Ah ces Femmes …qui Font de la Politique !

 Ah ces Femmes …qui Font de la Politique !

Par Albert Soued, écrivain

Les femmes réussissent dans les affaires et commencent seulement à s’intéresser à la politique. Dans l’Union européenne, on compte déjà 3 présidentes et 5 chefs de gouvernement dont celle de la France.

Dans la situation chaotique actuelle, due sans doute à une conjonction de facteurs défavorables à la démocratie, il est probable que si des femmes étaient au pouvoir, on aurait sans doute évité les menaces de guerre nucléaire.

On peut imaginer par exemple que 4 femmes exercent le pouvoir dans les 3 pays occidentaux du Conseil de Sécurité de l’Onu et dans un petit pays du Moyen Orient,  Israël.

Aux Etats-Unis, Nikki Haley, 50 ans, s’est distinguée comme ambassadrice aux Nations-Unies, après avoir été représentante et gouverneur de son état successivement pendant 12 ans. Née en Caroline du Sud de parents ayant la foi sikh, elle s’est convertie au méthodisme de son mari Michael, officier dans la Garde Nationale. Ils ont 2 enfants.

Avec 25 millions d'adeptes dans le monde les sikhs sont monothéistes et croient dans l'égalité des êtres humains, la liberté de religion et le service communautaire. Née au Penjab au 15ème siècle, cette religion a 3 principes fondamentaux : méditer sur le nom de Dieu et prier, gagner sa vie par des moyens honnêtes et partager le fruit de son travail avec les autres. « Sikh » signifie étudiant, comme « taliban » par ailleurs !

Issu de l’évangélisme protestant d’il y a 2 siècles, le méthodisme est un système de prière et d'étude pour faire grandir les chrétiens et les nouveaux convertis dans leur foi. Selon John Wesley, son promoteur, la grâce divine doit toujours précéder la décision libre de l'Homme. Le « méthodisme » compte 40 millions d'adhérents répartis dans 138 pays. Parmi eux, George W Bush, Hillary Clinton et sa fille Chelsea, Margaret Thatcher, Nelson Mandela, Nina Simone…

La journaliste anglaise Melanie Phillips a rapporté les qualités de clarté morale en politique de Nikki Haley (voir http://www.nuitdorient.com/n3587.htm )

Dans son bilan de Républicaine engagée, Nikki Haley porte une attitude offensive à l'égard de la Syrie, une fermeté vis-à-vis de Moscou, préconisant de lourdes sanctions contre la Corée du Nord ou encore un embargo sur les armes au Soudan du Sud. Elle défend une réforme de l'ONU, qui passerait par des économies, et critique des ONG défendant les droits de l'homme. Appliquant la politique de D Trump prenant le contre-pied du multilatéralisme, elle défend aussi le retrait des États-Unis de l'Office des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, de l'accord de Paris sur le climat, du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, de l'UNESCO et de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien.

Elle s’impose comme une « étoile montante » de la diplomatie américaine, ayant fortement encouragé le déménagement de l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem. Elle déclare que Donald Trump ne pourra pas briguer un nouveau mandat en 2024, celui-ci ayant « laissé tomber » le parti républicain et étant « tombé trop bas » en s'obstinant à refuser sa défaite à l'élection présidentielle de 2020. Nikki Haley est alors considérée comme une potentielle future candidate à la présidence des États-Unis.

En Grande Bretagne, pour succéder à Boris Johnson comme chef du Parti conservateur, la probabilité que Liz Truss, la ministre des affaires étrangères et du Commonwealth, 47 ans, soit choisie le 5 septembre semble sérieuse. Elle prendra alors la tête du gouvernement anglais jusqu’aux élections suivantes.

Liz Truss a fait des études de philosophie, politique et économie au « Merton College » d'Oxford, où elle obtient un « master of arts ».  A Oxford, elle dirige le groupe des libéraux-démocrates. Elle mène ensuite une carrière de directrice commerciale dans le privé. Elle est mariée et elle a 2 filles.

