Tunisie : les touristes français délaissent le pays qui peine à se redresser
Ministre en charge du tourisme jusqu’aux prochaines élections prévues début 2014 Jamel Gamra mène des actions à court terme. Il faut sauver l’arrière-saison. Il travaille aussi à moyen terme en recadrant les priorités et les missions de l’étude stratégique du secteur tourisme « Horizon 2016 ». Pour lui, « Le tourisme est un choix économique et stratégique irréversible ».
Rencontré en marge de la soirée « Pour la Tunisie qu’on aime », Jamel Gamra ministre du tourisme de Tunisie veut rassurer un marché français inquiet d’avoir vu arriver au pouvoir tunisien un parti de tendance islamique.
«Le tourisme est un choix économique et stratégique irréversible Ce qui se passe en Tunisie est historique. Il y a un changement profond dans la société. Le parti majoritaire au pouvoir évolue».
Il donne en exemple Hamadi Jebali, Premier ministre issu du parti Ennahda il a démissionné pour ne pas avoir été suivi dans sa volonté de faire entrer des technocrates apolitiques dans le gouvernement.
Jamel Gamra qui se dit apolitique est intervenu pour que les prêches et le prosélytisme qui commençaient à se développer sur les plages (notamment Hammamet) prennent fin. Ils ont pris fin.
Associer les pouvoirs publics et la société civile
Le ministre, en concertation avec l’ONTT et les professionnels du tourisme tunisiens, a pris en main l’étude stratégique « Horizon 2016 » en recadrant les priorités et les missions.
Rappelons qu’en mai 2009 le ministère du tourisme tunisien confiait au bureau de Consulting Roland Berger une étude stratégique du secteur touristique.
Restée dans les cartons après la révolution du 14 janvier 2011 elle est bien relancée.
« Cette stratégie doit englober les tunisiens eux-mêmes, avec leur personnalité, leur caractère, la fierté qu’ils ont de leur histoire, de leurs métiers et de leurs réalisations, de leur culture et de leurs traditions » a dit en substance Jamel Gamra.
Associer la société civile au développement du tourisme est une tendance forte du moment.
Dans cet esprit Jamel Gamra met en place des Conseils Régionaux du Tourisme où siègeront des représentants des Autorités Locales, des ministères du tourisme, de l’environnement et de l’intérieur ainsi que les professionnels du tourisme (hôteliers, agents de voyages etc.).
Ils auront pour mission d’identifier les difficultés auxquelles ils sont confrontés, de faire des propositions et de les remonter au Conseil National qui à Tunis, sera composé de représentants des pouvoirs publics et de la société civile.
Le marché français toujours le plus « frileux »
Il y aura du monde en Tunisie durant les mois de juillet et août prochains. Néanmoins, l’année 2013 peine à se redresser en raison des méventes des premiers mois de l’année.
« Nous nous étions préparés à un mauvais hiver après les évènements de l’ambassade des Etats-Unis en septembre 2012 puis de l’assassinat le 6 février 2013 du leader de gauche Chokri Belaid » nous déclarait récemment Habib Amar, directeur général du Tourisme de Tunisie.
Les images abondamment retransmises des heurts violents opposant policiers et salafistes à Tunis et Kairouan (19 mai dernier) n’ont semble-t-il pas eu d’effets négatifs sur les ventes.
La « haute saison » se présente plutôt bien. Les carnets de commandes se remplissent d’autant mieux que les ventes de dernières minutes entrent en action.
Tous marchés confondus les chiffres de l’avant-saison étaient proches de 2012. En effet, de janvier à fin mai 2013 le trafic global enregistrait une augmentation de 0,5 % par rapport aux 5 premiers mois de 2012.
Il reste encore en retrait de 13 % par rapport à 2010 l’année de référence d’avant la révolution.
Quant au marché français, il confirme sa frilosité par rapport aux autres marchés européens. Durant la même période il était à moins 20 % par rapport à 2012 et à moins 32 % par rapport à 2010.
Le CETO soutient l’opération « Pour la Tunisie qu’on aime ».
Pour relancer l’arrière-saison le tourisme tunisien organise une série de manifestations artistiques et populaires.
Les soirées, les journées, les semaines promotionnelles vont se succéder en Tunisie et dans les grands marchés émetteurs. Elles devraient rassurer un public encore hésitant.
René-Marc Chikli président du CETO trouve incompréhensible ce recul du marché français au vu des autres marchés européens qui progressent.
« La Tunisie est une destination importante dans l’activité des tour-opérateurs. Pour certains elle est même essentielle pour atteindre l’équilibre et préserver les emplois ».
Le CETO a soutenu la manifestation du 10 juin « Pour la Tunisie qu’on aime ». En organisant sa prochaine conférence de presse dans les salons de l’Ambassade de Tunisie à Paris (20 juin) il lance un message fort.
La Tunisie est depuis des lustres la première destination moyen-courrier vendue par les voyagistes français. Durant l’été dernier (mai à août 2012), en dépit du ralentissement des ventes, les TO membres du CETO avaient réalisé un trafic de 228 230 clients à forfaits sur la Tunisie.
Durant la même période la Turquie (150 340), la Grèce avec la Crète et Rhodes (139 500) suivaient loin derrière.
Laurent Fabius rassurant
Notre ministre des Affaires Etrangères s’est mis de la partie. Le 14 mai dernier en déplacement à Tunis pour préparer la visite de François Hollande il a fait part de sa confiance sur le processus de démocratisation de la Tunisie. Il s’est montré confiant sur le tourisme.
Depuis le patron du Quai d’Orsay a renouvelé cette confiance. « Le travail sur la constitution fait ressortir beaucoup de points d’accord… Cela va dans le bon sens… ».
Voilà qui a du poids quand on sait l’impact du Quai d’Orsay et de sa rubrique « Conseils aux voyageurs » sur les prises de décisions des consommateurs voyageurs.
De son côté l’infatigable Mohamed Ali Toumi, président de la Fédération des agences de voyages de Tunisie est l’initiateur d’un grande manifestation tunisoise. Ce sera le samedi 22 juin, sur la célèbre avenue Bourguiba.
Les promeneurs, les visiteurs, les touristes seront invités à rencontrer dans des stands ouverts des artistes et des artisans de tous domaines (gastronomie, chants et danses, théâtre, peintures, dessins etc.). « Avant tout, cet évènement festif doit être vecteur d'émotions fortes et de fraternité entre les tunisiens et les pays amis. Le message est de les inviter à revenir dans cette Tunisie que nous aimons tant t et qui ne se résume pas à ce que les medias en disent ».
Pour cette opération Mohamed Toumi a su s’entourer. Il a en effet le soutien de l’ONTT et des Ministères de l’Intérieur, du Tourisme, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports.
Jean-Michel Jarre à Carthage le 12 août
Comme chaque été les festivals de musique vont se dérouler à travers la Tunisie. Parmi les temps forts, El Djem et Carthage.
La 28e édition du Festival International de Musique Symphonique qui se déroule dans le magnifique amphithéâtre romain de El Djem (classé au Patrimoine de l’UNESCO) s’ouvrira avec l’orchestre symphonique de… Rome (28 juin). Ce sera une première.
C’est dans le théâtre romain et dans le cadre du 49e Festival International de Carthage (12 juillet - 17 août) que Jean-Michel Jarre se produira. Le mega-concert-événement du pape de la musique électronique aura lieu le 12 août.
Rédigé par Michèle SANI
Commentaires
Publier un nouveau commentaire