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Wadi Saleh : un cas d’école

La famille Tamimi au complet aux prises avec le soldat. Ahed mord la main du soldat, son père, au T-shirt vert, apparaît en arrière-plan Abbas Momani, de l’AFP, décrit les évènements à sa façon1 particulière

Wadi Saleh : un cas d’école (info # 010209/15)[Analyse]

Par Ilan Tsadik © MetulaNewsAgency

 

Mohamed Bilal Tamimi n’était visiblement pas gêné par un bras plâtré, vendredi dernier, lorsqu’il lançait des pierres, en compagnie d’autres adolescents, sur les soldats israéliens, aux abords du village de Wadi Saleh, non loin de Ramallah.

 

Ces six ou sept émeutiers faisaient partie d’une petite manifestation qui n’avait pas réuni plus d’une trentaine de participants. Il s’agit en fait d’une procession qui se déroule chaque semaine à cet endroit, et qui dégénère, chaque semaine de la même manière, censée protester contre l’édification prévue à proximité d’un mur de sécurité et contre l’extension de l’implantation de Khalamish.

 

Tsahal est là pour empêcher que les trublions ne s’en prennent au village israélien et à ses habitants.

 

Longtemps impassibles sous la pluie de cailloux, les militaires finirent par riposter par des tirs de grenades lacrymogènes, puis à procéder à des arrestations, dont celle de Mohamed Bilal. Sur les images à disposition, on voit un soldat en particulier intimer au garçon l’ordre de s’arrêter.

 

Loin d’obtempérer, et malgré son bras en bandoulière, le gamin se rue vers un endroit déterminé à l’avance, où se trouve déjà toute sa famille aux aguets. Le soldat ne le sait pas encore, mais il est tombé droit dans un piège préparé par le père du fuyard, Bassem, un Palestinien spécialisé dans l’organisation et la mise en scène de confrontations provoquées entre des enfants palestiniens et des combattants de Tsahal.

 

Il en a fait son business, montant même une agence d’information à son nom, Tamimi Press, impliquant sa femme Narimen, des proches et ses autres enfants dans cette aventure qui les fait vivre.

 

Bassem avait d’ailleurs été arrêté par les forces de sécurité pour avoir – bien à l’abri sur un toit – donné des instructions à sa progéniture pour provoquer l’Armée, au risque de se prendre des baffes largement méritées et de se faire interpeler. Les mioches, bien entraînés, vont se placer à vingt centimètres des militaires, le poing tendu dans leur direction, et les traitent de tous les noms, à commencer par pédé et fils de pute, leur proposant également d’aller b… leur mère au lieu de faire du mal à de paisibles enfants. C’est qu’on a très tôt du vocabulaire, chez les Tamimi. [Voir la vidéo2 commentée avec humour par JPL]

 

L’une des filles de la smala, Ahed (Deuil, quel gentil prénom), une très mignonne petite peste blonde bouclée, est d’ailleurs devenue une star en Cisjordanie et parmi ceux qui détestent les Hébreux. Elle a atteint la notoriété grâce à une scène montée par son papounet, où on la voyait et on l’entendait insulter des soldats.

 

Pour ce fait d’armes, elle a été reçue en grandes pompes par le président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas et par le grand ami des Juifs, qui leur impute les coups de grisou dans les mines et les tremblements de terre, le visionnaire qui prétend que les Turcs sont allés dans la lune avant les Américains – lui y est apparemment resté – Recep Erdogan.

 

A moins d’un authentique miracle, Ahed n’aurait pas pu se trouver à Wadi Saleh vendredi dernier, impliquée dans une nouvelle saynète qui allait aussi effectuer le tour du monde. Les miracles sont, en général, confinés à la bible, et il n’y a que Zorro en personne pour se trouver toujours sur le lieu d’une injustice.

 

Car à peine le soldat avait-il rattrapé et immobilisé Mohamed Bilal, que papa Bassem, intrépide mais visiblement pas téméraire, deux ou trois pas en retrait, lançait Ahed, sa femme et le reste de ses figurantes de tous âges à l’assaut du militaire. Ce dernier eut le grand mérite de ne pas s’emporter, ne rendant pas les coups qu’il recevait, se contentant de protéger l’accès à son arme que la bande des Tamimi tentait de toucher.

 

A deux mètres de là, une petite dizaine de reporters-photographes filmait la scène en se léchant déjà les babines de l’usage qu’ils pourraient faire de leurs photos et de leurs vidéos.

 

D’abord, et contrairement à ce qui a été dit ci et là, la présence de ces confrères à Wadi Saleh est absolument anodine. Ils s’y retrouvent tous les vendredis, ainsi qu’à deux ou trois autres endroits où les frictions se produisent régulièrement, pour tenter de "saisir l’insolite". Aussi, lorsqu’ils aperçoivent l’équipe de tournage de la tribu Tamimi dans les parages, ils pressentent judicieusement qu’il y aura du boudin à déjeuner.

