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La dernière odalisque, ou l’incroyable histoire d’une princesse tunisienne

 

La dernière odalisque, ou l’incroyable histoire d’une princesse tunisienne

 

 

 

Les plus belles femmes au monde seraient des circassiennes, du nom de cette région du Caucase, la Circassie, région montagneuse du Sud de la Russie jouxtant la Mer Noire. Des odalisques, ces femmes que l’on préparait depuis la tendre enfance à devenir esclave dans le harem du sultan, du temps où l’Empire ottoman était encore tout puissant. Ces femmes dont les parents rêvaient qu’elles se fassent remarquer pour devenir l’épouse d’un prince, ce qui arrivait quelquefois. 

Faïçal Bey, descendant de la lignée husseinite, lignée qui régna sur la Tunisie depuis 1613 jusqu’à 1957, date de l’avènement de Bourguiba, nous conte ici l’histoire, quelque peu romancée, de sa grand-mère Safiyé. Une odalisque rachetée à prix d’or pour être ramenée à Istanbul, où son destin l’attendait. Mais nous sommes en 1919 et la guerre est passée par là. La Circassie est en pleine déroute, infestée de bandes armées qui sillonnent le pays pour tout massacrer sur leur passage. Quant à l’Empire Ottoman, fragilisé par son alliance avec l’Allemagne, il est en plein déclin et Istanbul est occupée par les troupe alliées, notamment britanniques. C’est dans ce contexte incertain que Safiyé finit par être recueillie ( rachetée devrais – je dire ) par Tevhidé, petite fille et nièce de vizirs et grands vizirs. Avec nous, lecteurs, Safiyé va découvrir ce qui se cache derrière ces palais aux décorums impressionnants, et qui fonctionnent sur un mode très hiérarchisé et à la fois très respectueux. Une véritable micro société où toutes les religions se croisent, depuis la servante juive jusqu’au cuisinier grec orthodoxe, et ça n’est pas là le moindre des paradoxes.

Avec ce récit, Faïçal Bey nous fait découvrir tout un monde, un monde qui a ses règles et qui subit, à son niveau, les frimas de l’Histoire. Car tout n’est pas rose dans ce petit milieu et Safiyé doit se battre, s’appuyant sur un caractère trempé pour affronter les écueils de la vie, qui ont été nombreux pour elle. L’Empire Ottoman se meurt et elle doit fuir une nouvelle fois, prise sous l’aile protectrice d’une princesse tunisienne, ancienne odalisque comme elle. C’est là que tout continue mais là encore, les écueils sont nombreux. Faïçal Bey nous laisse entrevoir les coulisses du pouvoir, un pouvoir qui n’a plus que ses ors, les beys n’ayant plus comme rôle que celui de signer les décrets préparés par les Français, qui dirigent le pays ( la Tunisie étant à l’époque un protectorat ). Mais cela n’empêche pas les intrigues de cour, les jeux politiques, la lente montée du nationalisme en même temps que le nazisme, les italiens défilant dans les rues au son de sonos crachant les paroles des discours du Duce…

Au final, un livre des plus agréables à lire, que l’on se prend parfois à dévorer pour savoir ce qu’il va advenir de cette femme au destin si singulier, un livre rythmé ( mais qui contient parfois quelques longueurs ) et qui nous en apprend beaucoup sur les us et coutumes du monde musulman, ainsi que sur ce pays qu’est la Tunisie.

Benoît

 » La dernière odalisque » de Faïçal Bey, aux éditions elyzad poche ( livre paru pour la première fois aux éditions Stock en 2001 )

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