Klarsfeld: "En tant que juif, je suis très inquiet pour l'évolution de la situation en Europe"

Serge et Beate Klarsfeld font le bilan de leurs combats et balisent le retour des périls. Entretien.

Depuis un demi-siècle, Serge et Beate Klarsfeld mènent un double combat au nom du devoir de mémoire : traquer les criminels nazis et faire toute la lumière sur la déportation des Juifs d’Europe. Invités des Grandes Conférences catholiques - lire ci-contre - ils en ont fait le bilan pour "La Libre"…

Vos combats contre l’extrémisme ont été ponctués positivement mais les périls reviennent au galop en ces temps bousculés. Où vous situez-vous par rapport à eux ?

Serge Klarsfeld (SK) : C’est vrai que notre engagement de base est un peu derrière nous et que le moment est venu de passer le flambeau à d’autres générations. Reste que nous devons avec les démocrates de tous les pays nous battre contre le retour de l’extrême droite. Le prochain grand test a lieu l’an prochain en France. Cela s’annonce mal avec une gauche divisée et affaiblie alors qu’à droite, François Fillon est très soucieux de réaliser un programme de réformes sévères et donc d’imposer encore plus d’austérité alors qu’il a face à lui une formation démagogique qui promet l’impossible. Dans ce contexte d’un second tour entre la droite et l’extrême droite, on n’est absolument pas sûr de connaître un indispensable réflexe républicain. D’autant plus qu’on surfe partout sur la dangereuse vague de sortir les sortants…

La marée brune a cependant pu être endiguée lors des élections régionales…

Oui, nous avons fait notre possible dans les deux régions les plus exposées : les démocrates ont résisté en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans le Nord. Christian Estrosi et Xavier Bertrand l’ont emporté mais le Front national est bien implanté et pour longtemps. Plus rien n’arrête l’électeur. Le drame est que le contexte de 2017 s’annonce mal. Si Juppé avait remporté la primaire à droite, son côté social aurait pu lui valoir des voix de gauche; c’est moins évident avec Fillon. Du côté de la gauche, Hollande, qui aurait pu jouer un rôle rassembleur, n’en sera pas… et le FN sera donc au second tour. Nous aurions voulu une vraie confrontation entre la gauche et la droite…

Source : http://www.lalibre.be/actu/internat...

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