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Taieb, Karsenty et Amiach – pourquoi ils ont perdu d’avance

 

Taieb, Karsenty et Amiach – pourquoi ils ont perdu d’avance

A 6 mois des premières élections législatives pour les Français de l’étranger à laquelle participeront les Français d’Israel au sein de la 8ème circonscription – qui comprend aussi notamment l’Italie, la Grèce et la Turquie – et alors que la campagne est déjà agitée, il est temps de faire un point sur l’état des lieux et les enjeux de cette élection qui se tiendra les 10 et 17 juin 2012.

Déjà 8 candidats se sont déclarés, tous Juifs, même celui du FN, a l’exception du candidat Europe-Ecologie Les Verts, basé en Italie. Ce n’est pas exactement un hasard. La 8ème circonscription comprenait au 31/12/2010 environ 144,000 citoyens inscrits - dont 78,000 en Israel (plus exactement 59,000 en Israel sans Jérusalem et 19,000 à Jérusalem que la France ne reconnait pas comme partie d’Israel), soit plus de 55%. A noter qu’il s’agit de l’ensemble des Français inscrits, y compris les enfants et pas seulement les électeurs.

Il n’est donc pas étonnant que plusieurs candidats n’appartiennent à aucun parti et soient directement issus de la communauté juive organisée et de ses institutions comme Gil Taieb et Edouard Amiach, ou des personnalités populaires au sein de la communauté et des Franco-Israéliens en particulier comme Philippe Karsenty. “Disclosure”, comme on dit dans les medias anglosaxons: je connais personnellement, parfois depuis très longtemps, ces trois personnalités et je leur porte beaucoup de respect.

Néanmoins, cette image d’une élection qui se jouerait essentiellement en Israel est trompeuse. Si les Franco-Israéliens sont nombreux, ils votent peu aux élections françaises. Ainsi en 2002, sur 15,000 électeurs inscrits à l’époque, seuls 16% s’étaient déplacés aux présidentielles – contre une moyenne de près de 40% pour l’ensemble des Français de l’étranger. En 2007, alors que le nombre d’électeur avait quasi-triple pour atteindre 42,000, seuls 20% des électeurs avaient utilisé leur droit de vote – contre encore plus de 40% pour l’ensemble des Français de l’étranger. Ainsi, le nombre de votants en Italie au second tour des présidentielles de 2007 était nettement supérieur à celui d’Israel pour un électorat inferieur d’un tiers.

Dans l’ensemble, en 2007, alors que les Franco-Israéliens représentaient 52% des électeurs, ils ne furent que 34% des votants.

1. Pourquoi les Franco-Israéliens votent-ils si peu ?

La forte croissance du nombre d’électeurs inscrits en Israel peut être vue en partie comme une conséquence de la vague d’Aliyah des années 2000, ou aussi de l’intérêt croissant des Franco-Israéliens pour les élections françaises. Mais en réalité, même si ces facteurs sont réels, il s’avère que la majorité des Français inscrits aux consulats ne sont pas d’anciens ou de nouveaux immigrants, mais leurs enfants et petits-enfants, nés en Israel, et qui s’inscrivent pour obtenir un passeport européen qui leur permettra de voyager, d’étudier et de travailler en Europe après l’armée. Ces gens-là, dont beaucoup ne parlent pas Français, ne portent le plus souvent aucun intérêt aux élections françaises et donc, ne votent pas.

Inversement, de nombreux Olim ne se sont jamais inscrits auprès des consulats, et même quand ils le font, ils n’ont pas non plus forcément l’intention de voter. Les Franco-Israéliens, a la différence de la majorité des Français de l’étranger, ne sont pas des expatriés mais des immigrés venus s’installer définitivement en Israel en tant que citoyens du pays. Ils se sentent donc souvent moins concernés par la politique du pays qu’ils ont quitté.

Enfin, il faut aussi rappeler que le dimanche n’est pas un jour chômé en Israel et que tout le monde n’a pas le temps de voyager jusqu’à l’un des rares bureaux de vote et de faire la queue plusieurs heures.

2. Les choses seront-elles différentes cette fois ci ?

Néanmoins certains signes laissent à penser que les choses pourraient être différentes pour ces élections. Il s’agit après tout de la première fois que sera élu un représentant direct de la population, et c’est donc une chance de faire entendre directement la voix d’Israel à l’Assemblée nationale. C’est sur ce terrain que jouent la plupart des candidats, espérant à la fois mobiliser les Franco-Israéliens déjà inscrits et générer une vague d’inscription parmi les autres.

Le fait qu’il sera possible de voter par internet va probablement aussi jouer dans l’augmentation du taux de participation, dans la mesure où cela facilitera énormément l’accès au vote.

Il est difficile de mesurer l’impact de la mobilisation des Franco-Israéliens. Pour l’heure, elle semble assez faible: à la mi-novembre 2011, le nombre d’inscrits au consulat de Tel Aviv était de 61,000 personnes, contre 59,000 fin 2010, soit une hausse de 3% – ce qui ne sort pas de la moyenne des autres années. Il est possible de s’inscrire jusqu’au 30 décembre.

3. A qui profite cette situation ?

Dans ces conditions, sauf mobilisation exceptionnelle des Français d’Israel, les candidats communautaires risquent d’être les principales victimes de cette situation. Les candidates du PS et de l’UMP devraient naturellement recevoir la majeure partie du vote des autres pays, et la décision d’EELV de présenter une candidature italienne – sachant que de toute manière ce parti n’a aucune chance en Israel – relève d’un choix intelligent qui pourrait se relever payant si les Français locaux se mobilisent pour lui.

Le seul candidat indépendant qui peut avoir une chance est Philippe Karsenty, en raison de son immense popularité chez les Franco-Israéliens parmi lesquels il devrait arriver en tête, sachant aussi qu’il ne néglige pas de mener campagne dans les autres pays. Mais cela reste très aléatoire.

Pour l’heure, il est bien difficile de faire un pronostic.

 

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