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Comment EIIL est devenu le "groupe terroriste le plus riche au monde"

Comment EIIL est devenu le "groupe terroriste le plus riche au monde" 

 

Par Pauline Hofmann

 

Le groupe djihadiste serait à la tête d’une fortune estimée à 2,3 milliards de dollars. Son dernier butin lui permet de payer 60.000 combattants pendant un an.

Mais qui donc finance l’Etat islamique en Irak et au Levant ? Pour le Premier ministre irakien, la réponse est limpide : "Nous tenons (l’Arabie saoudite, ndlr.) responsable des aides financière et morale que les groupes [insurgés] reçoivent", a déclaré mardi Nouri Al-Maliki. Depuis près d’une semaine, l’EIIL a lancé une large offensive sur l’Irak, dont il contrôle désormais une bonne partie du Nord. Pour avoir cette force de frappe, le groupe terroriste peut compter sur un portefeuille bien rempli.

D’une start-up à une multinationale. Il y a trois ans, l’Etat islamique en Irak et au Levant n’était qu’une start-up du terrorisme islamiste. Aujourd’hui, les finances de ce groupe djihadiste ont de quoi rendre jaloux des pays comme la Moldavie ou la Centrafrique.

Les services de renseignement irakiens ont récupéré une mine d’informations sur les finances de l’EIIL. Dans la cache d’Abdoulrahman al-Bilawi, un cadre du mouvement, près de 200 clés USB ont été découvertes, renfermant notamment des informations inédites sur l’état de leurs comptes.

Un officiel irakien a déclaré au Guardian qu’à "la fin de la semaine, nous avons réalisé que nous devions faire leur comptabilité", a-t-il déclaré. "Avant Mossoul, leurs liquidités et actifs s’élevait à 875 millions de dollars (646 millions d’euros, ndlr.). Après, grâce à l’argent dérobé dans les banques et la valeur du butin de leurs pillages, ils pourraient ajouter 1,5 milliards de dollars (1,1 milliards d’euros, ndlr.)" a continué l’officiel. Soit 2,3 milliards de dollars (soit 1,7 milliards d'euros). Selon le International Business Times, l'EIIL est désormais "le groupe terroriste le plus riche" du monde.

"Ils n’ont pas besoin" d’un Etat derrière eux.  Le Premier ministre irakien a-t-il raison d’accuser l’Arabie saoudite ? Selon RFI, EIIL dispose en effet de réseaux de soutien dans les pays du Golfe, dont l’organisation retire des dons. Mais dans le Guardian, un officiel irakien souligne qu’ils "ont tout fait par eux-mêmes. Il n’y a pas d’acteur étatique derrière eux […]. Ils n’en ont pas besoin" pour amasser leur fortune.

Enlèvements, pillages, "impôt révolutionnaire", ... Lors de l’attaque de Mossoul, dans le nord de l’Irak, les insurgés de l’EIIL se sont emparés de la banque centrale de la ville. Selon l’ancien gouverneur de la province de Ninive, Atil al-Nujaifi, leur magot s’élèverait 430 millions de dollars (317 millions d’euros), en plus de lingots d’or.

Mais en-dehors de ses butins de guerre, l’Etat islamique en Irak et au Levant pratique régulièrement les pillages et prélève auprès de la population locale de la région de Mossoul une sorte d’impôt révolutionnaire, qui lui rapporte environ 100 millions d’euros par an, expliquait à Europe 1 Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions islamistes. RFI souligne également que les enlèvements, notamment de ressortissants occidentaux, rapportent beaucoup aux islamistes.

La manne pétrolière syrienne. Les multinationales réunies lors d’un congrès pétrolier à Moscou, se sont dits inquiets de la percée islamiste en Irak. Même si "la majorité de la production de pétrole est située dans le Sud, très loin des troubles actuels", "nous devrions tous être très préoccupés par ce qui est en train de se produire", a indiqué le directeur général de BP. En effet, EIIL a l’habitude de tirer de l’argent de l’exploitation du pétrole en Syrie, où ils contrôlent plusieurs puits.

Mieux qu’Al-Qaïda au meilleur de sa forme.. En visite aux Emirats arabes unis, le secrétaire au Trésor américain a insisté sur "l’importance de redoubler nos efforts dans la lutte contre le financement des organisations terroristes". Car la fortune d’EIIL a de quoi faire trembler le Proche-Orient comme les Occidentaux. Selon le Conseil des relations internationales, au moment des attentats du 11-Septembre, Al-Qaida n’avait "que" 30 millions d’euros par an dans ses caisses.

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