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C'est par ses femmes que sera sauvée la Tunisie

 

Tribune : C'est par ses femmes que sera sauvée la Tunisie

 

 

Les démocrates, habitués des salons et plateaux de TV, seraient bien inspirés d'aller à la rencontre du petit peuple là où il est pour l'écouter, le comprendre et l'accompagner. Et non le conduire.

Par Azza Badra*

De par ma formation et surtout mes convictions, j'investis le terrain afin de comprendre, d'analyser, de tâter le pouls du niveau de cognition politique. Mon terrain ce sont les épiciers, les légumiers, les petits commerces en particulier, à Tunis et à l'intérieur du pays.

Le constat que je fais est grave et très préoccupant. Je me suis toujours méfiée des chiffres énoncés par les instituts de sondage, du choix des échantillonnages et du manque de transparence des méthodes. Je sais, de par ma formation, que l'on peut jongler avec les chiffres et leur faire dire ce que nous voulons leur faire dire.

Je ne vais pas m'étaler, mais je vais vous donner le résultat objectif d'un travail de terrain sous forme d'une série de constats:

1- celui qui a voté pour Ennahdha est prêt à recommencer;

2- il existe de bons salafistes, mais s'ils sont devenus violents c'est parce qu'ils ont été trompés ou que c'est la faute des démocrates;

3- il y a une absence totale de discernement, une capacité d'analyse faible et monothématique: la religion est la réponse à tout;

4 – il y a aussi un vide politique où Ennahdha et ses semblables disposent d'un terrain vierge et très fertile qu'ils sont en train d'exploiter à merveille;

5- il y a enfin une ignorance et un mépris total pour les autres religions ;

6- enfin, les femmes seront les seules à sauver le pays, mais pour cela, il faut un travail de fourmi et de longue haleine pour les sensibiliser et ainsi leur faire passer le message, car elles sont les seules perméables au dialogue. Les hommes restent souvent sur leurs postions et acquis.

Il s'agit donc d'investir l'espace, de sensibiliser et de vulgariser le message du danger qui pèse sur notre pays. Au Kram-Ouest, «mon bureau» était une épicière du quartier. Il ne faut pas hésiter à provoquer le dialogue, informer et le résultat est quasi immédiat dans la prise de conscience. C'est comme ça que le message va être relayé. Souvent je quitte les lieux de mes «provocations» en laissant les personnes continuer à argumenter entre elles, ainsi je crée une dynamique dans l'espace où j'ai mis en action l'échange. C'est un travail de fourmi que j'ai accompli seule. Il suffit que nous tous et à tous moments, partout où l'on se rend, mettions en marche cette dynamique.

La cible n'est pas le commerçant mais le lieu, d'où ma démarche qui installe une dynamique d'échanges entre les clients, la cible finale de ma recherche.

Mon enquête s'est faite sur différents faisceaux horaires afin d'avoir une bonne représentativité de la population du quartier.

La phrase, à effet assuré, par laquelle je commence mes provocations est la suivante: «C'est la femme tunisienne qui va sauver notre pays!!!»

Alors cher(es) ami(es), démocrates, habitués des salons et plateaux de télévision, je vous invite à m'accompagner et à écouter. Peut-être, je dis bien peut-être, alliez-vous enfin écouter et non pas seulement entendre.

* Sociologue/anthropologue, présidente de l'Ong La Voix de la Tunisie.

C'est par ses femmes que sera sauvée la Tunisie

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