Malgré le tollé, l'appel anticohabitation de rabbins israéliens s'étend
Shmuel Eliyahou, le chef rabbin de Safed, une ville du nord d'Israël, a été le premier, en octobre, à appeler les habitants de sa ville à ne pas louer ou vendre des appartements à des Arabes. Son appel a été relayé par cinquante rabbins ultra-orthodoxes qui ont cosigné une lettre rendue publique le 7 décembre, dans laquelle ils avancent que "la Torah interdit de vendre à un étranger une maison ou un champ de la terre d'Israël". "Quiconque vend ou loue un appartement [à des non-juifs] dans un quartier où vivent des juifs cause un grand tort à ses voisins, vu que le mode de vie [des non-juifs] est différent de celui des juifs, qu'ils nous persécutent et viennent s'immiscer dans notre existence", estiment les signataires. Au nombre de leurs justifications, la crainte de mariages mixtes et celle du blasphème.
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La liste des nouveaux signataires ne cesse de s'étendre, parmi lesquels des rabbins fonctionnaires qui assurent les services religieux (dont les mariages) dans les municipalités, ainsi que des directeurs de yéchivot (séminaires talmudiques), aussi bien en Israël que dans les colonies en Cisjordanie. Jeudi 9 décembre, le quotidien israélien Yediot Aharonot rapporte que les rabbins, qui se sont fixé pour objectif de recueillir plus de cinq cents signatures, se seraient notamment assuré le soutien de rabbins influents, comme Zelman Melamed, Haïm Drukmann et Eliezer Melamed.
UNE VAGUE DE PROTESTATIONS
Ce manifeste a déclenché les protestations des Arabes israéliens, principales cibles de cette initiative, ainsi que d'une grande partie de la majorité juive. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, le président, Shimon Pérès, et le président du Parlement, Reuven Rivlin, ont fermement condamné le manifeste. Benyamin Nétanyahou a dénoncé cette initiative, estimant, dans des propos relayés par le Yediot Aharonot, qu'elle s'opposait à la fois aux principes démocratiques et aux valeurs du judaïsme. Le ministre sans portefeuille Benny Begin, fils de l'ex-premier ministre Menahem Begin, a, quant à lui, dénoncé une initiative "déplorable" qui "porte atteinte à une minorité".
Un groupe de personnalités publiques, d'intellectuels et d'académiciens ont par ailleurs demandé au ministre de la justice, Yaakov Ne'eman, et au procureur général, Yahouda Weinstein, de suspendre immédiatement les fonctions publiques des rabbins signataires, indique le quotidien Haaretz jeudi. Le mémorial de la Shoah Yad Vachem a également répondu à cette initiative, dans un communiqué cité par le journal : "[C'est un] coup sévère porté aux valeurs de nos vies en qualité de juifs et d'êtres humains dans un Etat démocratique (...). Les expériences passées nous ont appris l'importance et la fragilité des valeurs de coexistence."
Une initiative également condamnée par l'association des survivants de la Shoah, dont le président a déclaré au Yediot Aharonot qu'elle lui rappelait des souvenirs des "nazis jetant les juifs hors des appartements afin de créer des ghettos". Le même souvenir est évoqué par un influent rabbin ultra-orthodoxe, Aaron Leib Steinman, qui se demande ce qu'il se passerait "si un appel similaire était donné à Berlin contre l'allocation de logements aux juifs", dans des propos cités par Haaretz. L'appel a ainsi été critiqué par un grand nombre de rabbins, rapporte le Yediot Aharonot. Yehuda Gilad, rabbin d'un kibboutz, s'est dit "honteux en tant que juif pieux" à cause de la lettre des cinquante rabbins.
Descendant des cent soixante mille Palestiniens restés sur leur terre après la création de l'Etat hébreux en 1948, la communauté arabe israélienne compte 1,3 million de personnes, soit 20 % de la population d'Israël. Elle souffre de discriminations, notamment en ce qui concerne l'emploi et l'achat d'appartements dans des localités juives.
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