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Années fascinantes (1954-1957), à Anières-Genève, à l'Institut ORT. (1ère partie/4)

Années fascinantes (1954-1957), à Anières-Genève, à  l'Institut ORT. (1ère partie/4)

 

 

Les souvenirs vécus dans notre jeunesse, surtout ceux qui sont accompagnés de nouvelles expériences, ne s'effacent pas, même après plus d'un demi-siècle. Ils ressemblent aux cailloux du Petit Poucet, ceux qui nous ramènent à notre Fontaine de Jouvence.

J'espère que les amis qui avaient suivi les trois années (1951-1954) vécues à l'ORT de Tunis

http://www.harissa.com/D_Ecoles/lespremieresanneesdelort.htm

et les 2 mois chargés d'aventures (juillet-aout 1954) qui suivent,

http://harissa.com/news/article/de-lort-ariana-tunis-%C3%A0-linstitut-ort-anieres-gen%C3%A8ve-deux-mois-sous-legide-dun-ange-myst%C3%A9rieu

trouveront quelque intérêt à lire ce long article. Long parce que j'ai essayé d'y brosser les 3 années, de 18 à 21 ans (1954-1957), vécues en Suisse, à l'Institut Central ORT pour la formation d'Instructeurs des Ecoles Professionnelles.

Pour cela l'article sera divisé en 4 parties, qui  seront publiées l'une après l'autre, sur ce site Harissa. Com.

Comme dans les chapitres précédents, en racontant mon histoire, j'ai voulu mettre en relief les Composantes de l'Evolution locale de l'ORT et celles de l'entourage dans lequel je vivais. Je savais que cette période exaltante et riche, allait exiger plusieurs pages. Je l'ai écrite pour mon plaisir, celui de mes amis à l'ORT et ceux que cette histoire pourrait intéresser.

Mais auparavant, je voudrais décrire la raison qui m'a inspiré ce retour aux années 50.

Cela s'était passé il y a quelques mois (octobre 2014). Un des anciens étudiants, arrivé à Genève deux ans après que je l'ai quittée, m'avait enchanté par sa diligence et par son désir de consacrer, je dirai même avec passion, son temps à consolider les liens entre les générations d'étudiants de l'institut. Dans ses articles, il expose l'Histoire de l'ORT et l'immense contribution de notre Institut à travers le demi-siècle son existence (1947-1997).

Je ne peux que conseiller la lecture d'une partie de son travail contenue dans les liens présentés ici, pour mieux comprendre les sentiments des Anciens d'Anières envers cet Institut

http://anieres.ort.org/

https://www.youtube.com/watch?v=CsoM0hgu55U

http://www.ort.org/fileadmin/downloads/ORT-anieres-french.pdf

Dans mes articles je décris la petite histoire  d'un jeune tunisien telle qu'elle fut vécue dans l'Histoire de  l'ORT, durant une époque de sept années.  Je voudrais croire que j'ai un peu contribué à éclairer quelques chapitres de cette grande Histoire. Ces péripéties ne sont pas toujours personnelles et j'espère que certaines rappelleront à quelques amis de bons moments de leur jeunesse.

Durant le demi-siècle d'Anières, la direction de l'ORT a changé, plus d'une fois, son orientation pour répondre à ses idéaux, aux besoins d'une  société dynamique  et aux aspirations des nouvelles générations.

La première phase avait pour but de former des éducateurs qui enseigneraient, aux jeunes juifs (surtout des pays musulmans) un métier, qui leur permettra de surmonter les difficultés d'un Exode forcé, qui se pointait à l'horizon.

Plus tard, les besoins en éducateurs ayant diminué et les aspirations des jeunes d'après l'exode étant plus élevées, l'Institut passa à sa seconde phase: la  formation de cadres techniques. L'internat d'Anières avec sa structure expérimentée se consacra à la préparation aux examens d'entrée aux Hautes Ecoles de Genève. La réussite considérable de ces étudiants a confirmé encore une fois l'Anticipation des responsables de l'ORT. 

