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Tunisie amie : le chaos ! Par Marc Knobel

 

Tunisie amie : le chaos ! Par Marc Knobel

 

J’éprouve pour la Tunisie une réelle affection parce que la famille de ma mère y a vécu probablement pendant plusieurs siècles et que les natifs et natives de Tunis, La Marsa ou La Goulette ont marqué de leur empreinte ce pays, comme tous les Juifs tunisiens. Je pense qu’ils ont aimé Sousse, Djerba ou Tunis, passionnément. Et, je l’avoue, pour moi, la Tunisie n’est pas n’importe quel pays. Lorsque je me suis rendu pour la première fois en Tunisie avec ma mère, j’ai ressenti sa nostalgie et sa tristesse (aussi) lorsqu’elle abordait les rues et ruelles de l’Ariana, lorsqu’elle cherchait à retrouver les sons et visages et ce qu’il restait de la maison familiale. Dans mes nombreux voyages dans ce beau pays, j’y ai aimé toutes les senteurs, toutes les saveurs, les multiples couleurs, les rivages méditerranéens, les sources, les souks, le désert, la blancheur écarlate des maisons, l’odeur subtile et fine du jasmin, la douceur de son climat et la gentillesse extrême de son peuple. Et, quelques années plus tard, lorsqu’avec ma famille, j’ai cherché à retrouver la rue Gutenberg de l’Ariana, j’ai éprouvé une immense tristesse et je dois avouer que des larmes coulèrent sur mes joues.

 

Cette Tunisie que j’ai tant aimée et la révolution tunisienne que j’ai regardée avec autant d’intérêt et de passion, aujourd’hui m’effraie, je dois le dire.

 

Il suffit de lire la presse tunisienne pour comprendre ce qui se passe.

 

A l’occasion d’une manifestation culturelle organisée à Tunis, le dimanche 3 juillet 2011 par le mouvement Lam Echaml pour soutenir les artistes qui ont été agressés ou harcelés ces derniers mois pour leurs positions, des islamistes radicaux ont saccagé la salle où la manifestation a eu lieu et s’en sont pris aux participants armés de bâtons et de couteaux. Ils voulaient interdire la projection d’un film, révèle le site Internet tunisien Businessnews. Quant au mouvement (islamiste) Ennahdha, son leader Rached Ghannouchi a exprimé lors d’une conférence de presse tenue lundi 4 juillet, ses simples regrets face à ces violences, les expliquant selon lui par les multiples provocations qui touchent à l’identité arabo-musulmane du pays. Le dirigeant islamiste ne pouvait pas en effet ignorer ces violences, lui qui cherche aujourd’hui à donner à son parti l’image d’un parti islamiste assagi à la turque, mais ne pouvait pas non plus aller trop loin dans la condamnation des violences islamistes au risque de se couper de sa base.

 

Bref, il y aurait en Tunisie, une confrontation de deux modèles de sociétés. Le premier est un modèle religieux importé des pays du Golfe. Il profite d’un soutien financier important. Il profite aussi d’une base qui, même si elle n’est pas très nombreuse, est très active, disciplinée et organisée. Les militants de cette vision religieuse du monde et de ce modèle sociétal ne rechignent pas à utiliser tous les moyens allant jusqu’à soudoyer, intimider, violenter, agresser et terroriser, affirme Business.com. Ils profitent de la faiblesse toute compréhensible de l’Etat dans cette phase de transition pour essayer de s’imposer envers et contre tous.

 

Autre exemple. Nous venons d’apprendre que la commission de réforme politique tunisienne a adopté un "pacte républicain", qui affirme notamment le refus de toute normalisation des relations avec Israël.

 

Le « pacte républicain », qui servira de base à la future Constitution tunisienne, vient d’être adopté à la majorité par la commission de réforme politique tunisienne. La teneur du document n’a pas été communiquée par Yadh Ben Achour, le président de la commission, qui a simplement annoncé l’adoption de ce pacte lors d’une conférence, vendredi, annonce le site Internet Jeuneafrique.com.

 

Mais la presse arabophone s’est emparée de la question, et a diffusé le contenu précis du document. Lequel stipule que la Tunisie est définie comme un État « démocratique et libre […] Sa langue est l’arabe et sa religion est l’islam ». La mesure sur laquelle la polémique a de fortes chances de porter concerne les relations avec Israël. « Toute forme de normalisation avec l’État sioniste » y est proscrite, alors que la nouvelle Tunisie affirme son soutien à la cause palestinienne.

 

La mention avait fait l’objet de désaccords et était l’une des causes du retrait de la commission du parti islamiste Ennahdha. La formation politique avait insisté sur le caractère essentiel d’inclusion de cette motion dans le pacte républicain, tandis que d’autres ne la jugeaient pas nécessaire.

 

Est-ce cela la Tunisie de l’après Ben Ali ?

 

Le chantage qui est exercé par le mouvement islamiste -prétendument modéré- Ennahdha est tout simplement inadmissible. La Tunisie pourrait être (dans cette rive de la méditerranée) un pont entre toutes les cultures, un pont pour rapprocher l’Orient et l’Europe. La Tunisie pourrait être un carrefour, ouvert au dialogue, un pays épris de paix. A défaut, la Tunisie va-t-elle se fermer, se figer, s’enfermer ?

Pauvre Tunisie amie, qui sous le diktat d’Ennahdha n’a rien de mieux à faire que de conspuer Israël ou de faire la chasse aux intellectuels.

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