 

Effort minimum, salaire maximum pour ces espèces de collègues que nous croisons parfois au cours de nos reportages. Ils procèdent en meute, toujours ensemble sur le même lieu, à prendre exactement les mêmes images en y ajoutant peu ou prou les mêmes commentaires. Ils ne sont pas en chasse d’exclusivité, appartenant aux grandes agences, Reuters, l’AP, l’AFP, auxquels s’ajoutent parfois une équipe d’une chaîne russe, d’un media asiatique ou d’une TV arabe, visiblement dépaysés.

 

Ils sont palestiniens, israéliens, français, anglais ou américains mais sont tous comme issus d’un même moule : ils ont la haine d’Israël aux tripes, l’esprit cadenassé comme le coffre-fort d’une banque. Ils vous diront, en ricanant, que l’Affaire Dura était authentique et que c’est honteux de mettre en doute l’intégrité de journalistes de la trempe d’Enderlin ou de Talal Abou Rahma. Même ceux qui œuvrent pour l’AFP n’ont jamais entendu parler de la mise en scène3 montée et photographiée (on n’est jamais mieux servi que par soi-même) par leur camarade Hazam Bader dans le village d’Al Dirat, le 25 janvier 2012. On y voyait un ouvrier palestinien se faire rouler sur l’abdomen par un tracteur agricole et sa remorque, conduits par un soldat israélien.

 

Du bidon de A à Z. Et quand après avoir fait l’âne pendant un bon moment, ils se rappellent enfin quelque chose, c’est pour vous dire que Bader est leur ami et qu’il n’aurait jamais commis une chose pareille, voire que nous n’avons pas saisi le sens de ses photos ou qu’il n’était pas en charge du commentaire.

 

Nous essayons parfois d’engager un débat sensé avec eux, mais c’est peine perdue, on se heurte à la langue de bois, à croire qu’on a affaire à un commissaire politique en URSS en 1950.

 

Autre phénomène aggravant pour la libre information du public, tous les journalistes arabes présents, de même que le personnel médical, le cas échéant, sont parfaitement synchronisés pour faire croire l’incroyable. Dans le cas d’Al Dirat, l’équipe médicale d’un hôpital voisin avait dressé le diagnostic du "blessé". Un compte-rendu dont le professionnalisme, disons aléatoire, avait fait rire aux larmes les médecins auxquels nous l’avions présenté ; y compris des urgentistes palestiniens.

 

Les reporters qui étaient à Gaza, lors de Rocher Inébranlable, ont tous dressé la même image de la situation, uniquement portée vers la victimisation des Palestiniens. Ils n’ont rapporté strictement aucune image des miliciens du Hamas, ni au combat, ni dans les hôpitaux, devant lesquels ils avaient pourtant posté des caméras en permanence. Ils ont voulu faire croire que la guerre opposait Tsahal à une armée de civils désarmés, et, malheureusement, ils y sont parvenus dans une large mesure.

 

Restons clairs : ces "professionnels" ne sont pas là pour rechercher la vérité, mais uniquement des images et des témoignages servant à discréditer les Israéliens. Jamais vous ne verrez dans leurs reportages la moindre esquisse d’humanité parmi les soldats hébreux. Leurs caméras filment certes en couleurs, mais ce qui en sort est en noir et blanc.

 

Le cas de Mohamed Bilal Tamimi est toutefois différent de celui de Mohamed Dura ; ne serait-ce qu’en cela que les personnages de vendredi dernier ne sont pas fictifs, que le soldat est un vrai soldat, et son Tavor, un vrai fusil-mitrailleur.

 

De plus, et cela a son importance, à Wadi Saleh, personne n’a prétendu que l’enfant est mort, ni même que quelqu’un a été blessé. Cette constatation nous en inspire une autre : les images-choc, à nouveau généreusement distribuées aux media par l’AFP, la pire officine de désinformation à sévir dans notre région, nous semblent parfaitement anodines.

 

On y voit un militaire immobiliser un adolescent qui lui a lancé des pierres. Et alors ? Il n’est à l’origine d’aucune violence ; il a, bien au contraire, un comportement exemplaire en ne répondant pas à l’agression en règle – verbale et physique – de la famille Tamimi. Jamais il ne les menace de son arme, et jamais il ne sombre dans la tentation de s’en servir.

 

Placé en adéquation avec les 340 000 morts de la Guerre Civile en Syrie, et ses deux millions de blessés, sans compter les millions de déplacés, à trois heures de route de Wadi Saleh, cet incident et sa portée informationnelle réelle sont parfaitement ridicules. C’est de la non-information sur un non-événement, monté en épingle uniquement pour anathématiser à nouveau un comportement soi-disant inhumain, pseudo-systémique, de la part d’un combattant de Tsahal.

 

Le spectateur est invité à croire qu’il y aurait un usage intempestif de la force à immobiliser un lanceur de pierres de treize ans. Pourquoi ? Parce qu’il hurle plus fort que les quatre malheureux qui viennent d’être brûlés vifs par DAESH ? Parce qu’il a un bras bandé ? C’est tout ?

