La maladie de langueur de l'occident, par Shmuel Trigano
Ces dernières semaines, un même phénomène s'est produit et reproduit dans des pays et des contextes différents, mais partout en rapport avec le signe musulman - la symbolique de l'islam, des banlieues, etc.
Je fais référence à la décapitation de Londres et à celle, avortée, de Paris, aux émeutes parisiennes à l'occasion de la victoire du PSG. Dans ces trois cas, cela a pris quelques jours aux autorités publiques autant qu'aux médias pour décrire – et encore avec peine – l'origine des actes, alors que la chose semblait évidente dès le départ.
Par contre, elles ont été promptes à identifier et dénoncer une fausse origine : extrême droite ou "ultras" des clubs de sport, ce qui est tout comme.
Ce n'est qu'au bout de quelques jours, quand l'évidence ne pouvait plus être cachée, que, du bout des lèvres, elles reconnurent la réalité, assortie cependant de la ritournelle de la mise en garde contre "l'amalgame" et l'islamophobie.
De ce point de vue, une mention spéciale revient à David Cameron, qui, dans sa déclaration officielle, a rendu compte du meurtre en arguant qu'il était "une trahison de l'islam", ce qui certes est une façon de le désigner indirectement comme coupable, mais qui reste très étrange dans la bouche d'un non musulman.
On obtient ainsi un modèle de comportement dans lequel s'articulent la censure immédiate de l'origine des faits, l'accusation foudroyante de l'extrême droite, la reconnaissance décalée des faits, puis la mise en garde contre l'islamophobie.
Ces deux derniers éléments s'annulent, en réalité, car l'argument de l'islamophobie finit généralement par l'emporter, tant par la plainte des musulmans que par l'argument des journalistes, comme si ils ne pouvaient évoquer le signe musulman sans cette "compensation" symbolique qui l'indexe à la condition, aujourd'hui gratifiante, de victime.
Ainsi, suite à la tentative d'attentat de Paris, le CFCM ne trouve qu'à demander de "dissocier la religion musulmane de la violence commise en son nom en évitant l'usage abusif des termes “islamiste“ et “islamisme“.
Ce développement trouve une confirmation dans l'éventuelle réaction à l'événement, soit qu'elle vienne véritablement de l'extrême droite soit parce que les médias lui attribuent de façon abusive la responsabilité de la réaction publique éventuelle.
Une deuxième détente du syndrome se produit alors qu'on pourrait définir comme un contrecoup. Tabouisation du signe islamique et agitation abusive de tout autre signe identitaire (juif, catholique, droite) font système et donnent à penser que cette dernière fonctionne comme un exutoire au refoulement de la réalité.
Ce syndrome n'est bien sûr pas sans effets dans la lutte contre l'antisémitisme, enfouie dans la terminologie des "tensions inter-communautaires" ou de l'"antisionisme".
Le "signe juif" se retrouve coincé entre l'alerte à l'islamophobie et l'accusation de l'extrême droite.
Il y a ici une énigme dont on n'a pas encore sondé la portée.
On y trouve des explications faciles: le poids électoral de l'électorat musulman, le poids économique du Qatar, la pression de l'Organisation de la conférence islamique militant pour l'interdiction du blasphème en Occident, autant de faits qui mettraient les politiques sous influence.
Il reste cependant quelque chose de profondément mystérieux dans ce comportement, comme si les acteurs étaient hypnotisés, tétanisés, voués à subir sans mettre de mots sur la réalité.
On ne comprend pas en effet que l'autorité publique travestisse spontanément les faits.
S'il est bien évident que tous les musulmans ne favorisent pas le comportement des islamistes, c'est un constat que l'immense majorité des actes de terrorisme sur la planète émane de milieux qui trouvent dans l'islam leur justification.
Le fait que des convertis occidentaux, n'ayant donc aucune attache ethnique avec le monde arabe et ses passions, passent de la conversion au terrorisme doit lancer une sérieuse alerte aux musulmans.
Un immense malaise en découle qui pèse sur la majeure partie des Occidentaux, que le comportement de leurs dirigeants plonge dans des abimes de perplexité, mais aussi sur les musulmans qui veulent se dissocier de cette pente dangereuse de l'islam.
Les États vouent à la solitude les rares leaders musulmans qui combattent cet état de faits comme l'imam Chalghoumi qui a eu le courage de verbaliser ce vécu et de mettre en demeure les islamistes. C'était le rôle de l'État et pas seulement au Mali.
Sinon l'amalgame va devenir dur comme un roc.
Post scriptum : la réaction massive, très bien orchestrée sur le plan médiatico-politique, à la mort du jeune militant d'extrême gauche souligne, si besoin était, la thèse situant la menace principale à l'extrême droite.
Sans nécessairement se prononcer à ce sujet, on ne peut que remarquer l'inégalité de traitement d'une autre menace plus immédiate, celle de l'islamisme, ou des actes qui s'abreuvent au sentiment dit d'«humiliation" du monde arabe - il vaudrait, en fait, mieux dire de ressentiment envers le monde occidental (et peut être pas seulement).
Sur le plan de la lutte contre l'antisémitisme, nous avons là encore un élément attestant que ce n'est pas demain la veille que la société française l'affrontera pour ce qu'il est.
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