Victor Valensi (17 juillet 1883 - 7 septembre 1977), architecte.
Son père, Raymond Valensi (18 octobre 1847-14 septembre 1942), était lui-même ingénieur des Arts et Manufactures et architecte, vice-président de la Municipalité de Tunis (1883-1887) et président de la Communauté juive portugaise de Tunis.
Victor Valensi est formé à l’École des Beaux-Arts de Paris ; il obtient, en 1913, son diplôme sur le projet de synagogue de Tunis avec lequel il vient de remporter le concours ouvert grâce aux fonds octroyés par le mécène Daniel Iffla Osiris pour doter Tunis d’une grande synagogue.
C’est la synagogue la plus remarquable qui ait été conçue à cette date en Afrique du Nord : alliant modernité et ancrage dans la culture vernaculaire, elle anticipe l’Art Déco au point qu’on la croit typique de la période durant laquelle elle est enfin construite (1932-1937).
Après avoir fait la Guerre 1914-1918, Valensi devient architecte-conseil de la Ville de Tunis et donne un plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension (1920) où il s’efforce de concilier les mutations d’une ville en pleine expansion et la préservation du patrimoine de la médina.
Très tôt, il se révèle défenseur d’un régionalisme moderne, élaborant une conception de l’architecture méditerranéenne qui l’amène également à promouvoir l’artisanat local. Il publie dans cet esprit L’Habitation tunisienne (1923) où il réunit des bâtiments anciens et des créations contemporaines, dont certaines de ses villas : dans ce domaine, en particulier à La Marsa, il satisfait une clientèle privée en dessinant des villas modernistes par leurs formes, mais ornées de motifs traditionnels, car il était en quête de ce qu’il qualifiait comme « la personnalité de l’architecture tunisienne ».
Il travaille également pour l’État tunisien et dessine, en particulier, les pavillons représentant la Tunisie aux expositions internationales à Paris en 1925, 1931 (à l’issue de laquelle la qualité de son pavillon et de la reconstitution des souks tunisiens lui valut la rosette de la Légion d’Honneur) et 1937, et à Bruxelles en 1958. Ces pavillons, au pittoresque obligé puisqu’ils comportent souvent des souks et des minarets, sont aussi l’occasion d’associer des formes traditionnelles, les métiers d’art et des options plus modernistes. Pour la communauté juive de Tunis, outre la Grande synagogue, Valensi réalise divers travaux dont la Garderie israélite (1938) édifiée dans la Hara (quartier juif de Tunis).
En 1931-32, il participe – ses concurrents étant Perret, Le Corbusier, Mallet-Stevens, Sauvage, Jacques Carlu, etc. – au concours d’urbanisme lancé par Léonard Rosenthal pour la Voie triomphale menant de la Porte Maillot à la Défense.
Il fut aussi professeur à l’École des Beaux-Arts de Tunis. Après l’Indépendance, il demeura dans cette ville, effectuant surtout des travaux d’aménagement et des constructions privées.
Bibliographie
Jellal Abdelkeffi, La Médina de Tunis, Paris, CNRS, 1989.
Colette Bismuth-Jarrassé et Dominique Jarrassé, Synagogues de Tunisie. Monuments d’une
Histoire et d’une identité, Kremlin-Bicêtre, Éditions Esthétiques du Divers, 2010.
Victor Valensi, L’Habitation tunisienne, Paris, Massin, 1923.
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