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LA PLAGE DE KHERREDINE…NOTRE VOISINE…LA PETITE PERLE, par Albert Simeoni

 

LA PLAGE DE KHERREDINE…NOTRE VOISINE…LA PETITE PERLE.

 

Il y avait deux voies pour y accéder.

Soit par la route en traversant le pont nord soit en la contournant en traversant le canal à la nage. Ce qui était interdit à cause des forts remous. Personnellement j’y allais souvent pieds nus, en short, bravant le macadam brûlant rendu caramel par les dards du soleil, piétinant aussi ces petits graviers épars du chemin pour enfin accéder à ce petit carré magique de plage où s’entassaient mille corps allongés de tous gabarits.

 

Pour se frayer un chemin jusqu’à l’eau, il fallait user de patience, enjambant les corps des allongés qui grognaient lorsque, par nos pas nous, soulevions qqs grains de sable qui venaient se coller à leurs visages.

Parfois, nous slalomions entre ces mêmes adeptes du bronzage à outrance, ce qui rendait le trajet un peu plus long.

La plage se composait de trois parties. Une partie centrale d’une surface approximative de 250 M2, toujours envahie et prisée par les kherredinois. On pouvait compter une dizaine de personnes au M2, puis un long corridor très étroit fait d’une haute marche en béton armé souvent assez glissante, à gauche du mur, cette enclave n’était pas très appréciée par les plagistes en mal d’ambiance. La troisième partie était beaucoup plus large sur le flanc latéral droit en rentrant par l’issue centrale. Souvent boudé par les jeunes mais choisie par les familles qui y trouvaient là l’espace requis et le calme, bien loin des turpitudes de la plage centrale. Sur ce flanc là se trouvaient les petites cabines/studios, loués pour la saison estivale, mais couvent occupés par les mêmes fut conquises par des couples esseulés, pour la plupart assez âgés.

Lorsque nous nous déplacions en bande, la tradition voulait que nous piquions des plongeons, sous l’œil amusés de braconniers pêcheurs, du haut des bâtis de soutènement du pont ultime passage avant d’accéder à la petite reine, notre voisine.

Mais avons cela, il fallait surtout s’assurer de l’absence des gardes pêches car il était formellement interdit de se lancer du haut de ces plongeoirs. Mais l’interdiction ne valait pas pour tous. Parfois, nous avions les ‘gendarmes en moto’ à nous trousses.

Notre voisine, coté Nord, Kherredine était bien connue des tunisois.

Y habitaient les familles tunisoises huppées, les riches tunisois qui se prélassaient dans leur véranda durant les après de sieste. Sous les bougainvilliers qui étendaient leur feuillage jusque sous les trottoirs.

Certains étaient propriétaires de leur villa et ils ne manquaient l’occasion de se prélasser certains week- end pour couper un tas de cartes de rami poker entre amis ordonnés, bien loin de ‘l’hiver’ Tunisois. Leur Deauville avant la lettre.

Ils étaient durant ces moments de pause, après le bain, adeptes des jeux de cartes en tout genre.

Ca jouait gros parfois sur les vérandas. Mais comme on le dit, ils ont tous quittés leur petite perle presque à jeux pour venir se refaire à Paris. En francs.

Kherredine plage c’était la buvette HAMADI. Un monsieur qui louait sa bicoque durant la période estivale. Hamadi de son vrai prénom était un homme assez fluet, presque malingre, toujours en short long strié de bandes horizontale rose pâle et blanc.

Sa femme et ses enfants servaient au comptoir toutes sortes de sodas et de petits sandwichs, fricassés aussi aux ventres creux.

Il faisait souvent crédit et le crédit chez nous, c’est tout une histoire. Pour rentrer dans son fric, notre bonhomme mettait la main à la patte et les pieds dans l’eau rappelant à ses débiteurs leur ardoise. Toute une comptabilité tenue dans sa grande mémoire, parfois las des chicaneries, il abandonnait ces dettes ‘énormes’ ne dépassant pas les 200 millimes ( 0, 20 €), promettant de porter plainte auprès du père du jeune récalcitrant, jurant que l’on ne l’y reprendra plus mais hélas le prétendu mauvaise foi revenait se servir.

