. Au lieu de parler d’un tourisme qui risque vraiment de ne pas repartir, traitons le problème de cet obscurantisme dans lequel on veut envelopper la Tunisie ouverte et tolérante à sa source. Les images de ce qui se passe dans notre pays choquent une bonne partie des Tunisiens. Alors que dire des étrangers et des tours opérateurs!

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