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Israël déconseille les voyages en Tunisie

 

Israël déconseille les voyages en Tunisie

 

Par Europe1.fr avec AFP

 

Le Conseil israélien de sécurité nationale (CNS) a averti jeudi que des activistes planifiaient des attentats visant des cibles israéliennes ou juives en Tunisie, déconseillant fortement à ses ressortissants de s'y rendre à l'approche d'un pèlerinage juif dans ce pays.

Le service anti-terrorisme du CNS a souligné que le danger était particulièrement grand sur l'île touristique de Djerba, où de nombreux Israéliens se rendent habituellement à l'occasion de Lag Ba Omer, fête juive célébrée cette année les 9 et 10 mai. "En raison d'une révision de l'évaluation de la situation, le Bureau de l'anti-terrorisme a décidé de relever d'un cran l'avertissement concernant les voyages en Tunisie", indique un communiqué du CNS.

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Le ministre du Tourisme réagit : «c’est une tentative de saboter le tourisme»

Alors que la Tunisie s’apprêtait à renouer avec le pèlerinage annuel juif à la synagogue de la Ghriba sur l’île de Djerba, pour relancer le tourisme et rassurer la communauté juive troublée par des slogans antisémites scandés récemment par une poignée de fondamentalistes religieux, Israël est venu jouer les trouble-fêtes en lançant une mise en garde contre les voyages et le pèlerinage en Tunisie.

Le Conseil israélien de sécurité nationale (CNS) a averti jeudi que «des activistes planifiaient des attentats visant des cibles israéliennes ou juives en Tunisie», déconseillant fortement à ses ressortissants de s’y rendre. « En raison d’une révision de l’évaluation de la situation, le Bureau de l’anti-terrorisme a décidé de relever d’un cran l’avertissement concernant les voyages en Tunisie », a indiqué le CNS dans un communiqué.

La branche anti-terrorisme du CNS a enfoncé encore plus le clou en soulignant que le danger était particulièrement grand sur l’île touristique de Djerba, où de milliers de Juifs originaires d’Europe et d’Israël se rendent chaque année à la synagogue de la Ghriba à l’occasion de Lag Ba Omer, fête juive qui sera célébrée cette année les 9 et 10 mai. La réussite de ce pèlerinage, suspendu en 2011 après la révolution, constitue habituellement un baromètre annonciateur d’une bonne saison touristique.

En réponse à la mise en garde israélienne, le ministère tunisien de l’Intérieur a démenti dans un communiqué des allégations sur des éventuelles opérations terroristes en Tunisie affirmant que la sécurité est établie sur tout le territoire tunisien grâce aux efforts des forces de l’ordre et de l’armée. «Toutes les mesures et les précautions ont été prises pour assurer le bon déroulement des fêtes annuelles de la Ghriba», a également indiqué le ministère.

Tentative de sabotage

Le ministère tunisien du Tourisme a, quant à lui, pointé du doigt une tentative de sabotage de l’industrie touristique du pays qui commence à peine à remonter la pente. «La révolution tunisienne n’est pas du goût de certaines parties, qui cherchent à la saborder par tous les moyens», a déclaré vendredi le ministre du Tourisme, Elyes Fakhfakh. Et d’ajouter : « les consignes officielles publiées par les ministères des Affaires étrangères des pays émetteurs de touristes vers la Tunisie sont toutes rassurantes et très positives. Nous nous employons, par ailleurs, à corriger les échos négatifs que se font certains médias sur la situation sécuritaire dans notre pays, en invitant les journalistes étrangers à visiter la Tunisie sans leur fixer un circuit bien déterminé afin qu’ils puissent constater de visu du climat de quiétude et de sécurité qui prévaut sur tout le territoire tunisien».

Le ministre du Tourisme rappelle aussi que le Président de la République et le Chef du gouvernement se sont déjà engagés à veiller sur le bon déroulement et la réussite du pèlerinage juif de la Ghriba. Le 18 avril dernier, le Premier ministre, Hamadi Jebali, avait souhaité la bienvenue aux fidèles juifs souhaitant se rendre à la Ghriba. «La Tunisie accueillera les pèlerins juifs à Djerba comme à l’accoutumée», a dit M. Jebali promettant de «lutter contre certains comportements», en allusion à celui des certains extrémistes salafistes qui avaient tenu des propos antisémites. Quelques jours auparavant, le président de la République, Moncef Marzouki, avait annoncé que le gouvernement est décidé à protéger toutes les minorités religieuses en Tunisie. « L’Etat civil est déterminé à protéger tous ses citoyens et à les traiter sur un pied d’égalité. Nous réitérons également notre rejet de toute forme de ségrégation à l’égard de nos concitoyens juifs, et de tous propos ou actes pouvant menacer leur dignité ou leur vie», avait-il notamment déclaré.

