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TUNISIE : Une cacophonie préélectorale

TUNISIE : Une cacophonie préélectorale

 

 

Une myriade de candidatures pour les législatives du 26 octobre et la présidentielle du 23 novembre, et des programmes qui s'apparentent à des guides de bonne conduite. Toutefois, on peut entrevoir dans ce bouillonnement quatre courants de pensée.

A la veille des élections législatives du 26 octobre et de la présidentielle du 23 novembre 2014, les candidats à chacun de ces scrutins se bousculent pour occuper les devants de la scène et nous faire part, pêle-mêle, de leur attachement à la Tunisie, à son identité arabo-musulmane et à la démocratie, de leur détermination à lutter contre le terrorisme, les inégalités régionales, le chômage, la précarité, la corruption... Et patati ! et patata ! Un guide de bonne conduite en matière d'administration et de gestion des affaires publiques.

Certains de ces candidats sont des routiers de la politique ayant fait partie soit des gouvernements qui se sont succédé après le 14 janvier 2011 [chute du régime dictatorial de Ben Ali], soit de l'opposition. D'autres sont des nouveaux venus, représentants de micropartis, ou se présentant à titre individuel, et sont pour la plupart méconnus du public. Enfin, d'autres sont des revenants, ayant roulé leur bosse sous le régime de Ben Ali.

Tout ce beau monde a de quoi donner le tournis, tant il forme une cohorte de plusieurs centaines de personnalités [pour le scrutin du 26 octobre on dénombre quelque 15 652 candidats sur 1 327 listes et, pour la présidentielle, 27 candidats], qui plus est, tenant des discours difficiles à décrypter pour le commun des mortels. Lequel perd son latin à discerner ce qui les différencie, à saisir une ligne de démarcation, une conviction que l'orateur cherche à partager. Dans cette cacophonie aussi étourdissante qu'ennuyeuse, on peut cependant entrevoir quatre courants de pensée assez distincts.

• Un modèle de type social-libéral

Primo, une orientation foncièrement moderniste, s'inscrivant dans l'action réformatrice initiée par les pères fondateurs de la Tunisie moderne, allant de Kheirreddine Pacha à Habib Bourguiba, en passant par Abdelaziz Thâalbi et Tahar Haddad, et s'enrichissant des récents acquis de l'humanité en matière des droits de l'homme, de justice sociale et de libertés individuelles et collectives. L'un des objectifs de cette tendance – et non le moindre – est la restauration de l'autorité de l'Etat civil et la stricte application de la loi. Au plan économique, le modèle proposé est de type social-libéral.

Ce courant est porté par une pléthore de partis, de coalitions (Union pour la Tunisie, Front du salut, etc.), voire de candidats indépendants dont le positionnement sur l'échiquier politique est toutefois malaisé à cerner tant ils sont hétéroclites, avec des militants venus de divers horizons. Nidaa Tounès [Appel de la Tunisie, fondé en juin 2012] en est l'illustration la plus édifiante.

• Les islamistes : entre conservatisme et mercantilisme

Secundo, une orientation assez conservatrice, se réclamant de l'islam "modéré", prônée par un groupe de partis plus ou moins proches du parti islamiste Ennahda, l'incontestablement leader. A l'inverse de la plupart des autres partis, ce dernier est bien connu des Tunisiens pour avoir gouverné le pays avec deux alliés de fortune pendant trois ans [le Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste), et le parti Ettakatol (gauche, social-démocrate), formant la troïka mise en place en novembre 2011].

Ennahda et ses acolytes continuent de proposer un programme dont les grandes lignes ne diffèrent guère de celles annoncées à la veille des élections d'octobre 2011, avec cependant quelques nuances. En particulier l'insistance sur le respect des différentes dispositions de la Constitution [adoptée le 26 janvier] d'une part et la compatibilité de l'islam avec les valeurs universelles – y compris démocratiques – d'autre part.

Au plan économique, fidèles à leur idéologie, les tenants de ce courant de pensée privilégient l'initiative privée selon la célèbre formule : "Enrichissez-vous !" L'inégalité sociale grandissante qui en résulterait serait atténuée, voire compensée, par une assistance accrue, apportée aux couches sociales les plus défavorisées.

• La gauche : réconcilier le couple capital-travail

Tertio, une orientation "gauchisante" portée par une coalition de petits partis formant le Front populaire, situé à gauche de l'échiquier politique, avec toutefois la recherche d'un terrain d'entente, d'une synergie au sein du couple capital-travail.

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