La troisième phase (1974-1993) fut consacrée à la formation d'instructeurs venant des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine.  Ce projet fut réalisé en collaboration avec la DDC (Direction du Développement et de la Coopération Suisse)

 

Anières 2  

Plusieurs anciens étudiants ont voulu exprimer leur  gratitude, envers l'ORT, en partageant leur Héritage avec  de jeunes Juifs, d'Israël  et de la diaspora. La réalisation de ce projet n'a pas attendu longtemps et un des anciens étudiants avait offert un don important. L'ORT Israël s'est vite rattachée à ce projet en aidant à l'élaborer.

L'institut style 21eme siècle fut établi à Nahalal, dans la Vallée de Jezréel, et prit le nom de "Anières 2".

 Notre ami Jaques Lévi et ses amis décidèrent qu'il était opportun de formaliser le parrainage des vieux de Genèveet d'aller visiter ces jeunes à Nahalal. Il organisa un groupe d'une cinquantaine d'anciens d'Anières, habitant la Suisse et de toute l'Europe, auxquels se joignirent quelques israéliens.

Ils leur racontèrent leurs carrières et le rôle de l'institut dans leur réussite. Les questions des jeunes générations, étaient animées par leur désir de connaitre notre passé et l'avenir qui les attendait. Elles étaient animées d'une intelligente curiosité qui nous rassura sur leur futur.

jacques

 
 

 

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Photos prises du clip de Jacques.   https://vimeo.com/114030899

Cette rencontre s'était passée en octobre 2014.  Durant cette très émouvante rencontre   je me suis trouve être un des "trois plus vieux étudiants ", dont deux étaient du temps où l'institut formait le corps enseignant pour ses écoles professionnelles.

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Les 2 "Plus-Anciens " d'Anières qui finirent leurs études d'ingénieurs, en Israël

C'est cette rencontre qui m'a encouragé à entamer le troisième chapitre de mon histoire avec l'ORT et la chance dont j'ai bénéficiée. Ainsi débuta une carrière dont  je suis aujourd'hui un fier retraité.

Mes débuts à l' Institut

Comme je l'ai raconté dans le second volet, le lundi  6 septembre 1954 au soir, je fis mon entrée à l'Institut..

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J'ai eu droit à un accueil amical  des anciens élèves que je connaissais de Tunis, qui étaient  arrivés une semaine avant moi. Ils me montrèrent ma chambre, que je partagerai avec 5 autres étudiants. La chambre était assez grande avec une Galerie dans laquelle il y avait deux étudiants, les 4 autres étaient dans la chambre.

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 Parmi mes futurs voisins (au moins pour la première année), il y avait: un tunisien que je connaissais bien, 3 qui venaient de Grèce et un Israélien d'origine Bulgare. Les 4 qui n'étaient pas tunisiens et qui ne parlaient pas couramment le français, avaient un langage commun. Ils parlaient bien le Judéo-espagnol, que petit à petit nous finîmes par le  comprendre pas mal.

Je tombai fatigué sur mon lit et le lendemain je me présentais à la Direction pour recevoir les instructions et les informations nécessaires.

Quelle fut ma surprise quand je vis que le Directeur de l'Institut était le premier directeur de l'école de l'ORT à Tunis, on avait partagé quelques souvenirs de la première année avant l'école de l'Ariana.

Le bâtiment de l'Institut (voir photo là-haut).  fut acquis  sous la direction de Dr Syngalowky, pour y recevoir de jeunes gens, âgés d'une vingtaine d'années qui étaient des rescapés des camps nazis. Ils avaient passé quelque temps dans des camps de "passage" organisés par des institutions  Juives. (Voir link là-haut)

Ils durent maitriser le métier qu'ils avaient choisi et d'apprendre toutes les disciplines technologiques et pédagogiques afin d'être prêts à travailler avec des adolescents.

Les premiers diplômés étaient envoyés à leurs postes en automne 1950. L'école de Tunis reçut ses instructeurs une année plus tard.

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Les nouveaux élèves d'Anières venaient surtout des pays où les premiers éducateurs avaient été envoyés: Iran, Israël, Grèce, Italie, Suisse France, Tunisie, Algérie, Maroc.

