LES DIABOLIQUES DU POUVOIR. Rony Akrich

La cupidité, le pouvoir, l’hypocrisie et la tartufferie sont les objets de bien des vies appauvries. Sans aucun doute possible, nous pouvons concéder une place prépondérante aux politiques de tous bords et autres représentants de la vie publique.

Nous proclamons avec nos maitres que nous tous, hommes parmi les hommes, vivons avec ces terribles penchants comme la quête de plus de notoriété, de plus de place et le désir incessant du vouloir posséder ce que les autres ont.

En sera-t-il de même lors de ce devenir, de ces lendemains plus enchantés auxquels nous aspirons tant?

Pour le moment les voici dépités, ils sont désolés d’apprendre la réussite, la victoire d’un ou d’une telle car pensent-ils, ce succès leur revenait de plein droit. Tout au long de l’Histoire on réussira à mener les hommes au combat et à la boucherie en éveillant, en eux, l’ensemble de ces sentiments. Certains, plus diaboliques, entraineront leur peuple dans les abimes et les horreurs de la guerre où leurs démons pouvaient se déchainer, sans foi ni loi, au nom de la haine, de la vengeance et surtout des rancœurs de toujours. Pauvres humains infâmes, vous haletez tout en gémissant sur les forfaitures d’un monde spoliateur, vous pensiez pouvoir recevoir votre dû envers et contre toutes vos turpitudes!

Comment peut-on se persuader, à ce point, que le mensonge est vérité et le contraire ? Comment accepter d’être malmené et réduire l’être à sa plus simple expression: celle de l’homme-objet, une nouvelle formule pour ‘mouton de Panurge’?

Cette rancœur acide empoisonne les pores de notre moi profond, l’individu est, ici, victime de lui-même, il ne connait plus sa place et court inexorablement vers la catastrophe.

Le moyen d’éviter ce péril est de déjouer les affres de l’effronterie et de la suffisance, vouloir faire preuve d’un tant soit peu d’humilité demeure une exigence essentielle.

 

La droiture de l’acte engage nos penchants à réaliser les choix les plus éminents, les choix par lesquels l’homme sera suffisamment compétent pour démontrer l’excellence de ce qu’il est.

Bien sûr, rien à voir avec le désir de puissance et d’assujettissement à l’égard de son propre genre et à l’égard de la création. L’excellence de l’homme se révèle dans le caractère d’une conscience plus digne et l’excellence engage à une modification des pratiques ne réduisant pas la vie, mais l’intensifiant et l’exaltant.

Cela suffit d’appréhender le concept de l’action dans des formules univoques de rationalité instrumentale et de soumettre nos menées et nos desseins à la seule valeur d’une économie de marché.

Il reste tout de même qu’au fond de nous l’être éthique est omniprésent, il aspire d’abord à une transparence totale, à un bien idéal, à un amour et un don de soi infini. L’être éthique est mû par un espoir dominant, au sein d’un cœur prêt à engendrer encore et toujours plus de volonté à la perfectibilité, un appel à la conscience de la personne. La réalisation la plus remarquable de l’éthique c’est la modification intime de la volonté, celle-ci devenant parfaitement lucide d’elle-même, et offrant au champ de l’expérience morale l’accès à une réelle connaissance des relations humaines.

 

Maïmonide abomine l’outrance des comportements et du verbe dans quelque domaine de l’existence humaine. Il affirme un devoir d’être pour chacun: celui de pouvoir se défaire de tout jusqu’au-boutisme afin de revenir aux sentiers battus de la nature équilibrée. Seule la modestie peut servir  de médiane à tous ceux qui aspirent et désirent battre la juste mesure en temps et en heure. Par contre ces imbus d’eux-mêmes, ces flagorneurs sont des indécents, ils manquent totalement d’humilité et ne supportent nullement les humiliations, et les invectives. Ils s’auto suffisent, ramènent tout à leur propre personne et pensent unilatéralement que l’on doit les suivre et les admirer. Une forte image de soi pour mieux réfuter l’injustice dont ils sont les victimes innocentes, pensent-ils, et aussi se refuser à jouer le jeu des ‘récompenses ou châtiments’ dans ce monde. L’individu éprouve un si fort sentiment d’infériorité qu’il tente de le surcompenser sous la forme d’un effort exagéré de valorisation, une forte volonté de puissance s’empare de lui. Entre les lettres de son écriture se faufile son état d’âme, il y déplore non seulement la faiblesse de son caractère, son manque de confiance en lui-même mais peut-être, aussi, en sa présumée cause.

Tout au long de l’Histoire humaine et juive, le plausible vainqueur sera indubitablement  l’humilité et ceux qui la vivent pleinement et réellement. Tel est le sens du verset avec lequel nous avons commencé notre propos, la terre ne s’ouvre pas uniquement pour engloutir les rebelles, sa ‘bouche’ ouverte veut aussi exprimer une leçon concernant cette disparition.

 

De nos jours par exemple, malheureusement, les choses du pouvoir ne sont plus du tout aussi évidentes! Les couloirs de la politique demeurent fidèles à certaine pratique sournoise, mais non moins courante, dans ce monde avide de tout. Regardez-les se disputer, s’entredéchirer pour des places de leadership, ils n’hésitent jamais, si l’occasion leur est donnée, à salir leur prochain pour essayer de gagner, par tous les moyens, le poste tant adulé. On creuse, on enquête sur le passé de l’autre, du rival, il faut pouvoir y découvrir des informations  plus que compromettantes et déstabilisantes.

Par ailleurs, ces mêmes candidats se comportent le mieux du monde face à leurs électeurs, ils sont toujours très humbles et très modestes. Ce n’est pas si difficile que cela d’agir ainsi, le jeu en vaut bien la chandelle, trouver grâce aux yeux de ceux qui vont m’élire.

Nos démocraties sont faites de gouvernements précaires, le plus souvent en proie à des incertitudes décousues, et qui ont tendance à osciller d’un extrême à l’autre sans parvenir à repérer une juste stabilité.

Nous avons besoin que puisse se lever une génération nouvelle de gouvernants dont la conscience sera suffisamment éminente et désintéressée pour prendre au sérieux l’étendue des difficultés auxquelles nous devons faire face: des hommes politiques plus avisés qui sauront générer les conditions pour que soit alimentée la responsabilité de chaque-un.

Il est primordial, pour moi, d’assurer et de rassurer haut et fort ceux qui me lisent ou m’entendent!

Les valeurs de l’idéal moral, leurs traductions au sein de l’éthique du quotidien  soutiennent et maintiennent  la juste dynamique du devenir de la vie.

La corruption devient agaçante lorsqu’en tout lieu et temps, l’opportunisme tient le haut du pavé et  supplante le nécessaire bien-être collectif.

Lorsque le religieux ou le politique, fruit, selon les malfaisants, de la Divine onction, prétend justifier tout et n’importe quoi, le désastre n’est jamais très loin et l’Histoire se charge de nous le rappeler, à chaque instant.

On peut, sans trop d’efforts, déblatérer sur l’indispensable morale et vouloir lui donner un aspect caricatural, nul ne peut l’éviter. Tous y reviennent bon gré mal gré et souvent sans piper mot!

L’être éthique est mû par un espoir dominant, au sein d’un cœur prêt à engendrer encore et toujours plus de volonté à la perfectibilité, un appel à la conscience de la personne. La réalisation la plus remarquable de l’éthique c’est la modification intime de la volonté, celle-ci devenant parfaitement lucide d’elle-même, et offrant au champ de l’expérience morale l’accès à une réelle connaissance des relations humaines.

 

Rony Akrich

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