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Les USA pourraient proposer en janvier leur propre plan de paix

Les USA pourraient proposer en janvier leur propre plan de paix (info # 010611/13) [Analyse]

Par Sami El Soudi ©Metula News Agency

 

Depuis juillet dernier et jusqu’à hier mardi, les négociateurs palestiniens et israéliens se sont rencontrés seize fois. Lors de cette première phase de négociations, ils ont présenté le point de vue d’ouverture de leurs gouvernements respectifs au regard d’une résolution définitive du différend qui les oppose.

 

L’écart entre les positions des deux délégations est considérable, et il semble bien qu’il ne sera pas raccourci durant la seconde étape des discussions qui va s’ouvrir prochainement ; trois mois jusqu’en janvier, durant lesquels Palestiniens et Israéliens sont censés plancher à la recherche de compromis sur ce qui les sépare.

 

On s’attend, au contraire, à ce qu’ils s’accrochent à leurs positions de base sans faire la moindre concession. La faute à des bruits persistants annonçant qu’en janvier, l’administration Obama prendra les choses en main et présentera un projet de son cru pour une solution définitive du conflit.

 

D’après ce que nous pensons savoir, la proposition américaine contiendra le tracé de la future frontière entre l’Etat hébreu et la nouvelle entité palestinienne à naître. Celui-ci s’articulerait autour de la ligne d’armistice qui séparait Israël du royaume hachémite en mai 1967, avant la Guerre des Six jours, agrémentée d’échanges de territoires mutuellement consentis. L’initiative US ferait référence à l’ "offre de paix saoudienne" de 2002, elle-même endossée par la Ligue Arabe en 2007 à Riyad.

 

Il est certain que John Kerry s’est entretenu de cette initiative lors de sa visite au roi Abdallah 1er dans la capitale saoudienne la semaine dernière. Le secrétaire d’Etat a probablement voulu, en abordant ce sujet, apaiser les  nombreuses dissensions qui empoisonnent les relations entre les deux pays depuis un certain temps.

 

Parmi les sujets de discorde, la "mollesse" des Etats-Unis dans le dossier du nucléaire militaire iranien, l’attitude hostile de Washington face au gouvernement militaire égyptien – les Saoudiens reprochent à Barack Obama d’avoir précipité la chute de leur ami Hosni Moubarak -, ses relations privilégiées avec les Frères Musulmans, et surtout, le manque de soutien américain à la rébellion sunnite en Syrie.

 

A en juger par les interventions officielles saoudiennes de ces derniers mois, la question palestinienne n’était pas en tête de liste des préoccupations de Riyad. On ignore à la Ména si la nouvelle posture de l’Administration Obama a contribué à apaiser le mécontentement des descendants d’Ibn Saoud. On note cependant que ces derniers comptent plus sur Jérusalem pour juguler la menace perse et prêter main forte au Général Al Sissi que sur l’actuel pensionnaire de la Maison Blanche, pour lequel ils n’éprouvent aucune confiance.

 

On sait aussi que l’initiative US a pris une place importante dans la très longue discussion – sept heures ! – qu’ont eue Kerry et le 1er ministre israélien Netanyahu, il y a deux semaines à Rome.

 

Même si rien n’a filtré de cette entrevue, on n’envisage pas que la démarche de Washington puisse plaire au président du conseil hébreu. Faute de pouvoir dissuader Barack Obama d’aller de l’avant avec son projet, le chef de l’exécutif de Jérusalem a sans doute réclamé qu’on le consulte avant la publication du plan et que l’Administration accepte d’entendre les commentaires israéliens avant d’agir et qu’elle en tienne compte.

 

Les contacts américano-israéliens se poursuivent ce mercredi après l’arrivée hier de John Kerry en Terre sainte. La séance de pourparlers qui s’est déroulée juste avant l’atterrissage du secrétaire d’Etat a été houleuse, débordant jusqu’aux insultes réciproques.

 

Les délégués palestiniens, Saëb Erekat et Mohammad Shtayyeh en tête, ont accusé leurs homologues de créer un lien entre la libération des terroristes prisonniers et la décision israélienne d’étendre les implantations. Ils se sont notamment élevés contre ce qu’ils considèrent être des tentatives de la partie adverse de faire croire que l’AP approuve ces mesures ou les accepte sans protester. 

 

D’après ce qu’on nous en a dit, l’initiative américaine prévoirait une aide financière substantielle à l’économie palestinienne – on parle de milliards de dollars -, qui prendrait la forme d’un mini-plan Marchal.

 

Zahava Gal-On, la député et chef de file du parti progressiste israélien Meretz (Energie), qui fait aussi état de l’existence du plan US et qui affirme en avoir été informée par des officiels américains, palestiniens et arabes, prétend que les "suggestions" que proposera Washington, début 2014, après le constat de l’échec prévisible des contacts directs israélo-palestiniens, incluront des solutions pour tous les aspects du problème, y compris les questions-clé comme l’avenir des implantations, le dossier des réfugiés de 48 et le devenir de Jérusalem.

 

On connaît la propension de l’administration Obama à voir dans l’affrontement israélo-arabe en général, et israélo-palestinien, en particulier,le nœud gordien de tous les conflits mondiaux, même si on ne conçoit aucun fondement logique à cette approche.

 

L’avenir de l’intention américaine consistant à prendre une part active à la résolution définitive du différend dépendra du degré de conviction qu’affichera le Président Obama. S’il est prêt à se brouiller à mort avec le Congrès, y compris les représentants de son propre parti, avec le lobby juif et Israël, il dispose des moyens d’obliger ce dernier à se plier largement à ses volontés. Dans l’hypothèse contraire, on assistera uniquement à la fermeture d’une nouvelle fenêtre d’opportunité pour la résolution du conflit, une de plus, et à un pourrissement supplémentaire de la situation.

 

Ce qui est clair est que les deux parties ne s’entendront pas seules, de leur propre gré, car la pression s’exerçant actuellement sur Jérusalem n’est pas suffisante pour la forcer à faire des concessions majeures. Le pauvre délégué d’Obama aux discussions de paix, Martin Indyk, en a fait la difficile expérience hier : quand Israéliens et Palestiniens se mettent à se jeter leur contentieux à la figure, même Mohamed, Jésus et Moïse ensemble ne parviendraient pas à leur faire entendre raison.   

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