Elle est entrée en politique à 21 ans et élue membre du parlement, il y a 12 ans. Elle a appelé à la réforme dans divers domaines, notamment la garde d'enfants, l'enseignement des mathématiques et l'économie. Elle a fondé le groupe « Free Enterprise » des députés conservateurs et a écrit un certain nombre de livres, notamment « After the Coalition » (2011) et « Britannia Unchained » (2012). Après la démission de M. Cameron en juillet 2016, Lizz Truss a été nommée secrétaire d'État à la Justice et Lord Chancelier par Theresa May, devenant ainsi la première femme « Lord Chancelier » en 1000 ans d'histoire de la fonction ! « Lord Chancellor » est un des grands officiers d'État. Le titre est accordé au secrétaire d'État à la Justice.

Liz Truss est une championne du libre-échange, voulant incarner l’essence du conservatisme britannique. Ses convictions sont ancrées à droite, voire libertariennes. C'est un « faucon » en politique étrangère, n'hésitant pas à afficher des positions très tranchées contre la Russie et la Chine, et considère que le Royaume-Uni doit cimenter son alliance avec les États-Unis et l'Australie, plutôt qu'avec les autres pays européens.

Face à Rishi Sunak, son concurrent d’origine indienne pour la direction du parti, elle insiste sur son agenda audacieux, avec des baisses d’impôts massives dès le premier jour. Elle a les faveurs des militants conservateurs: 62 % la préfèrent, contre 38 % pour Sunak.

Néanmoins, elle vient de se compromettre dans des propos francs, mais peu diplomatiques, accusant la fonction publique d’avoir une «culture éveillée»  (woke culture) qui «s’est égarée dans l’antisémitisme». Elle a déclaré : «Chaque organisme a sa propre culture, mais elle n’est pas figée et peut être modifiée…C’est à cela que sert le leadership ministériel. Il s’agit de s’assurer que les politiques que nous représentons et les valeurs que nous défendons se traduisent dans ce que nous faisons….J’ai été très claire avec nos responsables sur les positions que nous prenons concernant Israël, et cela se poursuivrait si j’occupais le poste de 1er ministre ». Elle a ajouté que sa propre entreprise était une «valeur juive». On peut espérer que ce franc-parlé ne lui nuira pas.

Si elle est élue, elle deviendrait alors la 3ème femme à prendre la tête du pays, 3 ans après Theresa May, et plus de30 ans après Margaret Thatcher.

En Israël, Ayelet Shaked, 46 ans, née Ben Shaoul, à Tel-Aviv, de mère ashkénase, enseignante de la Bible hébraïque et de père irakien, comptable et Likoudnik.

Enfant issue de la classe moyenne traditionnaliste du quartier Bavli, elle est passionnée de politique. À sa majorité, elle rejoint l'Armée de défense d'Israël et occupe le poste d’éducatrice et responsable culturelle dans la brigade Golani. Après son service militaire, elle obtient un master en ingénierie électronique et informatique à l'université de Tel Aviv. Elle travaille ensuite au service marketing de la société Texas Instruments. Elle est mariée à Ophir Shaked, pilote de chasse dans la Force aérienne et spatiale. Et elle a 2 enfants.

En 2006 et pour 2 ans elle est directrice du cabinet de Benjamin Netanyahou, puis elle crée et développe le mouvement politique de droite « Mon Israël » avec Naftali Bennett.

