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Ma Tunisie, par Jose Boublil

 

Ma Tunisie, par Jose Boublil

 

Après avoir écrit un texte sur la France, on m'a demandé si je n'avais pas oublié de penser à la Tunisie.

J'ai longuement réfléchi pour vous livrer ce qui suit.
En effet, si j'ai évoqué pour la France ma gratitude à l'égard de ce merveilleux pays -malgré certaines zones d'ombre-qui m'a accueilli, je n'ai pas le droit de me taire pour le pays de mes origines profondes.
Seulement je dois faire un préambule. 

Ma Tunisie est cette sève qui coule en moi depuis près de 2500 ans avant ma naissance. Mais à ma Tunisie, je ne lui dois aucune gratitude.
Sinon, ce serait accepter l'idée que je fus un invité. Non, bien au contraire, c'était MON pays , et j'aurai dû y avoir tous les droits. 
Certains d'entre nous ont eu le sentiment qu'après tout ce n'était pas si mal. Personnellement, j'ai également été heureux, très heureux,  mais par pure inconscience ou insouciance. Heureux comme pourrait l'être un papillon qui ne sait pas encore qu'il va mourir à la fin de la journée. Une mort irrémédiable. Annoncée. Sans discussion possible.Et nous sommes bien morts!

Faut-il mentir, s'il existe vraiment des amis? Je refuse de le faire. Oui, nous avons été renvoyés du pays où nous sommes nés depuis plusieurs centaines de générations. Nous avons été mis dehors par des gens qui auraient dû n'être que des invités, et qui se sont comportés comme des maîtres. Le nombre, la force, et le refus du droit d'autrui , ont réglé cette question en quelques décennies.
Il reste encore tant de juifs tunisiens qui refusent ce verdict. Ils font passer l'illusion d'un bonheur factice, précaire, devant une réalité indiscutable.
Car qui pourra contester les spoliations, qui pourra dire que nous avons quitté le pays "de notre plein gré", qui pourra dire que la vie quotidienne était aussi sereine que celle que nous avons vécu même en France, où nous n'étions pourtant que des invités? 
Ces juifs, dont beaucoup me sont très proches, ont énormément de mal à sortir d'un curieux statut de juif en terre d'Islam. Du "on est inférieur mais on vit très bien avec". Une sorte de realpolitik , qu'il m'est difficile de comprendre, qui consiste à constater qu'"après tout l'odeur du jasmin et la splendeur de Sidi Bou Saïd suffisent à couber l'échine, à troquer mon identité".

Je respecte, mais je fonctionne autrement. Pour moi, en dehors de l'aspect purement religieux du judaïsme, j'estime que j'ai des comptes à rendre.
D'abord à tous ces juifs errants qui ont bourlingué à travers l'Histoire et la géographie. Eux qui n'ont pas fini tranquillement dans leur lit, simplement parce qu'ils étaient juifs, pourtant souvent incroyants. 
J'ai aussi des comptes à rendre à moi-même car ma fierté, ma dignité d'homme, font que je refuse de me taire, et de dire à ceux qui m'ont si élégamment viré de chez moi "merci de me recevoir parmi vous". Pour ce qui est des gens bien, Qu'ils s'excusent au nom de tous ceux qui nous ont fait ce mal.
Alors, je me sentirai mieux compris, et pourrai alors profiter de mon pays comme je devrais l'être, en homme libre chez moi!

Mais si je suis parfaitement honnête, je dois dire aussi que nous sommes devenus des invités parce qu'au lieu de se battre contre tel ou tel envahisseur, l'arabe en l'occurrence,
JE me suis laissé faire, moi le juif tunisien. Ma démographie, mais surtout mon pacifisme naturel, ont eu raison de mon statut d'hôte.J'ai été mou, trop peu virulent, pas agressif. 
Je suis donc devenu celui que l'Islam tolère, le Dhimmi, après l'avoir envahi et fait taire. Reconnaissons donc, sauf à être vraiment aveugle, que cette situation, bien qu'injuste, n'a pas été trop dramatique. 
Les incidents qui ont émaillé ce pays depuis la nuit des temps entre arabes et juifs n'ont jamais été comparables à ce que nos frères d'Europe ont pu subir. Ainsi, il serait bien d'admettre, d'une part que nous n'avons pas connu QUE le bonheur, mais aussi que nous avons été largement heureux jusqu'à ce que nous soyons obligés de partir. Ils nous ont spolié mais peu de fois massacré ; et nous ont laissé nous épanouïr sous condition.

