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France : la restauration tunisienne en crise !

France : la restauration tunisienne en crise !

 

A Paris, Lyon, Nice, Toulouse, Grenoble…il n’y a guère qu’à Marseille où cette inquiétude n’est pas partagée. Les restaurants de spécialité tunisienne sont en voie d’extinction  !  Quant aux  bonnes adresses, paroles de gourmets, elles  seraient déjà à ranger dans la catégorie « Ya hasra ».  Paradoxalement, pour nos concitoyens vivant à l’étranger, les motivations du retour aux sources n’ont jamais été aussi brulantes et la vague de la cuisine exotique maghrébine  ne s’est jamais aussi bien portée en France. Pour preuve, le couscous est  indéfectiblement élu parmi les plats préférés des Français depuis des années.  De la à penser qu’il s’agit là d’une spécialité marocaine et non pas  tunisienne ?

Il est vrai que sur le terrain, la petite centaine de restaurants tunisiens que compte l’hexagone ne pèse pas lourd face aux deux milles restaurants de spécialité marocaine. Petite consolation, les Tunisiens restent les rois maghrébins du snack (kebab, steak, merguez …avec frites).

Pourtant,  Il n’est pas si éloigné le  temps où  il n’y avait qu’à déambuler dans les ruelles de quartiers entiers pour avoir l’embarras du choix parmi une pléthore de bonnes adresses familiales. Aux quartiers de  Belleville ou de Montmartre (Paris) de la belle époque ! Signes évidents de ce déclin, Montmartre ne compte aujourd’hui plus qu’une seule adresse quand Belleville en compte deux ou trois tout au plus.  En Ile de France, berceau du « kif » tunisien en France grâce notamment à la concentration historique des juifs tunisiens, cette désaffection est notoire. A Paris intra muros, Alex (« Au Rdv » dans le 8 ème arrondissement), Raymond ( « La Boule Rouge »  dans le 9 ème),  Ali (« Chez Hamadi »  dans le 5 ème) ou Jaafar (« Chez jaafar » dans le 5 ème) font office de derniers des Mohicans . En banlieue, ils sont tous aussi peu nombreux. Citons Azdine (« Saveurs de Jerba » à Vincennes), Mekki (« Le Cordial » à Drancy) ou encore Ali («  djerba » à Viry Chatillon). 

Pour ces entrepreneurs issus de la première génération, l’heure du repos du guerrier a sonné. Eprouvés par trente-quarante ans d’un métier exigeant et usant, ils aspirent désormais à des jours plus paisibles entre la France et la Tunisie. En prise avec des problèmes de succession parce que leurs enfants ne souhaitent (ou ne peuvent pas) pas reprendre le flambeau  ou victimes de leurs propres exigences financières excessives à la vente, ils se résignent la mort dans l’âme à poursuivre quelques années supplémentaires.

Il faut dire que les vocations pour le métier sont indéniablement en baisse et ceux qui se lancent dans le domaine préférant désormais des créneaux plus sûrs et moins exigeants. Les Ghomrassnis ont par exemple largement investi dans les snacks  et les Zarziziens dans le business juteux de la pizza. D’autres concitoyens plus jeunes et mieux qualifiés préfèrent investir la vague des nouvelles tendances. C’est le cas de Zine (bar à vins naturels, « Mr Henri » dans le 3 eme arrondissement ), Mickael (cuisine japonaise et italienne, « Zo restaurant » dans le 8ème) , Marwen et Selim (vins et fromages, « la vache dans les vignes » dans le 10eme, Karim (gastronomie marocaine, « Le Caroubier » dans le 15 eme), Amine (Gastronomie française, « Le Diamant de Paris » dans le 11 eme), ou encore Wissem (bar à couscous, « Graine Bam » dans le 8 eme)

Les problèmes liés à la succession des quelques milliers de commerçants tunisiens (épiciers, restaurateurs, boulangers…) en France arrivants à l’âge de la retraite constituent un enjeu vital pour la Tunisie. Au delà des conséquences sur le mode de vie et la « tunisianité » de la diaspora,  la disparition de ces ambassadeurs de la première heure est source à terme de diminution de rentrées de devises, de débouchés pour les produits agroalimentaires et de vecteurs de promotion de la destination Tunisie.

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