TUNIS AU TEMPS DES CHARRETIERS

TUNIS AU TEMPS DES CHARRETIERS
 
 
 
C'était au temps des chevaux, des charrettes et des fiacres. Il est à noter que la plupart des cochers de l'époque étaient maltais et que par la suite, leurs patentes seront vite reconverties en taxis BB. C'était le bon vieux temps malgré qu'à cette époque la ville fleurait le foin et le crottin de cheval.
 
Certaines photos nous renvoient à des temps relativement lointains, lorsque les transports dans Tunis comptaient encore sur les chevaux. Le premier tramway de la capitale était en effet tracté par des chevaux, et les lignes de ces tramways "hyppomobiles" faisaient le tour de la ville. Plusieurs cartes postales d'époque témoignent de ce premier tram rustique qui, bientôt cédera son parcours au "tronfay" électrique.
 
En ce temps, on disait "tronfay", ce qui revenait à altérer le mot "tramway". Ces termes sont restés en usage jusqu'aux années soixante puis sont tombés en désuétude. Tous ces magnifiques tramways de couleur blanche, sillonnaient autrefois de nombreuses artères principales de la ville et facilitaient le transport des citadins. Je me souviens encore qu'à cette époque lointaine, le tramway de la ligne 2 couvrait le secteur de Bab Souika, le tramway numéro 3 se dirigeait vers le Bardo, le 4 menait à la Manouba, le 5 allait vers le Belvédère et le numéro 6 partait pour l'Ariana.
 
Ancêtres des taxis, les fiacres étaient aussi inséparables du transport urbain. On les appelait alors "carroussa" ou "milorda". La station principale des fiacres se trouvait devant Bab Bhar et les véhicules y attendaient en rang les clients qui venaient de la médina, sortaient du Magasin Général ou arrivaient du centre-ville. Cette station de fiacres a duré jusqu'aux années soixante et constituait l'une des attractions de la capitale. En outre, pour retrouver la première trace des taxis bébés, il faudrait remonter au début des années 50 du siècle dernier. C'était en cette période que des taxis de petites cylindrées avaient été mis en service pour la première fois.
 
Au beau milieu de la grande place de Bab Souika où à l'époque étaient achalandés les légendaires étalages des marchands de légumes et de fruits, se trouvait la grande station réservée à ces fameux "taxis bibi" ou encore "BB", rouges et blancs, à savoir des 4CV Renault qui furent longtemps le moyen de transport bon marché des tunisiens, de 1950 à 1970. Durant mon adolescence, je traversais souvent cette monumentale place animée, pour remonter vers la Kasbah afin de regagner le prestigieux collège Sadiki où j'avais poursuivi toutes mes études secondaires avant de rejoindre la faculté pour mon cycle supérieur.
 
C'était un merveilleux bon vieux temps !! "Yé hasra ala ayém zmén." Une belle époque s'était constituée à la charnière des années 60 et 70. Au cours de cette période tout à fait idéalisée, Tunis vivait ses plus grands développements ainsi que d'innombrables et de remarquables bouleversements culturels, techniques et économiques de son histoire.
 
Dans cette appellation rétrospective, "belle époque" que j'ai employée dans ma publication, il y a une part de réalité (expansion, modernité, insouciance, foi dans le progrès, gaieté etc...) et une part de nostalgie d'un temps rêvé. -
 
 
 
 
 
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