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L'Etat islamique est sur le point de s'effondrer

L'étude menée en 2016 auprès de la jeunesse arabe par l'agence ASDA'A Burson-Marsteller montre qu'à la question, « Quel est selon vous le plus grand obstacle auquel le Moyen-Orient est confronté ? », la réponse qui arrive en tête est : « l'essor de Daech ».

L'Etat islamique est sur le point de s'effondrer

par Daniel Pipes
 

 

Je prédis que l'État islamique en Syrie et en Irak s'écroulera aussi vite qu'il est apparu. En effet, je vais me risquer à dire que l'EI disparaîtra avant la fin de l'année 2016.

Comme tous les États totalitaires, l'État islamique (EI, appelé aussi EIIL ou Daech) finira immanquablement par disparaître en raison de trois facteurs principaux : la désillusion des cadres, la souffrance des populations assujetties et le nombre croissant d'ennemis extérieurs. Ce sont des problèmes qui ont affecté aussi bien les États fascistes de la Seconde Guerre mondiale que le bloc soviétique et qui affectent aujourd'hui l'EI d'une façon extrême, ce qui permet de dire que l'EI s'effondrera rapidement.

Désillusion des cadres. Le paradis sur terre promis par l'EI à ses adeptes s'est révélé plus proche de l'enfer : il a provoqué le désertion de nombreuses recrues et le désir de fuir d'un nombre encore plus grand. Le déficit de loyauté envers l'EI touche de plus en plus de combattants de l'organisation qui ne se décarcassent plus que pour l'argent ou par peur. Les motifs de défection sont tout aussi nombreux mais qu'ils soient très prosaïques, comme la mauvaise qualité de la nourriture, ou plus élevés, comme la médiocrité de la théologie, ils sont tous causés par l'amère et cruelle déception des membres de l'EI. Alors que les idéologues radicaux se muent en pénitents, les combattants imbibés de drogue deviennent de véritables légumes.

Souffrances des populations assujetties. L'EI opprime les millions d'infortunés qui vivent sous sa férule sur un territoire à peu près aussi grand que la Grande-Bretagne. Si quelques-uns tirent profit du système, la grande majorité souffre de la domination de l'EI marquée par les interventions tatillonnes, la paupérisation, l'arbitraire, la brutalité et le sadisme. Ce peuple assujetti se rebellera dès que l'occasion se présentera.

Le nombre d'ennemis extérieurs. L'EI s'attire autant d'ennemis que possible et semble en tirer une certaine fierté puisque cela contribue à entretenir sa réputation de pureté. Toutefois, cette attitude le rend extrêmement vulnérable. Il s'est aliéné sans raison les Jordaniens en brûlant vif un pilote de l'armée de l'air jordanienne. Il a suscité l'ire des Turcs en faisant exploser des bombes dans de grandes villes du pays. Ses actes de violence, notamment à Paris et à Bruxelles, ont fait de lui l'ennemi numéro 1 de nombreux Occidentaux (y compris d'islamistes qui vivent en Occident). Et c'est tout un chacun que l'EI a fini par s'aliéner en recourant à la destruction d'antiquités, à l'utilisation de gaz toxiques et aux décapitations filmées. Ses seuls alliés sont des groupes aux idées semblables comme Boko Haram au Nigéria.

L'EI est ainsi devenu l'objet d'une réprobation générale inouïe. Lors d'une réunion sans précédent en décembre 2015, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté à l'unanimité l'imposition de lourdes sanctions économiques contre l'EI. À un autre niveau, une récente étude à grande échelle a montré que la moitié des arabophones âgés de 18 à 24 ans pense que l'EI est, avant le chômage, Israël ou l'Iran, le « plus grand obstacle auquel le Moyen Orient est confronté ».

Dans l'ensemble, l'EI est en train de perdre ses troupes (25.000 tués selon une source américaine), son pouvoir économique et son territoire. Des dirigeants prennent la fuite vers les terres plus accueillantes de la Libye. Des déserteurs révèlent des dossiers contenant des informations sur des membres de l'EI. Les bombardements aériens menés par plusieurs pays et auxquels s'ajoutent les efforts soutenus par les Kurdes et Bagdad font beaucoup de tort à l'organisation et particulièrement à ses finances. En 2015, l'EI a perdu Baïji, Kobane, Sinjar et Tikrit, soit 20 % de son territoire en Syrie et 40 % en Irak. Le mouvement se poursuit en 2016 : c'est Ramadi et Palmyre qui échappent désormais à son contrôle. Abdel-Moneim Said, un analyste égyptien, compare l'état actuel de l'EI au stade ultime du Reich nazi aux abois.

L'EI est donc voué à disparaître en Syrie et en Irak. Mais cela n'empêche qu'il continuera d'exister sous d'autres formes. Il y a d'une part un État du même type en Libye, sans compter ceux qui pourraient émerger au Nigéria, en Somalie, en Afghanistan et ailleurs. D'autre part, il y a l'idée même du califat, un concept médiéval qui incarne l'esprit dominateur de l'islam mais dont les implications sur la vie moderne sont des plus néfastes.

En conclusion, faisons tout pour hâter la disparition de l'État islamique basé à Raqqa, en Syrie, une mort imminente dont nous ne pourrons que nous réjouir. Mais ne soyons pas naïfs car l'EI ne sera pas pour autant anéanti. Pour ce faire, c'est malheureusement l'ensemble du mouvement islamiste qu'il faudra mettre à bas et disqualifier. Cet objectif est réalisable lui aussi mais il nous faudra de nombreuses années pour l'atteindre.

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Addendum, 19 avril 2016 : Le président américain Barack Obama a déclaré que l'EI perdra le contrôle de Mossoul avant la fin de l'année 2016.

http://fr.danielpipes.org/16641/etat-islamique-effondrer

Version originale anglaise: ISIS is Collapsing
Adaptation française: Johan Bourlard

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