Allégations infondées

Selon les experts, les allégations du Conseil israélien de sécurité nationale sont infondées. « Il n’existe aucune menace terroriste réelle ni contre les juifs résidant en Tunisie, ni contre ceux qui envisagent de s’y rendre pour le pèlerinage de la Ghriba. Et pour cause: le salafistes qui sont régulièrement mis à l’index ont déjà annoncé qu’ils respectent les croyances des Juifs et des Chrétiens de Tunisie», affirme Alaya Allani, professeur d’histoire contemporaine à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba spécialiste des mouvements islamiste dans les pays du Maghreb.

Auteur de plusieurs ouvrages sur le thème des phénomènes politico-religieux dans le monde arabe, dont «Les Mouvements islamistes dans le monde arabe : les cas de la Tunisie» et «Le courant religieux en Tunisie entre confrontation et participation», M. Allani rappelle que le leader de la mouvance salafiste djihadiste tunisienne Seif Allah Ben Hassine, alias Abou Yadh, avait précisé que ses récents « appels à tuer les juifs visaient les sionistes qui spolient les terres saintes en Palestine et non pas les juifs tunisiens».

Le chercheur estime, d’autre part, que la mise en garde israélienne contre les voyages en Tunisie constitue une « réaction épidermique aux déclarations d’une élue du mouvement islamiste Ennahdha à l’Assemblée constituante qui avait rappelé récemment à Israël son histoire d’Etat voyou installé sur des terres arabes spoliées ». Basma Jebali l’élue en question avait mis en garde contre des «achats massifs de terrains par des Juifs à Djerba » qui pourraient, selon elle, « faire de l’île touristique tunisienne une seconde Palestine »

M. Allani trouve, par ailleurs, étonnant le fait que l’Etat hébreu choisisse ce moment pour déconseiller à ses ressortissants de se rendre à Djerba alors que la synagogue qu’abrite cette île touristique avait été la cible d’un attentat qui avait fait 21 morts, dont 14 touristes allemands, sous le règne de Ben Ali!

Walid KHEFIFI

 

Un journal local titre : « Les juifs tunisiens tremblent de peur ! »

Le quotidien tunisien arabophone « Assarih » titre ce mardi, 2 mai 2012, un article « Les juifs tunisiens tremblent de peur ».

Les juifs sont "horrifiés" rapporte le journal dans sa page 10.

Le journal précise que les déclarations de Basma Jbali, élue d’Ennahdha à la constituante, sur la vente de terrains de l’ile de Djerba à des juifs « pour faire de Djerba une seconde Palestine », a suscité de nombreuses craintes au sein de la communauté.

Le journal a jouté que les juifs de Tunisie ont peur que cette déclaration dégénère des manifestations antisémites, le 9 et le 10 mai prochain, en marge du rituel du pèlerinage annuel à la synagogue de la Ghriba située sur cette île du sud de la Tunisie.

Pérez Trabelsi, le président de la communauté juive de Djerba a indiqué au journal « Assabah » que les déclarations de Basma Jbali sont de nature à semer le trouble à quelques jours du pèlerinage de La Ghriba, comme elles affectent la saison touristique alors que les Djerbiens, toutes confessions confondues, déploient des efforts pour attirer les flux touristiques.

Les juifs tunisiens, qui désormais « tremblent de peur » selon le quotidien « Assarih », estiment que les déclarations du député islamiste Basma Jbali donneront l’occasion à des groupuscules radicaux de brandir des pancartes hostiles aux juifs alors que des centaines de pèlerins devraient affluer ces jours-ci sur l'Ile Djerba *.

Les juifs de Tunisie vivent dans la crainte depuis la chute du régime de Ben Ali. Le parti islamiste Ennahda au pouvoir en Tunisie n’a fait aucune réaction après ces propos racistes comme si rien ne se passait.

Il reste bien peu de membres de la communauté juive en Tunisie. A son apogée dans les années quarante, la communauté comptait 100.000 Juifs. Les Juifs ont commencé à quitter la la Tunisie après l'indépendance en 1956. La majorité d’entre eux ont fui en 1967, choisissant d’émigrer vers la France et Israël.

Les Juifs restés en Tunisie compte aujourd'hui moins de deux mille membres, essentiellement à Djerba et dans la région de Tunis.

Vivant dans ce pays depuis des siècles, ils espèrent vivre comme des citoyens égaux et à ce titre ils remplissent leurs obligations. Néanmoins le gouvernement islamiste au pouvoir est peu attentif aux inquiétudes de la communauté.

Avec la pression islamiste grandissante, la Tunisie ne sera plus un pays de la tolérance et d’hospitalité, notamment avec les citoyens juifs.

 

Ftouh Souhail 

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