 

Sur la plage, notre OUI Oui nationale, alias la PERCHE, l’honorable homme du crédit avant SOFINCO à tous vents était plus méfiant, il ne lâchait ces précieux petits paquets de ‘gloub’, d’amande douces ou de cacahuètes qu’à ceux qu’ils connaissaient bien. Il passait souvent le soir au café vert recouvrer ses crédits ou faisait du porte à porte pour récupérer son dû. Un certain Fantomas sentant la bonne affaire n’a pas trouvé mieux que d’installer sa bicoque pas loin de celle de HAMADI. Une demi tonneau, couvert d’un sac de jute, rempli de glace dans lequel dormaient ses fraicheurs.

 

On se rappellera surtout de ANNIE YACONO une jeune femme qui a marqué certains esprits mâles, elle était une très jolie femme. Et de tants d’autres nymphettes qui, le soir venu, étalaient leur charme bien bronzées du coté de la boite à danser de SIDI BOU, L’Olivier Rouge. Le lieu culte de tous les banlieusards. Soirées divines marquées par les verres de whiskies qui coulaient à flots. Où les bouteilles de gin et autres alcools étaient aussi marquées par le sceau de la reconnaissance par notre SAAD, le serveur mythique de night club tenu par Jackie Messina. Avec au comptoir la chanteuse JACQUELINE TAIEB et le bien drôle GAZ NIGHT le nocturne. Sans oublier les Boublil, les Paulo et la bande de noctambules présente tous les soirs de l’année.

 

Mais ce qui nous importait dans tout cela, c’était les grandes parties de volley-ball entre amis goulettois et kherrédinois, ces fins de parties sans vainqueur où tout un chacun allait, par la suite, piquer un énorme plongeon d’entre les vagues aux crinières blanches. Un festival de jeu, une attraction ces parties épiques avec le AMANOU, le YOUNES,LE TAIEB alias Bleck le ROC, le SYDNEY LELLOUCHE, les frères SIMEONI, le PIERRE BOC, les COHEN, AZZEDINE, CARLO MADAR z’al etc…

 

Certains après midi, des matchs de volley se jouaient dans le jardin de Mimiche.

Le mur de Kherredine usé par les dos de tous ces jeunes avait tendance à s’effriter à la longue.

(Lire le Mur de KHERREDINE PAR PIERRE BOC.)

Henri Tibi, chanteur bien connu, champion de ping-pong, usait de son appareil photo pour immortaliser tout un chacun. Il avait comme intendant un certain Charlie, en costume blanc et son nœud papillon rouge qui le faisait ressembler à RIBIBI, sous 40 ° à l’ombre tenant sa mallette comme son enfant. Il suait la splendeur par son embonpoint. Dans sa valise se trouvaient les cassettes du grand chanteur commercialisées sous le manteau. Pour boucler ses fins de mois notre Tibi venait écouler ces photos prises souvent à l’insu du héro ou de l’héroïne du jour du coté du café Vert

Photo prise par Henri Tibi sur la plage de Kherrédine coté plage étriqué. 1970.

 

 

 

Ton p’tit coin de paradis
Roger toi l’ami aux Antilles
Nous l’avons si bien partagé
Qu’aujourd’hui il est relique.
Avec ta barbe de métèque
Et tes cheveux hirsutes mazette
Tu batifolais comme tout le monde
A la recherche d’une nana d’un soir
D’une ‘criquionne’* aux regards baissés.(Jeune fille)
Y’avait aussi notre l’ASPECT et son ami Dany
Deux beaux coquins à l’allure juvénile.
De temps en temps, ils baladaient
Leurs mains, histoire de les nourrie
Sur les fesses des belles filles.
Que reste t’il de tout cela… ?
Roger toi l’ami aux Antilles
Que des souvenirs de plage et de ciel bleu.
Qui pourrissent dans nos calebasses
Agées et qui s’épuisent.
Comme des fruits mures
Qui laissent des pépins amers dans nos palais

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