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Le grand maître juif de Bagdad

Photo trés rare de la famille du Ben Ich ‘Haï

 

Le grand maître juif de Bagdad

 

 

Babylone, ce nom évoque en nous de nombreux souvenirs. Durant 2000 ans, la Présence Divine accompagna le peuple juif en Babel et Elle résida dans les maisons d’étude et de prières que les exilés y fondèrent. Bagdad c’est la Nehardéa d’autrefois.Babel fut le centre spirituel avec ses célèbres yéchivot de Souria, Poumbédita et Néhardéa. Ici régnèrent les « Maîtres de l’Exil » de la lignée du roi David. Après les périodes des Tanaïm et Amoraïm apparurent les Guéonim : Rabbi Ahaï, Rabbi Yéhoudaï, Rabbi Saadia Gaon. . . Génération après génération, cette chaîne d’or se développa dans le pays.

 

Le déclin spirituel de Babel intervint en même temps que la chute de l’empire babylonien. En 1330 des barbares mongols dévastèrent la vallée du Tigre et de l’Euphrate. La condition des juifs ne s’améliora pas durant 300 ans jusqu’à la prise du pays par les turcs. En 1633 les Turcs accordèrent une totale liberté de culte aux juifs. Mais des épidémies se déclarèrent. Les eaux de l’Euphrate débordèrent et ravagèrent de grands espaces. La plus dévastatrice des épidémies eut lieu en 1743. Des milliers de personnes succombèrent.

Le Ben Ich ‘Haï

C’est dans ces conditions que Rabbi Moshé ‘Haïm fut nommé comme Grand Rabbin de Bagdad en 1787. Il fut aussi le Roch Yéchiva d’une grande institution et Président du Beth-Din.

Rabbi Eliahou, fils de Rabbi Moshé, va succéder à son père après sa mort dans la fonction de Grand Rabbin.

Rabbi Eliahou et son épouse n’eurent pas d’enfants pendant de nombreuses années. Au bout de 10 ans de mariage, la femme de Rabbi Eliahou voyagea de Bagdad au Maroc pour demander une bénédiction à Rabbi Yaakov Abou’hatséra, l’Abir Yaakov.

Le Tsaddik la bénit et lui assura qu’elle donnerait naissance à un enfant qui, un jour, illuminerait les yeux du peuple juif. Moins d’un an après, en 1832, elle donna naissance à un garçon, qui fut appelé Yossef ‘Haïm. Yossef ‘Haïm, qu’on appellera plus tard le Ben Ich ‘Haï, était l’aîné des fils de Rabbi Eliahou.

Dès sa plus tendre enfance, tout le monde sut qu’il était destiné à être une grande personnalité. Un jour, en jouant avec sa soeur, il tomba dans un puits. Sa sœur, effrayée, cria : « Yossef ‘Haïm s’est noyé. » Un des voisins apporta une corde épaisse et on remonta le corps inanimé de Yossef ‘Haïm. Quand le docteur vit Yossef ‘Haïm sans connaissance, il a dit à ses parents que les chances de survie leur fils étaient minces.

Son père commença à réciter les Téhilim à son chevet. Soudain, Yossef ‘Haïm poussa un cri. Le docteur, incrédule, le regarda et déclara qu’un miracle avait eu lieu. Après que sa mère lui ait servi une boisson chaude, elle lui raconta le miracle. Yossef ‘Haïm pleura et dit : « Je promets que dorénavant, je consacrerai ma vie à l’étude de la Torah. » Un vigoureux « Amen » retentit dans la salle. A l’âge de dix ans, il abandonna l’étude en groupe et étudia sous la direction de son oncle Rabbi David ‘Haï Nissim.

A 15 ans, il entra à la Yéchiva du sage Rabbi Abdallah Somekh, élève de Rabbi Moshé ‘Haïm, grand père de Yossef ‘Haïm. De cette Yéchiva sortirent tous les sages de Babel.

A l’âge de 18 ans, son maître Rav Somekh le choisit comme époux pour sa soeur. Celle-ci l’aida à vouer sa vie à la Torah. Alors âgé de 26 ans, son père décède prématurément ; Yossef prend pour la première fois la parole en public. Son discours bouleverse des milliers d’auditeurs ; sur le champ, les Sages de Babel le juge alors digne de porter la couronne de ses ancêtres.

Son élève, Rabbi Ben Tsion Hazzan, qui fut Rav de la vieille ville de Jérusalem jusqu’à sa conquête par les arabes en 1948 décrit le Ben Ich ‘Haï (Yossef ‘Haïm) en ces termes : « Si les enfants d’Israël avaient, à leur époque, écouté les prophètes comme ils écoutent aujourd’hui notre maître Rabbi Yossef ‘Haïm, le Beth Hamikdach n’aurait pas été détruit ». Les jours et les nuits du Maître étaient vouées à la Torah. Comment se passait sa journée ? Dès la fin de sa prière à l’aube, il prenait place devant une grande assemblée et étudiait avec eux dans le « Eïn Yaakov ». Ses nombreux commentaires furent regroupés et publiés sous le nom de « Ben Yéhoyada ».

