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La libération de Jonathan Pollard : un cadeau empoisonné

La libération de Jonathan Pollard : un cadeau empoisonné(info # 010908/15)[Analyse]

Par Guy Millière © MetulaNewsAgency

 

Il est maintenant très probable, pour ne pas dire assuré, que Jonathan Pollard sera libéré dans quelques semaines. C’est, en soi, une excellente nouvelle. Le châtiment subi par Jonathan Pollard est absolument disproportionné par rapport au crime commis.

 

Jonathan Pollard a commis des actes d’espionnage au service d’un pays ami des Etats Unis, pas au service d’un pays ennemi. Aucune personne convaincue d’avoir commis des actes d’espionnage au service d’un pays ami n’a été condamné à une peine aussi lourde que celle infligée à Pollard.

 

Des échanges permettant la libération d’espions condamnés ont lieu avec des pays ennemis des Etats Unis. On a appris, grâce à la divulgation de documents longtemps restés ensevelis, ou couverts du sceau secret défense, que les actes d’espionnage commis par Jonathan Pollard étaient en réalité bien moins conséquents que ceux dont on l’avait accusé, puisque les documents qu’il a livrés à Israël à l’époque concernaient les pays arabes du Proche-Orient, et pas de manière directe les Etats-Unis, dont aucun secret militaire ou diplomatique n’a été violé.

 

Jonathan Pollard, très malheureusement pour lui, n’a sans doute pas été libéré plus tôt parce que ceux qui l’ont incriminé à l’époque étaient porteurs d’une vindicte personnelle aux senteurs d’antisémitisme et d’anti-israélisme prononcées, parce que les mêmes personnes n’ont pas voulu se dédire et paraître être allées trop loin. Parce que, dans ce contexte, les dirigeants des services de renseignement américains ont fait de Jonathan Pollard un symbole, et, c’est un fait, parce que son cas est aussi devenu un symbole en Israël. Aucun président américain, même les plus proches d’Israël, n’ont voulu toucher au dossier.

 

Barack Obama, le Président des Etats Unis le plus hostile à Israël de l’histoire touche au dossier.  Cela peut surprendre. C’est pourtant très logique.

 

Et bien que la libération de Jonathan Pollard soit une excellente nouvelle, pour lui et pour son entourage, pour la justice aussi, il importe de voir ce qu’elle signifie.

 

Barack Obama est en guerre contre Israël depuis son arrivée à la Maison Blanche. La guerre qu’il mène contre Israël est, avant tout, une guerre diplomatique et une guerre de communication.

 

Il sait que la libération de Jonathan Pollard va s’accompagner de controverses, de critiques venues des services de renseignement américains, de débats dans la presse. Obama désire tout cela. Il veut que l’idée qu’Israël a eu des espions aux Etats Unis soit en première page des journaux. Il veut que le gouvernement et le peuple israéliens se mettent en tort et se réjouissent de la libération de Pollard, tandis que des controverses battront leur plein en Amérique. Il veut embarrasser les amis d’Israël aux Etats-Unis.

 

Et il le veut en un moment bien précis : le moment où l’accord qui concède tout à l’Iran, qu’il a passé et entériné, va être soumis à l’approbation du Congrès.

 

Obama s’est déclaré prêt à ignorer un éventuel vote négatif du Congrès et à violer la Constitution une fois de plus, mais s’il peut éviter ce type de situation désagréable, il le fera.

 

Il lui faut à présent obtenir que les Républicains ainsi qu’une partie des Démocrates n’atteignent pas la majorité des deux tiers dans les deux Chambres, majorité qui mettrait un vote négatif à l’abri du véto présidentiel.

 

Les membres Démocrates du Congrès élus dans des districts ou des Etats où l’électorat juif peut faire la différence, et qui se sont affichés au fil du temps comme des amis d’Israël, sont les plus susceptibles de se rallier. Obama entend les embarrasser et les intimider.

 

Il utilise à cette fin son fidèle auxiliaire John Kerry, qui a déclaré plusieurs fois ces derniers jours que si l’accord avec l’Iran faisait l’objet d’un vote négatif au Congrès, Israël se retrouverait en mauvaise position et pourrait se voir accusé d’avoir nui à la paix régionale.

 

Obama lui-même a tenu récemment des propos accusant directement le « lobby israélien » de faire campagne contre l’accord et de vouloir nuire à la sécurité des Etats Unis en suivant les positions d’extrémistes israéliens.

 

Il vient de tenir, à l’American University, un discours vil et mensonger destiné explicitement à isoler Israël et à renforcer le chantage qu’il exerce aux dépens de ceux qu’il place dans le « lobby israélien ». Ses manœuvres ont été, pour l’heure, infructueuses.

 

Les principales organisations juives américaines viennent de se prononcer contre l’accord, tout comme l’influent sénateur Démocrate de New York, Chuck Schumer. Obama ne renoncera pas à manœuvrer, jusqu’au moment du vote, à la mi-septembre.

 

Libérer quelqu’un qui a espionné en faveur d’Israël, en ce contexte, est censé renforcer l’idée qu’Israël n’a pas pour préoccupation la sécurité des Etats Unis et constitue un mauvais allié. Il entend instiller l’idée que, pour un Américain, soutenir les positions israéliennes est se comporter en mauvais Américain.

 

Le gouvernement israélien devra faire preuve de subtilité dans les semaines à venir : je ne doute pas que ce sera le cas. Les amis d’Israël aux Etats Unis devront eux aussi faire preuve de maestria.

 

Le peuple israélien doit s’attendre à ce que sa joie au moment de la libération de Jonathan Pollard soit instrumentalisée de façon perverse à Washington par un homme qui ne lui veut pas du bien.

 

Avec Obama, même les gestes en apparence généreux doivent être observés de près : Obama n’a aucune générosité. Surtout quand il s’agit d’Israël et du peuple israélien. 

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