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''New York Times'': 3 ans après, la Tunisie est sur la bonne voie

''New York Times'': 3 ans après, la Tunisie est sur la bonne voie

 

 

«La nouvelle constitution tunisienne consacrera les libertés et droits universels et la parité femme-homme dans les organismes démocratiquement élus», indique le ''New York Times'' dans un article consacré à la transition en Tunisie.

 

Traduction et synthèse de Moncef Dhambri

A l'instar de nombreux médias étrangers, le quotidien américain à grand tirage ''New York Times'' (NYT) n'a pas manqué, mardi, de faire le bilan des trois années de révolution en Tunisie. Titrant sur «La Constitution tunisienne, acclamée pour son équilibre, est sur le point d'être adoptée», l'envoyée du NYT, Carlotta Gall, souligne les progrès enregistrés par notre transition démocratique. Elle rappelle les difficultés de ce parcours du combattant, ses hésitations et ses insuccès. Mais elle garde, également, une bonne impression: grâce à l'action de la société civile, la voie du consensus a permis à la Tunisie de réussir là où d'autres ont échoué...

 

La constitution la plus libérale du monde arabe

En introduction, Carlotta Gall signale que l'Assemblée constituante tunisienne est sur le point d'adopter la nouvelle constitution du pays que les législateurs tunisiens, les organisations nationales et les experts en droit constitutionnel décrivent comme étant un triomphe du principe consensuel.

Pour avoir nécessité deux longues années et la rédaction de trois versions, écrit Carlotta Gall, «la présente mouture de la Loi fondamentale tunisienne est le produit final d'un ensemble d'idées dont l'énoncé a été très soigneusement choisi et qui a obtenu le soutien d'Ennahdha et l'opposition laïque. Elle est saluée par tous comme étant la plus libérale des constitutions du monde arabe».

 

Ghazi Ghraïri: «On a trouvé un équilibre et un consensus».

Citant Ghazi Ghraïri, l'expert tunisien en droit constitutionnel, le NYT écrit: «Ils (tous les partis politiques, NDLR) ont, en définitive, trouvé un équilibre. Il s'agit d'un consensus, et cela est quelque chose de nouveau dans le monde arabe».

Le quotidien new-yorkais rappelle que le processus de la rédaction de la nouvelle constitution tunisienne n'a pas toujours été facile, qu'il a nécessité plus d'une année que ce qui a été initialement prévu, qu'il a été sérieusement secoué par deux assassinats politiques, la montée du terrorisme et des divisions politiques profondes qui ont failli rendre le pays ingouvernable.

Carlotta Gall ajoute: «Ennahdha a, finalement, abandonné un certain nombre de ses objectifs constitutionnels initiaux: à présent, il ne dit plus rien sur l'établissement d'un Etat islamique, ni sur la primauté de la chariâ en tant source d'inspiration de la loi tunisienne. Cependant, il (le parti islamiste, NDLR) est tout de même parvenu à injecter dans la nouvelle constitution une certaine dose islamique, comme celle faisant de l'islam la religion de la Tunisie et le préambule, qui reconnait l'identité arabo-musulmane des citoyens tunisiens».

 

Lobbying occidental et pression de la société civile

Cependant, remarque l'envoyée du NYT, «grâce au lobbying occidental et à la pression de la société civile tunisienne, les partis libéraux ont arraché des dispositions constitutionnelles d'importance qui garantissent que l'Etat tunisien sera civil et qu'il y aura séparation des pouvoirs en Tunisie. La nouvelle constitution tunisienne consacrera les libertés et droits universels et la parité femme-homme dans les organismes démocratiquement élus».

Le NYT écrit aussi que «bien que le pays demeure divisé sur cette question du rôle de la religion dans les affaires publiques tunisiennes, ces tiraillements ont été mis de côté afin de garantir les libertés et empêcher le retour d'une dictature comme celle que les Tunisiens ont renversée en 2011, lançant ainsi le Printemps arabe».

Ces derniers jours, ajoute Carlotta Gall, «l'atmosphère au sein de l'Assemblée constituante a changé de manière remarquable, et la détermination des constituants à taire leurs désaccords et leurs hostilités est totale. A présent, les représentants travaillent en moyenne 14 heures quotidiennes à débattre des articles de la nouvelle constitution, un par un, et à les voter».

 

Noômane Fehri: «Nous avons tout fait  de manière innovante et démocratique.»

Pour Noômane Fehri, d'Afek Tounes, «c'est une atmosphère folle et fantastique, à la fois: il y a une réelle volonté de finir le travail dans les temps impartis. Soudain, les choses ont l'air de marcher comme il faut».

Selon Ghazi Ghraïri, «la nouvelle constitution tunisienne résistera au passage du temps, car la quasi-majorité des partis la soutiennent. Il y a une différence énorme avec le cas égyptien. En Tunisie, la nouvelle constitution a été rédigée par une assemblée élue et elle se fonde sur le principe du consensus. En Egypte, au contraire, le gouvernement islamiste (de Mohamed Morsi, NDLR) avait imposé sa constitution à une opposition importante. C'est ce qui lui a valu d'être mis hors jeu...»

L'envoyée du NYT note que, mardi, jour du troisième anniversaire de la Révolution du 14 janvier 2011, quelques points de désaccord subsistaient encore – y compris, notamment, sur le partage des pouvoirs entre le président et le parlement. Cependant, souligne-t-elle, les 2/3 des articles de la nouvelle constitution tunisienne ont été déjà approuvés par les constituants.

Carlotta Gall, en conclusion de son article, n'hésite pas à emprunter l'optimisme de Noômane Fehri qui déclare: «Nous avons fait tout cela de manière innovante et démocratique. Mon rêve serait qu'un adolescent de 15 ans, aujourd'hui, puisse dire de nous, le jour où il aura 60 ans, ces gars nous ont mis sur la bonne voie».

* * *

Ecouter l'opinion d'un média occidental n'est sans aucun doute pas le penchant de certains de nos compatriotes. Nous respectons cette position, même si l'on a du mal à la comprendre. Pour notre part, nous puisons dans les avis des autres ce qui nous intéresse. Et il nous intéresse de savoir ce qu'un média comme le ''New York Times'' pense de notre transition. Nos engagements et nos opinions sont les nôtres et ils le resteront, en dépit des critiques et des approbations étrangères. Nos choix sont conscients et notre maturité est telle que nous n'avons aucun complexe à traiter avec les autres, ni à être ouverts aux autres cultures et à l'universalité.

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