 

J’ignore tout des lois de la physique selon AFP, mais ici, une pierre lancée par une fronde peut blesser très grièvement celui qui la reçoit, même lorsqu’elle est tirée par un adolescent. Un adolescent qui hurle parce qu’on lui a appris à hurler, et qui pense peut-être que cela lui vaudra, comme pour sa sœur, un voyage en Turquie, et pas parce que le soldat lui fait mal. Un adolescent dont personne n’a vérifié l’authenticité de la blessure, que je parierais, sur la somme de mon expérience en palestino-comédie, factice.  

 

Le problème ne réside pas dans l’existence de l’agence Tamimi. Il procède de ce que leurs saynètes jouissent d’une vaste clientèle ; d’abord au sein d’une véritable caste de reporters dégénérés qui donnent entière satisfaction à leurs agences de presse qui en redemandent. Ensuite, parmi les media arabe qui s’en amusent. Ensuite, encore, entre les media occidentaux, français en particulier, qui s’en délectent. Et, pour terminer, pour certains hommes d’Etat arabes et musulmans, dont ces légendes urbaines dont ils héroïsent les acteurs, servent de fonds de commerce.

 

Carton jaune, pourtant, pour ces reporters indélicats : leurs clients, journaux, stations de radio et chaînes de télévision commencent à se lasser. Face à un parti-pris, à un décalage aussi flagrant avec la réalité moyen-orientale, des media, même français, à l’instar du Figaro4, commencent à se poser des questions et réintroduisent au moins un semblant de recherche d’équilibre.

 

Dans un pays un peu moins pollué par l’anti-israélisme primaire, en Grande-Bretagne, où les journalistes n’ont pas égaré l’ensemble de leur curiosité et où il est permis de se demander si la Controverse de Nétzarim n’était pas une mise en scène sans recevoir illico sa lettre de licenciement, les réactions sont plus déterminées.

 

Comme dans le cas du Daily Mail, qui a d’abord titré : "Un moment extraordinaire d’une femme palestinienne qui s’est battue et qui a frappé un soldat israélien après qu’il eut immobilisé un garçon avec un bras cassé au bout de son fusil", pour modifier ensuite son titre en "Des questions se posent au sujet d’une image choquante de Cisjordanie, d’un garçon avec un bras cassé immobilisé par un soldat israélien au bout de son fusil, après qu’une fille de 13 ans, vue en train de l’attaquer [le soldat] se révèle être une star prolifique de Pallywood".

 

Quant au Telegraph, peu connu pour ses sympathies pro-israéliennes, après être lui aussi tombé dans le panneau, il a purement et simplement retiré l’article des colonnes de sa version électronique.

 

C’est peut-être un début de réaction salutaire, mais le nombre des media fustigeant l’Etat hébreu pour cette affaire prédomine toujours nettement sur ceux qui commencent à réfléchir.

 

Mais ce qui nous inquiète le plus, à Métula, c’est évidemment l’existence de cette demande pour de telles désinformations, la teneur biaisée en permanence des dépêches de l’AFP, et la propension généralisée des media français à participer à la vindicte anti-israélienne.

 

Deux choses à ce propos nous apparaissent évidentes : premièrement, que l’inspiration de ce traitement défavorable est d’origine antisémite. Deuxièmement, que ce traitement n’est pas dissociable des actes de violence de musulmans extrémistes comme l’attaque de l’école talmudique à Toulouse, l’assassinat collectif dans le supermarché casher, les tortures infligées à Ilan Halimi et les meurtres du Musée juif de Bruxelles.

 

Tant que les media en général, des pays francophones en particulier, ne seront pas soumis à l’obligation de réserve et de vérité à l’égard d’Israël, tant que le gouvernement français décernera la légion d’honneur aux Charles Enderlin, la violence antisémite ne cessera de croitre, jusqu’à – et on n’en est pas loin – atteindre le seuil d’irréversibilité.

 

 

 

Les liens :

 

1 http://blogs.afp.com/makingof/?post/israel-nabi-saleh-tamimi-a-deux-doigts-du-desastre

 

2 https://fbcdn-video-n-a.akamaihd.net/hvideo-ak-xlf1/v/t42.1790-2/11945686_10153522420799641_138009657_n.mp4?efg=eyJybHIiOjkxNiwicmxhIjoyNDgxfQ%3D%3D&rl=916&vabr=509&oh=3d853488a69f3bec6e560be6df88bacf&oe=55E71D55&__gda__=1441210363_aa12ebc655320ebad097ee2d5272e216

 

3  https://groups.google.com/forum/#!topic/forumculturel/nbLfG59fxCs

 

4   http://www.lefigaro.fr/international/2015/09/01/01003-20150901ARTFIG00371-un-jeune-palestinien-et-un-soldat-israelien-au-coeur-d-une-guerre-des-images.php

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