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« Révolte des tentes » en Israël contre l’envolée des prix du logement

 

« Révolte des tentes » en Israël contre l’envolée des prix du logement

 

 

Victimes d’une vertigineuse hausse des prix du logement, des centaines de jeunes Israéliens ont érigé cette semaine un village de tentes au cœur d’un quartier huppé de Tel-Aviv, un mouvement de protestation qui a rapidement gagné le reste du pays.
« Ce n’est qu’un début. Il nous reste la rue, et la lutte continue », affirme Haïm Nahon, 32 ans, marié et père de deux enfants, en montrant son logement de fortune, une tente igloo parmi une trentaine d’autres dressées sur un parterre de gazon au pied des murailles de la vieille ville de Jérusalem.

Les revenus de ce diplômé en éducation spécialisée et guide touristique ne lui permettent pas de suivre l’augmentation sensible des loyers, et encore moins de rêver d’accéder à la propriété.
« Aujourd’hui, il faut en moyenne débourser environ un million de shekels (200 000 euros) pour acquérir un appartement en Israël. En un an, le prix moyen du logement a bondi de 32 % à Tel-Aviv et de 17 % à Jérusalem. C’est la tendance globale dans le pays », indique Élie Melloul, un agent immobilier.
Les loyers sont à l’avenant, un appartement familial atteignant facilement 5 000 shekels (1 000 euros), soit davantage que le salaire mensuel minimum. Cela, alors qu’il y a un parc de 150 000 logements inoccupés, dont les propriétaires sont souvent des juifs étrangers.
« Pour survivre, je multiplie les petits boulots, mais je suis étranglé », dit avec amertume Road Lévy, 24 ans, assis en tailleur devant sa tente igloo.
Après son service militaire obligatoire de trois ans, il a travaillé un an à l’étranger pour se constituer un pécule. Il a réglé 10 000 shekels (2 000 euros) pour s’inscrire à la faculté de droit, et partage une petite chambre avec un colocataire à la Cité universitaire pour 900 shekels (180 euros) par mois.
Non loin de son campement, les terrasses de café d’une luxueuse galerie marchande sont bondées. En moyenne, depuis 2004, le taux de croissance est de 4,5 % en Israël et le chômage est tombé à 6 %.
Mais la grogne gagne l’opinion, de plus en plus choquée par les disparités sociales, l’injustice et la corruption.
« Nous sommes avec vous », crie en fermant le poing le chauffeur d’un tramway, en rodage depuis des mois, qui passe à quelques mètres des sans-logis de Jérusalem.
Il y a quelques semaines, le boycottage par les consommateurs du fromage blanc, lancé sur Facebook, a abouti à la baisse des prix de ce produit de base du régime alimentaire israélien.
Forts de ce succès et soutenus par l’Association nationale des étudiants, ils sont à présent des milliers de laissés-pour-compte de la prospérité à s’être mobilisés en plantant leur tente à travers Israël, de Kiryat Chmona (Nord) à Beersheva (Sud) en passant par Petah Tikva (centre).
Et, de jour en jour, le mouvement s’amplifie, de même que les défilés de protestation dans les grands centres urbains.
Le ton monte aussi dans les médias, généralement solidaires des « nouveaux pauvres », qui s’en prennent pêle-mêle à la lourde charge fiscale frappant surtout les classes moyennes, au « capitalisme sauvage », ou aux « investissements faramineux » qui ont au fil des ans privilégié la colonisation en Cisjordanie occupée au détriment des infrastructures en Israël même.
Visiblement conscient des enjeux électoraux de ce vent de fronde, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a commencé à plancher sur le problème du logement, promettant notamment de dégager des terrains à bâtir, d’écourter la procédure et de favoriser l’habitat à loyer modéré.
 

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