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Le declin de la presence des Juifs au Maghreb

Le declin de la presence des Juifs au Maghreb

 

 

 

 

 

Depuis le milieu du XXe siècle, le nombre d’israélites au Maghreb a inexorablement chuté. Environ 500 000 au sortir de la Seconde guerre mondiale, ils ne seraient pas plus de 5 000 aujourd’hui. D'un pays à l'autre, cet exil trouve différentes explications historiques.

  • Maroc

Le nombre de Juifs marocains est estimé à environ 250 000 en 1945. À l’époque, il s’agit de la plus grosse communauté juive du Maghreb et du monde arabe. Contrairement à leurs « frères » d’Europe, les Juifs du Maroc ont été préservés de la folie meurtrière nazie, bénéficiant notamment de la protection du roi Mohammed V. Conscients de cet énorme potentiel de peuplement, les agents sionistes vont, dès 1947, parcourir le royaume pour pousser les israélites marocains à émigrer vers l’État d’Israël naissant. Cet exil s’accentuera progressivement dans les années suivantes, notamment entre l’indépendance du royaume alaouite en 1956 et la Guerre des Six-Jours en 1967.

Si le gros des troupes fait l’aliyah (l’émigration vers la Terre promise), de nombreux Marocains de confession juive posent leur bagages en France, au Canada ou encore en Amérique latine. D’après Jacques Toledano, président du musée du judaïsme marocain à Casablanca, ces exilés et leur descendance restent pourtant profondément attachés à leur « marocanité ». « Aujourd’hui, quelle que soit la couleur de leur passeport, les Juifs originaires du Maroc se sentent pleinement marocains », affirme-t-il. Plusieurs milliers d’entre eux rentrent d’ailleurs régulièrement dans leur pays d’origine pour les vacances. Aujourd’hui, près de 3 000 Juifs sont encore établis au Maroc, notamment à Casablanca.

  • Algérie

Moins nombreux que leurs voisins marocains, les Juifs algériens ont surtout une trajectoire très différente, intiment liée à l’histoire franco-algérienne. En 1870, le décret Crémieux - du nom de son auteur, Adolphe Crémieux – déclare citoyens français les « israélites indigènes » d’Algérie. Lorsque la guerre d’indépendance éclate, en 1954, on compte environ 130 000 Juifs dans les départements français d’Algérie. Comme le résume Albert Camus dans L’Express, la communauté est alors « coincée entre l’antisémitisme français et la méfiance arabe ». Ne choisissant aucun camp, elle subira ensuite de nombreuses attaques, qu’elles soient l’œuvre des extrémistes français de l’Organisation armée secrète (OAS) ou des indépendantistes arabo-musulmans du Front de libération national (FLN). Dans les mois qui suivent l’indépendance, environ 120 000 Juifs d’Algérie, Français depuis quatre générations, embarquent pour la métropole aux côtés des pieds-noirs.

Les quelques milliers restant partiront progressivement, au gré des vagues d’immigration vers Israël dans les années 1960 et 1970. La « décennie noire », dans les années 1990, fera fuir la plupart des derniers membres de la communauté encore installés en Algérie. Aujourd’hui, personne n’est capable de fournir un chiffre précis sur le nombre de Juifs résidant toujours dans le pays. Aucun ? Une vingtaine ? Une cinquantaine ? « Il ne sont plus qu’une poignée. Ils vivent très discrètement et sont surtout installés à Alger », indique l’historien Benjamin Stora. Ce flou entourant les israélites algériens entretient toutes sortes de fantasmes. « Il y a une sorte d’idée de "juifs clandestins", parfois relayée par la presse algérienne, s’amuse Joëlle Allouche, juive de Constantine dont la famille a émigré en France. J’ai par exemple lu des articles, dans des journaux sérieux, qui affirmaient que des communautés juives vivaient cachées dans les montagnes des Aurès ! ».

  • Tunisie

Au début des années 1950, on dénombre environ 100 000 Juifs en Tunisie. Comme au Maroc, certains sont déjà partis pour Israël depuis 1948, poussés au départ par de discrets agents sionistes. Dans les années qui suivent, plusieurs milliers leur emboiteront le pas. Ceux qui ne prennent pas la direction de l’État hébreu mettent les voiles vers la France ou l’Italie. Par la suite, différents actes antisémites intensifient l'émigration juive. Au tournant des années 1970, il ne reste plus que 10 000 israélites en Tunisie.

Arrivé au pouvoir en 1987, l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali apparaît plutôt bienveillant à l’égard des Juifs tunisiens. Sous sa dictature, leur nombre, estimé à un peu moins de 2 000, se stabilise. Hormis le sanglant attentat de 2002 contre la synagogue de la Ghriba, la communauté juive n’est pas inquiétée durant les années Ben Ali.

Aujourd’hui, la majorité des 1 500 Juifs de Tunisie est installée dans le sud du pays, à Zarzis et Djerba. La percée des islamistes radicaux après la révolution a poussé les autorités à renforcer les mesures de sécurité devant les lieux de cultes hébraïques, en particulier lors du célèbre pèlerinage de la Ghriba. D’après un responsable de la communauté qui a préféré garder l’anonymat, seule une petite frange des salafistes menace ses coreligionnaires. « Beaucoup de Juifs tunisiens et de salafistes travaillent dans la bijouterie depuis des années, affirme-t-il. Ils se connaissent très bien et se respectent. Les seuls qui nous menacent sont une poignée de salafistes jihadistes, qui ne sont rien d'autre que des terroristes ».

 

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