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Le pacte d’Omar et la vie des minorités juives et chrétiennes en terre d’islam

Le pacte d’Omar et la vie des minorités juives et chrétiennes en terre d’islam.

 

MICHELLE KA

 

 

Après s’être rendu maître de Médine, Mahomet se prépare à conquérir La Mecque où il va livrer bataille aux juifs de cette ville. Finalement, il signe avec eux un arrangement négocié leur permettant de garder leur religion et leurs biens en échange de la remise de la moitié de leurs récoltes et leur garantit la vie sauve ainsi que la protection ou dhimma, concrétisée par le pacte d’Umar. Au terme de ce pacte, ils se voient accordés un certain statut en contrepartie duquel ils doivent reconnaître la primauté de l’islam et la suprématie des musulmans. La dhimma devient la clé de voûte du nouveau statut des juifs : tolérés mais désarmés, comme les chrétiens, ils appartiennent à la catégorie des « gens du livre » qu’il est interdit de convertir de force à l’islam

Le texte du Pacte d'Umar d'après Turtushi (m. 1126), le plus ancien auteur ayant rapporté cette convention.

Le caliphe Omar Al Kattab (634-644) ou Omar Al Aziz (717-720), légifère le premier sur le statut de Dhimmi, d’infériorité juridique qui était celle des non-musulmans vivant en Dar Al Islam, la terre de l’Islam.

Le texte se présente sous la forme d’une lettre de capitulation remise par les chrétiens de Syrie au Caliphe. La formulation de la lettre dont l’auteur est Arabe.

« Au Nom d’Allah, le Bienfaiteur miséricordieux!

Ceci est une lettre adressée par les Chrétiens de telle ville, au serviteur d'Allāh, 'Umar b. Khattāb, commandeur des Croyants. Quand vous êtes venus dans ce pays, nous vous avons demandé la sauvegarde pour nous, notre progéniture, nos biens et nos coreligionnaires. Et nous avons pris par devers vous l'engagement suivant:

-- Nous ne construirons plus dans nos villes et dans leurs environs, ni couvents, ni églises, ni cellules de moines, ni ermitages. Nous ne réparerons point, ni de jour ni de nuit, ceux de ces édifices qui tomberaient en ruine, ou qui seraient situés dans les quartiers musulmans.

- Nous tiendrons nos portes grandes ouvertes aux passants et aux voyageurs. Nous donnerons l'hospitalité à tous les Musulmans qui passeront chez nous et les hébergerons durant trois jours.

- Nous ne donnerons asile, ni dans nos églises ni dans nos demeures, à aucun espion.

- Nous ne cacherons rien aux Musulmans qui soit de nature à leur nuire.

- Nous n'enseignerons pas le Coran à nos enfants.

- Nous ne manifesterons pas publiquement notre culte et ne le prêcherons pas. Nous n'empêcherons aucun de nos parents d'embrasser l'Islam, si telle est sa volonté.

- Nous serons pleins de respect envers les Musulmans. Nous nous lèverons de nos sièges lorsqu'ils voudront s'asseoir.

- Nous ne chercherons point à leur ressembler, sous le rapport des vêtements, par la calotte, le turban ou les chaussures, ou par la manière de peigner nos cheveux.

- Nous ne ferons point usage de leur parler; nous ne prendrons pas leurs noms.

- Nous ne monterons point sur des selles.

- Nous ne ceindrons pas l'épée. Nous ne détiendrons aucune espèce d'arme et n'en porterons point sur nous.

- Nous ne ferons point graver nos cachets en caractères arabes.

- Nous ne vendrons point de boissons fermentées.

- Nous nous tondrons le devant de la tête.

- Nous nous habillerons toujours de la même manière, en quelque endroit que nous soyons; nous nous serrerons la taille avec une ceinture spéciale.

- Nous ne ferons point paraître nos croix et nos livres sur les chemins fréquentés par les Musulmans et dans leurs marchés.

- Nous ne sonnerons la cloche dans nos églises que très doucement. Nous n'y élèverons pas la voix en présence des Musulmans. Nous ne ferons pas les processions publiques du dimanche des Rameaux et de Pâques. Nous n'élèverons pas la voix en accompagnant nos morts. Nous ne prierons pas à voix haute sur les chemins fréquentés par les Musulmans et dans leurs marchés. Nous n'enterrerons point nos morts dans le voisinage des Musulmans.

- Nous n'emploierons pas les esclaves qui sont échus en partage aux Musulmans.

- Nous n'aurons point de vue sur les maisons des Musulmans.

- Telles sont les conditions auxquelles nous avons souscrit, nous et nos coreligionnaires, et en échange desquelles nous recevons la sauvegarde.

- S'il nous arrivait de contrevenir à quelques uns de ces engagements dont nos personnes demeurent garantes, nous n'aurions plus droit à la dhimma et nous serions passibles des peines réservées aux rebelles et aux séditieux. »

Umar répondit : "Signez mais ajoutez deux clauses. Ils ne pourront acheter quiconque fait prisonnier par les musulmans, et quiconque attaquera délibérément un musulman abandonne la protection accordée par ce pacte. »

 

Un peu de lecture pour en savoir plus :

- Les origines exactes de la dhimma restent mal connues. La tradition attribue la paternité des restrictions imposées au calife Umar I (634-644).

- Bernard Lewis, Juifs en terre d’Islam, Champs/Flammarion, Paris 2002.

- Michel Abitbol, Le passé d’une discorde, Juifs et Arabes depuis le VIIe siècle, Perrin, Paris 2003

- Lire au sujet de la notion de tolérance dans l’islam les pages 25 à 33 de Bernard Lewis, Juifs en terre d’Islam.

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