Le solde de cette histoire serait-il donc nul? non, du tout, il reste énormément positif.
D'abord, pour parler des questions simples, triviales. La beauté de ce pays est proprement inouïe. On peut être de mauvaise foi, idiot, aveugle même, mais peu de pays sont aussi sublimes. Tout de la Tunisie prépare à l'entrée au paradis. Et à toutes les saisons. Le Nord et le Sud. Le désert, et les oliveraies.
Mais il faut commencer par la mer. Cette feuille toute lisse, et totalement transparente, entre 5h du matin et 11h ou midi. A ses débuts de journée, une couleur bleue pâle, qui invite à la douceur, à la délicatesse. Pour les plus gâtés, l'heure de la pêche dans un silence divin. L'impression de communier avec l'Eternel, de ressentir le moindre ressac comme un signe de vie. La première fois que j'ai skié entre les sapins de Savoie, je sentais une sorte djà vu"...C'était justement ça!
Puis, petit à petit, l'eau se plisse, et se colore progressivement en turquoise. Magie d'une nature pas comme les autres. Quelques minutes suffisent à découvrir un océan de cristal, version initiale des teintes de Tahiti, ou des Marquises.
La Mer, en Tunisie, n'a pas d'équivalent dans le monde, car chaque fois qu'elle décide de se transformer sa nouvelle parure est encore plus eblouissante que la précédente.
On croit qu'il faut parcourir des années-lumière pour trouver des sensations aussi folles, et pourtant à peine 1000 ou 2000 km, et on retrouve ce paradis.

Puis vient cette "fine caillasse" qu'on appelle "le sable". Du nord au sud, la consistance est celle du talc, de cette poudre fine et toute blanche, qui s'inscrit dans un paysage de contrastes . Au deuxième ou troisième plan, ce fameux Bou Kornine, montagne à deux "cornes" d'un bleu transparent, irréél. Et ce premier plan, sur lequel je me promène
me donne l'impression fantastique d'une virée sur des cocons, doux et protecteurs. Les pieds s'enfoncent , et sont recouverts d'une délicate substance tiède.
On se plait à déambuler , cela soigne, détend, caresse. Et tous se croisent sur ce nuage posé à même le sol, pour s'embrasser ou échanger les dernières nouvelles  du pays . 

On va se fâcher avec moi pour enfoncer les portes ouvertes, plagier tel ou tel ami ou auteur sur les caractéristiques de la Tunisie. Eh oui, que puis-je faire d'autre? 
Peut-on vraiment faire l'impasse sur le jasmin? Cette fleur qui fait partie de mon décor depuis que je suis né. Que j'ai troqué pour des roses l'espace de mes années françaises,
et que j'ai repris avec joie dans ma Jérusalem. Cette petite fleur dont l'odeur est un médicament de l'âme. Les massifs semblent être dessinés pour s'entremêler aux bougainvilliers, pour tresser un décor de théâtre multicouches: vertt piqué de blanc en première ligne. Blanc poudreux en seconde. Turquoise transparent en troisième,
surplombé d'un ciel azur presque cobalt...Et au fond un hâle bleuté à deux pointes.

Que vous soyez à Hammamet, Gammarth, Jennet ou Raf Raf, cette vision vous poursuit de a sublime beauté, et de son odeur entêtante ...
Autour de ce paradis, les jeux, les cris, l'amour, l'émerveillement. Difficile alors d'avoir une quelconque pensée déplacé, déplaisante. Profitons juste des créations de Dieu. Cette douceur de vivre, comparable au meilleur miel des plus belles abeilles, se renforce des goûts d'une nature injuste , qui a par trop gâté ce pays de cocagne: les poissons , plus grands et plus délicats que partout ailleurs; les oranges ou les citrons d'une acidité ravageuse; tous les produits de cette terre semblent avoir profité d'un sol par trop gâté!

