Le butin de Leïla Trabelsi : 1 000 paires de chaussures de luxe
Si l’on vous dit que la griserie de la tyrannie n’avait d’égale que la folie des grandeurs, enivrant deux êtres qui exultaient dans l’accaparement du pouvoir, des biens, des terres, et l’aliénation de leur peuple, vous pensez à qui ? A Zine Al Abidine Ben Ali et Leïla Trabelsi, bien sûr ! Un couple qui faisait la paire, deux despotes dans l’âme qui ont fait main basse sur la Tunisie, unis dans une véritable association de malfaiteurs.
Bien que ne se faisant plus guère d’illusions sur un règne qui a mis au pouvoir la corruption, les Tunisiens ont appris vendredi ce que recelaient les caves du palais présidentiel, réalisant, si ce n’était déjà fait, l’ampleur d’une mégalomanie furieuse et d’une vénalité inassouvie. Véritable butin de guerre, pas moins d’un millier de chaussures de luxe et 1.500 pièces de bijoux, qui appartenaient à la "reine noire" de Carthage, mais aussi des stocks d’équipements sanitaires, ont été découverts dans les sous-sols de la forteresse dorée, selon un rapport publié à Tunis.
"J’ai honte. Il y a de quoi avoir honte pour la communauté nationale", a confié Néji Baccouche, un juriste qui présentait à la presse le rapport de la Commission d’investigation nationale sur la corruption et la malversation de l’ancien régime. Au-delà des travers de Leïla Trabelsi, le dossier met en lumière l’étendue de la corruption organisée qui a gangrené tout un système, et perverti institutions, ministères, banques, services de douanes, médias, avocats…, les incorruptibles en col blanc n’étant pas légion.
Abus à grande échelle, expropriations, chantages, délits d’initiés et pratiques mafieuses, la Tunisie sous Ben Ali était une vaste entreprise criminelle qui prospérait sur le dos du peuple, en impliquant les forces vives de la nation. Ainsi, les 345 pages du rapport dévoilent l’identité de ceux qui se sont laissé étourdir par ce tourbillon délétère, et qui en ont croqué.
Parmi eux, figure le nom de Hechmi Haamdi, un riche homme d’affaires londonien, dont la liste "Pétition populaire" a raflé 26 sièges dans l’Assemblée constituante issue de l’élection du 23 octobre. La commission a remis son rapport au président par intérim Foued Mebazaa, qui avait ordonné la confiscation des biens de la famille élargie des deux fugitifs Ben Ali et Leïla Trabelsi, et exigé que « tous ceux qui ont porté atteinte à la nation et pillé ses richesses" rendent des comptes.
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