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Israël : le premier Arabe honoré du titre de "Juste" par Yad Vashem

Israël : le premier Arabe honoré du titre de "Juste" par Yad Vashem

 

Nathalie Hamou

 

 

Pour la première fois depuis sa création voilà tout juste soixante ans, l'Institut Yad Vashem, qui se consacre à la Mémoire de la Shoah et à l'enseignement, a décerné le certificat de « Juste entre les Nations » à un citoyen arabe. Le médecin égyptien, Mohamed Helmy, formé à Berlin dans les années 1920, a reçu lundi 30 septembre, à titre posthume, cette distinction pour avoir sauvé une famille juive des griffes des nazis. A ce jour, près 25.000 personnes  issues de 44 pays (dont 500 citoyens allemands) ont été nommés « Justes entre les Nations ». 

« Le titre de Juste a déjà été accordé à plusieurs douzaines de musulmans originaires d'Albanie, de Bosnie ou de Turquie, précise le Mémorial de Yad Vashem, mais jamais à un ressortissant d'un pays arabe ». Un état de fait qui a nourri depuis une dizaine d'années les travaux de l'universitaire Robert Satloff, spécialiste du Proche-Orient et directeur du Washington Institute for Near East Policy. Après avoir entamé des recherches après les attentats du 11 septembre dans le but de combattre la négation de l'holocauste dans le monde arabe, ce dernier avait proposé à Yad Vashem la candidature d'un fermier tunisien à la distinction de Juste parmi les Nations. Une requête qui n'a pu aboutir.

Le sujet a également inspiré à l'écrivain et journaliste français Mohammed Aïssaoui un ouvrage sur les Arabes et les musulmans qui ont sauvé des juifs sous l'Occupation en France (L'Etoile jaune et le Croissant, 2012).  L'auteur avait notamment interrogé Irena Steinfeldt, de la Commission des Justes de Yad Vashem, qui lui avait confié alors : « Il y a eu des choses, on en est sûr. Il y a eu beaucoup de légendes, aussi ». 

Correspondance

Dans le cas du docteur Mohamed Helmy, les preuves sont formelles. Né en 1901 à Khartoum (sous contrôle égyptien et britannique), le jeune homme arrive en Allemagne en 1922 pour y suivre des études de médecine et s'installe à Berlin. En raison de ses origines arabes, on lui refuse d'épouser sa financée allemande. Rayé du système hospitalier, il est arrêté en 1939 en compagnie de plusieurs compatriotes, avant d'être libéré pour raison de santé. 

Pendant plusieurs années, il cachera Anna Boros, l'une de ses patientes juives, avant d'aider d'autres membres de sa famille à échapper à la Gestapo. Après avoir émigré aux Etats-Unis, Anna Boros (devenue Gutman après la guerre) et les siens écriront dans les années 1950 et 1960 des lettres au Sénat allemand afin de louer les mérites de leur sauveteur. Découverte dans les archives de Berlin, cette correspondance récemment transmise à Yad Vashem, a permis de révéler l'histoire du docteur Helmy.

Le Mémorial de Jérusalem recherche désormais les éventuels descendants du Dr Helmy, décédé en 1982, et de sa compagne allemande Frieda Szturmann (disparue en 1962), afin de leur remettre la médaille des Justes. En attendant, cette récompense sera exposée à Yad Vashem dans le cadre d'une présentation baptisée « Je suis le gardien de mon frère », qui marque le cinquantième anniversaire de la distinction « Justes entre les Nations ».

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