Les conditions préalables aux pourparlers : l’impasse
Pour négocier la création d’un État palestinien, Mahmoud Abbas veut que, d’abord, les Israéliens gèlent tout projet de construction sur le sol des territoires disputés, qu’ils acceptent leur retrait sur les lignes de juin 1967 et qu’ils libèrent les prisonniers palestiniens les plus anciens de toutes les prisons.
Netanyahu veut une négociation sans conditions préalables au cours de laquelle il consentirait à des retraits et des échanges si les Palestiniens reconnaissent l’Etat Juif et acceptent de n’avoir qu’un État démilitarisé où l’Armée israélienne assurerait la sécurité. Quant aux blocs de peuplement, ils sont là pour rester et la construction s’y poursuivrait et des contreparties territoriales mises en place.
Abbas veut prendre le risque de négocier avec » L’ entité sioniste « que s’il s’agit de recevoir la capitulation israélienne. Netanyahu et ses ministres, sa coalition et le peuple d’ Israël, se méfient des retraits sans contrepartie, des gestes de grands seigneurs sans rien recevoir et ils annoncent la couleur de ce qu’ils veulent sauvegarder.
TOURNER EN ROND
L’avantage de Netanyahu, c’est qu’il peut s’asseoir à une table de négociations en disant qu’il n’y a pas de conditions préalables tout en faisant savoir ce qu’il veut obtenir. L’inconvénient avec Mahmoud Abbas c’est qu’il lui faut obtenir le résultat exigé avant d’aller aux pourparlers. Alors, on peut tourner en rond ou alors il peut se passer des événements non prévus, les données du problème peuvent changer et l’échiquier être renversé.
Il y a les donneurs de conseils, les va-t-en-guerre, les boutefeu, les acharnés de la paix à tout prix, les méfiants et les terrifiés, les colombes aux yeux crevés …Mais il y a une large majorité pour une solution à deux États. Les palestiniens sortiraient alors du déni où ils se sont enfermés depuis 65 ans et accepteraient un État sans armée, un proto État pacifique, raisonnable, qui ne s’occuperait que du bien être de son peuple ? Historiquement, il y a eu de grands exemples, notamment après la Première Guerre Mondiale et également après la Seconde.
UN ÉTAT DÉMILITARISÉ
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré lundi que les » conditions » palestiniennes de reprise des pourparlers de paix avec Israël rendaient impossible tout retour à la table de négociations.
Pour les palestiniens, décider a leur place s’ils ont besoin d’une armée ou s’ils doivent s’en remettre à Tsahal, est une condition préalable inacceptable.
» Pour moi, l’établissement de conditions préalables est un obstacle insurmontable « , a déclaré M. Netanyahu qui appelle à des négociations immédiates sans » conditions préalables « , en allusion à ces revendications qu’il récuse. Il prône un » accord basé sur un État palestinien démilitarisé qui reconnaît l’Etat juif et des mesures de sécurité fermes, assurées par l’armée israélienne « .
» LA CONSTRUCTION VA CONTINUER «
Benjamin Netanyahu a affirmé que » la construction dans les colonies de Judée-Samarie a lieu aujourd’hui et va continuer » — » mais il faut être intelligent et pas seulement avoir raison « , a-t-il ajouté en plaidant en faveur du développement des grands blocs de colonisation qu’Israël compte conserver en cas d’accord avec les Palestiniens.
» La construction dans les blocs n’affectera pas significativement la possibilité de parvenir à un accord « , a-t-il répété.
» Il est clair que le gouvernement israélien dirigé par Netanyahu fuit des négociations et une paix véritables en posant des conditions préalables à tout accord de paix, notamment le maintien de l’armée d’occupation israélienne sur le territoire de l’État palestinien occupé depuis 1967 « , a déclaré Nabil Abou Roudeina, conseiller de Mahmoud Abbas. » Netanyahu sait pertinemment qu’il n’y a pas de conditions palestiniennes. Il faut qu’Israël respecte les engagements signés par les gouvernements israéliens précédents « , a renchéri le négociateur palestinien Saëb Erakat. Selon lui, » il est très clair que les paroles de Netanyahu et de son gouvernement révèlent qu’ils se préparent à faire porter la faute au président Mahmoud Abbas » .
Pour les palestiniens, toute offre faite par les israéliens reste acquise même si elle n’a jamais été acceptée et il leur est loisible de l’utiliser. Quant à leurs promesses, elles s’évanouissent avec leurs sincérités successives.
LE TEMPS PRESSE
Devant la prévisible impasse, le secrétaire d’État américain John Kerry a dû reporter une nouvelle navette prévue cette semaine . Le département d’État américain n’avait jamais annoncé cette visite au Proche-Orient, se contentant de répéter que le secrétaire d’État retournerait dans la région.
John Kerry a averti au début du mois Israël qu’il serait bientôt trop tard pour faire la paix avec les Palestiniens. » Le temps presse. Les occasions se font rares « , a-t-il plaidé, en réaffirmant que « la solution à un État n’existe tout simplement pas pour aucune des deux parties » israélienne et palestinienne.
Par André Mamou avec AFP
Tribune Juive
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