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Témoignages de chrétiens en Tunisie

Témoignages de chrétiens en Tunisie

 

 

Les élections législatives ont eu lieu en Tunisie. A l’heure des résultats, lisez quelques témoignages de chrétiens, déçus par la « révolution » du 14 janvier 2011 et ses conséquences.

L’archevêque de Tunis ne cache pas une certaine amertume. « Rien n’a vraiment changé », soupireMgr Ilario Antoniazzi. La vie de l’Église catholique, composée de 20 000 fidèles, reste toujours régie depuis 1964 par un traité entre l’État tunisien et le Vatican. Un accord de modus vivendi entre les deux parties garantissait la propriété de certains lieux de culte à l’Église mais cette dernière, en contrepartie, ne pouvait acheter de nouvelles terres pour construire de nouvelles églises. Le pays n’interdit pas les conversions à la religion chrétienne comme en Algérie mais freine de fait le développement des communautés chrétiennes. Maroun Lahham, ancien archevêque de Tunis, espérait casser ce carcan. La jeune démocratie devait enfin assurer une liberté de culte et de conscience complètes. En vain.

Corps étranger

« Tout développement structurel de l’Église reste de fait interdit. On retrouve cette même ambiguïté vis-à-vis des non-musulmans dans la nouvelle Constitution du pays. L’État entend respecter la liberté de conscience mais la primauté de l’islam dans le pays est garantie par ce même État, explique Mgr Ilario Antoniazzi. Nous, chrétiens, ne sommes que des invités. Même en tant qu’archevêque de Tunis, je n’ose pas me promener dans la rue avec ma croix. J’entretiens pourtant des rapports cordiaux avec les principales autorités du pays ou même avec les leaders du mouvement  islamiste Ennahdha. »

José Mangani, fidèle, né à Tunis en 1949, confirme cette impression. Sa famille, d’origine maltaise, vit dans le pays depuis 1820 : « La religion chrétienne reste associée aussi à l’ancienne présence française. L’indépendance en 1956, mais surtout la crise militaire de Bizerte entre la France et la Tunisie en 1961 puis l’interdiction faite aux Européens de posséder des terres agricoles ou de commercer ont fait fuir les communautés chrétiennes qui comptaient plusieurs centaines de milliers de fidèles. Être tunisien, aujourd’hui, c’est donc être musulman. Nous sommes devenus un corps étranger sur cette terre. La fin du régime de Ben Ali a en outre libéré certaines paroles antichrétiennes. Des “barbus” que nous n’avions jamais vus auparavant n’hésitent pas à nous insulter. »

Ces dernières années, la communauté chrétienne est devenue une communauté subsaharienne. Des Églises pentecôtistes se sont développées, clandestinement, notamment du côté de la Marsa, près de Tunis. L’archevêque ne cache pas son inquiétude devant le développement de ces nouvelles Églises : « Ces gens-là sont inconscients. Des Témoins de Jéhovah s’amusaient à distribuer des bibles dans les rues de Tunis. J’ai dû les défendre devant les autorités du pays. Nous sommes en terre d’islam. Ne l’oublions pas. »

Publié aussi sur reforme.net

  • Par Pierre Desorgues 

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