L'Institut était un pensionnat de Luxe. Les étudiants étaient nourris logés, blanchis.  Deux jeunes italiennes étaient en charge du ménage, des chambres et des lits. En plus du corps enseignant, la direction et le personnel qui faisait les autres besognes, on disait qu'il y avait plus de personnel que d'étudiants. Dans mon temps il n'y avait, à l'institut, pas plus de 65 étudiants. Dans chaque classe il y avait environ une dizaine d'étudiants.

Pour suivre le prochain chapitre qui relate la seconde soirée de mon arrivée, il faut que je décrive quelques détails de l'architecture du bâtiment de l'Institut. C'est comme un château de trois étages qui servait disaient certains copains, d'asile de personnes du troisième âge. Son plan de base avait une forme de la lettre "C". On pouvait voir qu'une   aile centrale avait été ajoutée, surement pour l'adapter à sa nouvelle fonction, ainsi son plan de base ressemble maintenant à la lettre "E" Cette aile permit d'y accommoder la cuisine, au sous sol et la salle à manger à l'étage d'entrée.  Le troisième étage était composé dans sa grande partie de chambres pour les étudiants de deuxième année. Au milieu du bâtiment (à la hauteur du toit de la salle à manger on a aménagé le matériel d'un cabinet de dentiste. Là j'arrête  les descriptions et retourne à mon arrivée.

Le rituel de réception des 'nouveaux'

Le soir du premier jour, on vient m'annoncer que je devais faire une visite médicale, à une  heure assez tardive, dans le cabinet du dentiste. Il y avait vraiment un dentiste juif volontaire, de Genève, qui venait environ deux fois par mois soigner les dentitions des étudiants. Dans ce cabinet je devais passer une des plus humiliantes expériences: le Bizutage    Je me contenterai ici de raconter, sa partie principale. Le cabinet avait une grande fenêtre, qu'on pouvait voir à partir des fenêtres de l'aile d'en face, les fenêtres des chambres des étudiants de deuxième année.

Un des anciens qui présentait bien, était déguisé en médecin et portait son tablier blanc, un autre jouait l'assistant. Un microphone était caché dans le moteur de la machine (machine très moderne des années 50) qui faisait tourner la fraise du dentiste. Ce microphone était relié à un haut parleur situé dans la chambre de l'aile d'en face qui était dans une obscurité complète, mais qui était pleine à craquer par les autres étudiants, dont la plupart avait déjà passé une semaine  plus tôt, cette inquisition. Assis sur le trône du dentiste, le micro pas loin de mon front, le faux médecin posait des questions des plus intimes sur toutes vos expériences sexuelles "afin d'éviter le risque de contagion de maladies vénériennes". Et tous tes futurs amis se régalaient dans le noir. Essayez demain de raconter que vous étiez le Casanova du quartier. Ensuite le "médecin" vous mettait le derrière face à la fenêtre et vous barbouillait de mercurochrome. Le truc le plus vicieux  était qu'il faisait boire une purge et vous appliquait un grand pansement qui vous empêchait de vous dégager. C'était pénible. Le lendemain un "prof de gym" vous faisait tourner dans la cour et vous ne compreniez pas pourquoi tous vous regardaient et rigolaient

Le soir, un des amis tunisiens; me vendit la mèche, il fut critiqué par certains et fut 'puni' en public.

Il parait que cette "cérémonie de réception" est  inspirée de certaines traditions de l'Armée Anglaise que le Palmach (armée volontaire et secrète d'avant Tsahal), avait adaptées. Certains des premiers étudiants  Israéliens y avaient surement servi.

Toute traumatisante qu'elle fut, cette expérience a été classée dans le rayons des souvenirs constructifs. Au bout d'une semaine tout fut oublié, et place aux études et aux loisirs du weekend.

                                                                                                                        (à suivre)

 

Avraham Bar-Shay (Ben-Attia)

Absf@netvision.net.il

 

SUITE

 

 

 

 

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