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Tunisie: Près de la moitié des femmes sont victimes de violences

 

Tunisie: Près de la moitié des femmes sont victimes de violences

 

 

Les résultats de l’enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes en Tunisie menée par l’Office nationale de la Famille et de la population (ONFP) et l’agence Espagnole de coopération internationale, ont été révélés aujourd’hui à Tunis.

Cette enquête menée auprès de 4200 ménages, a concerné 3873 femmes âgées entre 18 à 64 ans.

L’objectif de l’enquête était d’estimer la fréquence des violences fondées sur le genre : violences verbales, psychologiques, physiques, économiques et sexuelles subies par les femmes dans leur différents cadres de vie : le cadre familial, le couple, les sphères publiques, la sphère professionnelle.
L’enquête dévoile les déterminants de la violence, identifie les profils de femmes spécialement vulnérables à la violence et analyses de la violence sur la santé et la qualité de vie des femmes.

L’expérience des femmes de la violence, a été mesurée en posant une série de questions sur des actes de violences précis. Si la femme répond par l’affirmative, les enquêteurs lui demandaient si elle avait subi cet acte dans les 12 derniers mois et à quelle fréquence. 47.6% des femmes âgées entre 18 et 64 ans ont déclaré avoir subi au moins une forme de violence durant leur vie. La prévalence globale est plus élevée chez les femmes les plus âgées, sans qu’il n’y ait une différence significative entre le milieu urbain et le milieu rural.

La prévalence est par ailleurs, plus élevée dans la région du Sud Ouest, avec un taux de 72.2% de violences subies parmi les femmes interrogées. La prévalence est la moins faible dans le Centre-Est, avec 35.9%. Selon le rapport de l’enquête, le niveau d’éducation n’est pas statistiquement associé à la violence, tandis que le statut professionnel l’est. Les femmes au foyer y sont plus exposées que celles qui travaillent.
Parmi les femmes interrogées, 1807 d’entre elles ont été victimes de violences durant leur vie, 1212 en milieu urbain et 595 en milieu rural. Celles qui ont entre 41 et 64 ans sont au nombre de 872, soit 49.9% % du total de cette tranche. 352 des femmes ayant subi des violences durant les 12 derniers mois, sont analphabètes et 107 ont poursuivies des études supérieures. Parmi les 1205 femmes qui ont subi des violences durant les 12 derniers mois, 205 femmes travaillent et 934 sont au foyer.

Le rapport relate que la violence physique est la plus fréquente, suivie de très près par la violence psychologique. Viennent ensuite la violence sexuelle et la violence économique. 31.7% des femmes ayant subi une violence durant leur vie, disent avoir été victimes de violence physique, alors que 28.9 ont subi une violence psychologique, 15.7% une violence sexuelle et 7.1% une violence économique.

La sphère intime (le mari, fiancé, ami) constitue le premier milieu dans lequel la femme subit la violence physique. Vient ensuite l’espace familial (père, frère, autre homme de la famille). Le partenaire intime est l’auteur de la violence physique dans 47.2% des cas, de la violence psychologique dans 68.5%, de la violence sexuelle dans 78.2% et de la violence économique dans 77.9% des cas.

Dans le milieu familial, le père ou une femme de la famille, sont le plus souvent auteurs de la violence physique. C’est en premier lieu une femme de la famille qui exerce la violence psychologique (9.2%) et c’est le frère qui est responsable de 0.1% des violences sexuelles que les femmes ont subi durant toute leur vie.

Par ailleurs, le harcèlement au travail est déclaré par 6% des femmes qui travaillent ou ayant travaillé dans le passé.

L’acte de violence le plus subi par les femmes est « être giflé par le partenaire ». Quant à la prévalence des actes de violences psychologiques, 11.3% des femmes disent avoir été choquées par des paroles blessantes/grossières, 9.3% ont été menacées de violence. Durant les 12 derniers mois, 7.1% des femmes ayant subi une violence sexuelle ont dit avoir été obligées d’avoir des relations sexuelles, et 3 % le partenaire leur imposait des pratiques sexuelles qu’elles n’approuvaient pas.

Au sujet de la violence économique, les résultats de l’enquête dévoilent que 2.3% victimes disent avoir été privées de leurs besoins alimentaires et vestimentaires. 2% répondent que leur conjoint ne dépensait pas pour le foyer et les enfants.

L’enquête a été menée dans les sept régions économiques du pays (district de Tunis, Nord Est, Nord Ouest, Centre Est, Sud Est, Sud Ouest). Selon le rapport, l’enquête a tyé bien acceptée par les femmes interrogées « les femmes étaient non seulement disposées à répondre aux questionnaires, mais aussi disposées à parler de leurs vécus de la violence », indique le rapport. Il n’en demeure pas moins que 65.4% des femmes ayant subi une violence ne portent pas plainte et ne demandent pas de l'aide «de peur d’aggraver les violences », 54.8 % d’entre-elles ne portent pas plainte parce qu’elle croient que «la violence est ordinaire et ne mérite pas », et 13.8% car elles « ont peur d’entacher la réputation de la famille ».

C.K

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