Mais ma Tunisie , je veux en finir sa description par ce qui est le meilleur, même s'il ne fut pas le plus communément partagé.
Car jamais un pays ne peux valoir la peine seulement par son décor. Celui-ci est formidable pour quelques jours armés d'un Nikon; pas pour toute une vie. Ainsi, je veux rendre grâce à tous ces amis qui, tellement sincèrement, ont aimé leurs amis juifs, mais aussi leurs employeurs juifs souvent.
Ceux qui ont compris que leur attachement allaient bien au-delà des querelles des traditions. Je me souviens des familles qui sont venues chez nous le jour de mon cauchemar d'enfant-ce 5 juin 1967- pour nous dire "s'ils essayent de vous toucher, il faudra qu'ils nous tuent d'abord".
Ceux-là, combien je leur suis redevable. Aux ouvriers de l'usine, qui, apprenant le départ de mon père sont TOUS venus l'embrasser en pleurant; et je peux vous dire que ce n'était pas des mauviettes! Ou encore ce chef de la police, et son ministre de l'intérieur-rien que ça!- pour me tirer des griffes d'un satyre local quand j'avais 9 ou 10 ans!
La Tunisie, c'était aussi ces gestes merveilleux, d'une rare générosité, d'un courage flamboyant. Ces gestes qu'on retrouve encore aujourd'hui en lisant les divers témoignagnes 
pleins de gentillesse, de culture, de fraternité sincère, dans les divers textes d'amis. Mon seul regret c'est de mesurer l'écart entre ces gens extraordinaires, et le trop plein de sauvages. 
Cette Tunisie qui m'a bercé repose aujourd'hui sur les derniers des mohicans, fiers capitaines sur un bateau en train de sombrer. Et nous prions pour que le vent redresse la barre , et nous fasse retrouver nos sensations d'alors!

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Jose, ton affection pour la Tunisie et les Tunisiens (si si, elle transparait entre les lignes) est touchante. Les événements de juin 67 sont une tache indélébile dans l Histoire de la Tunisie moderne mais cela reste un événement isolé, a l échelle de 3000 mille d Histoire, et l oeuvre d une minorité d incultes.

Pourquoi parler de sauvages, pourquoi en vouloir a la majorité des Tunisiens? Nous sommes bcp a vous regretter et a saluer votre contribution a notre Histoire et a notre identité communes.

Reviens nous voir souvent pour te ressourcer et peut-être contribuer, en évoquant tes souvenirs d une Tunisie plurielle et ouverte, a construire la Tunisie de demain.

Le bateau tangue peut-être mais ne sombrera pas. Qd je vois s élever les voix des extrêmes dans des pays supposes plus civilises (France et Israel inclus), je me dis que les sauvages ne sont peut-être pas ceux que l on croit.

ce texte exprime ce que je ressens; les Arabes nous ont volé notre Tunisie , c'est la terre de nos ancêtres qui étaient présents avant l'envahissement par les Arabes au 7ème siècle ; et ça continue de nos jours, les Arabes veulent prendre la terre d'Israël qui est la terre juive par excellence au profit d'un soi-disant peuple "palestinien" qui a été inventé en 1967 , après la guerre des Six Jours ; et la communauté internationale imbécile qui ne connaît pas l'Histoire de la Judée-Samarie est tombée dans le panneau des Arabes, une fois de plus. quelle misère que l'ignorance.

Que ce texte est beau et realiste,mais il faut helas se rendre à l'evidence et ne pas nier la realité.
Cette dure et triste realité qui fait que ma tunisie ne m'appartient plus.
j'y ai vecu en tant qu'invité et depuis 1958 j'y suis retouné bien souvent pour retrouver toutes les sensations de ma jeunesse et faire revivre l'ame de mes ancetres.
Aujourd'hui,la page est tournée,definitivement.Seuls me restent les souvenirs.La Tunisie,c'etait hier.
Il faut savoir tirer les lecons du passé et regarder devant.
Le passé, quelque pays que NOUS ayons traversé,nous y avons eté tolerés.
La France,pour beaucoup d'entre nous,a eté un merveilleux tremplin et une terre de liberté.Je lui en suis infiniment reconnaissant,mais.....
NOUS------les JUIFS-------puisque c'est bien en tant que tels, avant tout, que l'autre nous voit et nous reconnait depuis toujours,NOUS avons un present et un futur qu'il nous faut defendre bec et ongles,un pays de reve où se melent d'encore plus belles nuances de mer et de plus odorantes senteurs.
Soyons TOUS capitaines de cette merveilleuse realité qui est NOTRE patrimoine commun et notre seul coin de paradis

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