Entre Min’ha et Arvit, il recevait le public qui le sollicitait pour recevoir des bénédictions et des conseils. Après la prière du soir, il prenait à nouveau une collation et se retirait chez lui où il étudiait jusqu’à l’heure de réciter le Tikoun ‘Hatsot.

Chaque Chabbataprès-midi, avant la Séouda Chelichit, il tenait un discours sur la Paracha de la semaine où le public venait avant l’heure pour s’assurer une place. Il avait cette capacité de captiver un public très varié ; depuis les grands maîtres jusqu’aux plus humbles du peuple. Lors des 4 Chabatot, Chabbat Chouva, Chabbat Zakhor, Chabbat Hagadol et le Chabbat qui précède la fête de Chavouot, le Maître parlait durant 6 heures consécutives. Il évoquait tous les sujets concernant la fête du point de vue de la Halakha, en évoquant les lois liées à la fête qui devait suivre, et bien sur la Hagada en utilisant des anecdotes tirées des livres des kabbalistes.

Ses paroles et décisions faisaient autorité. Grâce à ses connaissances poussées dans le domaine de la kabbale, Rabbi Yossef ‘Haïm savait déterminer l’origine de l’âme de chaque juif. Un exemple : lorsque Rabbi Abdallah Somekh quitta ce monde, la communauté fut horrifiée de l’outrage fait à ce sage dont le corps venait être déterré sous la pression des arabes, pour être enterré dans un autre cimetière. Rabbi Yossef ‘Haïm calma les esprits en expliquant que l’âme de A’haz, roi de Yéhouda, s’était réincarnée en Rabbi Somekh. Il avait ainsi réparé le mal fait par A’haz ; mais il dut néanmoins être enterré deux fois comme le fut le roi A’haz. Rabbi Yossef ‘Haïm était profondément attaché à Erets Israël. Il plaça une grande pierre d’Erets Israël à l’entrée de la synagogue où il dispensait ses cours. De même, il fit imprimer tous ses livres en Erets Israël afin de soutenir son yishouv. Il a également influencé un des juifs les plus riches de Bagdad afin qu’il donne la terre sur laquelle la Yeshivat Porat Yossef a été construite, Yéshiva qui a joué un rôle important dans la revitalisation du judaïsme séfarade.

Il se rendit en Erets Israël en1869. Il rendit visite à la synagogue Beth-El, synagogue des kabbalistes à Jérusalem. Il y rencontra le grand kabbaliste Rabbi Aboulafia. Il visita ‘Hevron, puis se rendit en Galilée, à Tsfat pour se recueillir sur la tombe des Tsadikim.

Arrivé au village d’Avnitoù se trouve la tombe de Bénayahou ben Yéhoyada, chef de l’armée du Roi Salomon, il sentit une Sainteté exceptionnelle ; le maître comprit alors que la racine de son âme était la même que celle de Ben Yéhoyada. En rentrant d’Erets Israël, il rapporta avec lui des sacs emplis de la terre d’Israël. La vie de la communauté était axée sur la Torah, et pourtant, des envoyés du mouvement libéral européen tentèrent de capturer des âmes intègres dans leurs filets. En 1875, un professeur juif viennois du nom d’Obermeyer vint à Bagdad. Il était envoyé par les libéraux pour aider à l’introduction de la réforme à Bagdad.

Il commença à s’immiscer dans les affaires de la communauté, et se moqua des décrets que Rabbi Yossef ‘Haïm avait pris au cours des années. Il écrivit même un article dans lequel il s’attaquait au Rav; le jour même la communauté proclama l’anathème contre l’impudent auteur. Naturellement, suivant la technique bien connue de tous, Obermeyer constatant que ses affaires tournaient mal, envoya une lettre d’excuses. La même semaine, Obermeyer reçut un télégramme lui annonçant le décès de sa femme et il dût partir précipitamment.

 

Le Rav Yossef ‘Haïms’éteignit le 13 Eloul 5669 (1909). La terrible nouvelle se répandit comme une traînée de poudre dans tout le pays.

Même le Pacha(gouverneur) ordonna aux gardes de l’armée d’escorter le cercueil pour honorer le défunt. La guerre du Golfe de 1991 a permis de retrouver la tombe du Ben Ich ‘Haï, a-t-on appris de sources militaires américaines. En effet, sa tombe s’est rapidement transformée en lieu de pèlerinage pour des milliers de Juifs d’Irak et du monde entier. L’indépendance de l’Irak n’a entraîné aucune conséquence fâcheuse pour la tombe, jusqu’à ce qu’en 1962, les dirigeants irakiens décident d’utiliser l’emplacement pour construire un ensemble immobilier, malgré les protestations des Juifs du monde. La tombe du Rav a été déplacée, sans que son nouvel emplacement ne soit dévoilé ! La bonne nouvelle est alors tombée : les Américains ont retrouvé la pierre tombale du Ben Ich ‘Haï, et sans nul doute, sa tombe également.

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