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Quand les Musulmans et les Juifs étaient des amis...

Quand les Musulmans et les Juifs étaient des amis...

 

  • par Mylène Vandecasteele

 

A Oswiecim, en Pologne, le 27 janvier dernier, on a commémoré le soixante-neuvième anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau (Auschwitz est l’équivalent allemand d’Oswiecim). La cérémonie a évolué vers un acte d'accusation de l'Holocauste en général et de tous les génocides de l'histoire moderne du monde. En Grande-Bretagne, cependant, cet évènement réveille l'animosité entre les notables juifs et musulmans, explique The Economist.

«Entre 2001 et 2007, le Conseil Musulman de la Grande-Bretagne (Muslim Council of Britain, ou ‘MCB’, un groupe qui rassemblait des centaines de petites et grandes organisations islamiques) ne s’est pas associé à la cérémonie au motif qu’elle n’évoquait pas la souffrance des Musulmans dans les zones de conflit récentes comme le Cachemire ou la Cisjordanie. Après de nombreuses discussions internes, le MCB a décidé de cesser ce boycott en décembre 2007, mais il l’a repris en 2009 en signe de protestation contre les actions d'Israël dans la bande de Gaza.

Depuis lors, chaque année, sa présence à la cérémonie commémorative est limitée. Pour les critiques du MCB, cette intransigeance a confirmé sa réputation de bastion non représentatif et fanatique contrôlé virtuellement par des islamistes pakistanais et arabes. Les amis du Conseil de la gauche laïque embarrassés par son intransigeance ont averti ses dirigeants qu'à moins qu’ils ne changent d’attitude et qu’ils manifestent le respect approprié pour cette commémoration, ils seraient considérés comme des antisémites incorrigibles. Selon des témoins, les dirigeants sud-asiatiques du Conseil ont compris le message plus rapidement que leurs collègues arabes.

Plus récemment, toutefois, les efforts pour atténuer la tension entre les Juifs et les Musulmans à l’occasion de la commémoration ont été plus subtils. Pour la deuxième année consécutive, un certain nombre d'organisations locales londoniennes ont hébergé une exposition dédiée aux « Justes Musulmans », qui ont été reconnus en Israël pour le courage dont ils ont fait preuve durant la Seconde Guerre mondiale en sauvant des Juifs (ou, dans certains cas, des œuvres du patrimoine juif) des mains des bourreaux nazis. (…)

Dans quels pays, pourriez-vous vous demander, les forces hitlériennes, les Musulmans et les Juifs ont été rassemblés en assez grand nombre ? Dans les Balkans, tout d’abord. Plusieurs des Justes Musulmans étaient des Albanais qui se sont sentis obligés de porter secours aux Juifs en vertu du code de l’honneur de leur nation. Et dans la Bosnie voisine, par exemple, une famille juive, les Kavilio, a été cachée par ses compatriotes Musulmans, les Hardaga. Pendant le conflit Bosniaque dans les années 1990, les Kavilio ont retourné cette faveur en aidant les Hardaga à s’échapper de la zone de conflit. Par ailleurs, un imam du bastion musulman Bosniaque de Zenica a caché un précieux manuscrit juif vieux de 600 ans, la Haggadah de Pâque. D’autres histoires similaires ont émergé qui concernaient l’Algérie et la Tunisie, du temps où elles étaient sous le contrôle des forces nazies. M. Satloff a révélé les histoires d’un propriétaire tunisien musulman qui a caché des fugitifs juifs dans les bâtiments de sa ferme, jusqu’à ce qu’ils soient récupérés par les Alliés, et de bergers de l’Ouest de la Tunisie qui ont caché des Juifs qui cherchaient à s’échapper au motif qu’ils étaient « leurs cousins ».

« Le chagrin, la douleur et les souvenirs peuvent souvent servir de lien entre des gens qui ne parviennent pas à s’accorder sur grand-chose d’autre. Aujourd’hui, cet adage de la vie humaine est encore plus valable que jamais. Et les anecdotes démontrent bien plus de choses que les arguments philosophiques », conclut The Economist.

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