A partir de là et pendant une dizaine d’années, dans un climat politique délétère et machiste, avec un grand nombre d’élections législatives successives et coûteuses, Ayelet Shaked cherche à trouver sa place, très difficilement. Entre les nombreux changements de cap, on peut noter sa campagne contre l'immigration illégale en provenance d'Afrique, qui représente une menace pour l'État d'Israël et un problème pour son économie, et contre la radio de l’armée, Galeï Tsahal, dont elle estime que la ligne éditoriale est politiquement de gauche ; elle voue à l'enfer les terroristes palestiniens et ceux qui les aident. Elle dénonce « ceux qui cherchent toujours à rendre Israël coupable ». Pour avoir une majorité gouvernable, le 1er ministre, Benjamin Netanyahou, nomme en  2015 Ayelet Shaked ministre de la Justice. Après avoir mené le combat pour le service militaire des ultra-orthodoxes, elle a pour ambition de diminuer les pouvoirs de la Cour Suprême d'Israël.

Parfois surnommée la « Dame de Fer » en raison de son intransigeance dans la répression des crimes et des délits commis par les Palestiniens ainsi que pour ses positions nationalistes, elle est favorable à la peine de mort pour les individus ayant commis des actes terroristes.

Elle est élue « femme de l'année » par le magazine Forbes en 2017. En2021, elle devient ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Naftali Bennett.

L'avenir politique d'Ayelet Shaked est en question après la création d’un nième nouveau parti « Esprit sioniste », avec Yoaz Handel, parti qui a peu de chances d’exister dans la prochaine Knesset du 1er novembre 2022, toujours morcelée en une douzaine de partis.

La droite est majoritaire en Israël, mais elle ne parvient pas, dans le système électoral et l’ambiance politique du pays, à trouver une majorité unie et stable pour gouverner normalement. Ayelet Shaked essaie de rassembler cette droite, sans succès pour le moment. Une question, pourquoi n’a-t-elle pas pu faire son chemin dans le Likoud ?

En France, Elizabeth Borne, 61 ans, est 1er ministre depuis quelques mois, après avoir été Ministre chargée des Transports, Ministre de la Transition écologique et solidaire, puis Ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion. De père résistant rescapé des camps et de mère pharmacienne gérant avec son mari un laboratoire, E Borne n'a que 11 ans quand son père se suicide. Élisabeth Borne devient une pupille de la Nation.

Elle entre à l'École polytechnique, puis obtient le diplôme d'ingénieur de l'École nationale des ponts et chaussées en 1986 et le Master of Business Administration (MBA) du Collège des ingénieurs. Elle a un garçon de son mariage avec Olivier Allix qui a duré près de 20 ans.

Après un passage chez Sonacotra en tant que directrice technique, elle rejoint en 1997 le cabinet du socialiste Lionel Jospin à l'hôtel de Matignon comme conseillère technique chargée des transports pendant cinq ans. Puis elle est directrice de la stratégie de la SNCF, directrice des concessions à la société Eiffage, puis directrice générale de l'urbanisme à la mairie de Paris, puis elle est nommée préfète de la région Poitou-Charentes et préfète de la Vienne ; elle est la première femme à occuper ce poste.

Directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Ecologie, elle s’occupe du dossier des concessions d’autoroutes. En 2015, elle est la tête de la Ratp où elle reste un an. En 2017, elle rejoint le parti du président E Macron et occupe divers ministères jusqu’à devenir 1er ministre en 2022, devenant la seconde femme à occuper ce poste, 30 ans après Édith Cresson.

Il paraît évident qu’Elizabeth Borne est une éminente technicienne qui s’est spécialisée dans les transports. Néanmoins la fréquence trop élevée de ses changements de fonction, soit une dizaine de fois en 20 ans, montre une incapacité à aller au bout de ses décisions, même si celles-ci sont bonnes. Par ailleurs, en une génération on ne constate pas d’amélioration sensible de la situation de son domaine privilégié, les transports. Serait-elle le jouet ou le subterfuge des politiques ? N’est pas un politique qui veut…

Ces femmes pourront un jour accéder au pouvoir chacune dans son pays. Si elles y parviennent, elles changeront le destin de leur nation, car elles sont prêtes pour une mission et elles auront un projet.

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