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Tunis : des oeuvres d'art saccagées par des salafistes

 

Tunis : des oeuvres d'art saccagées par des salafistes

 

Jugées blasphématoires, plusieurs oeuvres d'art exposées dans le cadre du "Printemps des arts" de La Marsa, en banlieue nord de Tunis, ont été saccagées dans la nuit de dimanche à lundi par de présumés salafistes.

Plusieurs toiles ont été lacérées et une oeuvre de l'artiste Faten Gaddes, intitulée "le Ring", représentant des visages de femmes juive, chrétienne, tunisienne dessinés sur des punching balls, a été démantelée et emportée, a annoncé à l'AFP Luca Luccatini, le directeur du "Printemps des Arts", qui a déposé plainte contre X.

Dimanche matin, trois personnes "se présentant comme avocat et huissier" de justice étaient venus réclamer le décrochage de quatre toiles jugées offensantes pour les valeurs du sacré, a-t-il raconté. "Nous avons appelé la police car leur comportement était agressif et ils menaçaient de revenir."

Un groupe de "barbus"
Prévenus par les réseaux sociaux, plusieurs membres de la société civile et des responsables politiques de l'opposition se sont rendus au palais. Ils ont commencé à parlementer avec un groupe de "barbus" vêtus comme des salafistes qui contestaient les oeuvres.

La galerie a ensuite fermé normalement, mais des dizaines d'hommes sont revenus dans la soirée et ont réussi à s'introduire dans le palais. Les policiers encore présents dans la soirée ont saisi les quatre oeuvres litigieuses "pour les sécuriser", a indiqué le ministère de l'Intérieur, sans confirmer les dégradations sur les autres toiles.

"Nous n'allons pas céder"
"Je ressens énormément de colère, c'est triste qu'on en arrive là", a déclaré à l'AFP Lamia Guemara, une des artistes dont la toile "Bleu de Prusse" représentant un homme aux paupières cousues, a été saccagée. "Nous n'allons pas céder. Je répliquerai en exposant mes oeuvres."

"Il y a dans cette affaire du fanatisme, de la manipulation, la volonté d'être médiatisé. Les oeuvres visées sont à prendre au 2e ou 3e degré, mais c'est sans doute trop compliqué pour ces gens", a estimé Luca Luccatini.

Le ministère de la Culture pour sa part a affirmé sa volonté de "garantir la liberté de création", mais a dénoncé dans un communiqué "toutes les formes d'agression contre les valeurs sacrées présentes dans quelques unes des oeuvres exposées".

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