Les Amazighs tunisiens créent une association culturelle
Après des années de restrictions sous le régime de Ben Ali, les Amazighs de Tunisie cherchent à faire revivre leur patrimoine ancestral.
Par Monia Ghanmi pour Magharebia
Dernière avancée pour cette communauté, l'Association culturelle amazighe tunisienne (ACAT) a reçu le 30 juillet une licence lui permettant de travailler à faire revivre et développer la culture amazighe après des années de restrictions sous l'ancien régime.La révolution tunisienne a ouvert une nouvelle ère de liberté pour la population amazighe du pays, permettant à cette minorité autrefois négligée de constituer ses propres associations en vue de protéger son patrimoine.
L'ACAT, dont la création date d'avril dernier, s'est fixé pour objectif la reconnaissance des Amazighs comme une composante essentielle de l'identité tunisienne et la réhabilitation de leur histoire, en faisant revivre leur patrimoine et en reconnaissant leur culture. Cette initiative vient s'ajouter à la préservation des traditions amazighes, au maintien de l'architecture des villages tunisiens qui ont un caractère amazigh et aux projets visant à les faire inscrire sur la liste du patrimoine de l'humanité de l'UNESCO.
"Le nombre d'Amazighs en Tunisie ne dépasse pas les 100 000 personnes, mais leur histoire est très ancienne. La société tunisienne doit donc les reconnaître comme une minorité, sans préjugés, marginalisation ni exclusion", a déclaré la présidente de l'ACAT, Khadija Ben Saidane, lors d'une conférence de presse. Les Amazighs sont présents dans tous les villages du sud de la Tunisie, comme Matmata et Djerba.
"Notre objectif est de présenter la civilisation amazighe de Tunisie à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, de faire aimer cette civilisation et de l'utiliser au service du développement économique et social, notamment dans les régions parlant la langue amazighe", a précisé le secrétaire général de l'ACAT Jalloul Gharki. "Cela vient s'ajouter au fait d'aider à construire une culture tunisienne intégrée basée sur le pluralisme, la diversité, la différence et la participation, sans aucune exclusion ni marginalisation."
Les Amazighs ont précédé les Arabes en Afrique du Nord, et les deux cultures se sont mêlées lors de la conquête islamique. Quelques tribus parlent encore le tamazight au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Libye.
Khadija Ben Saidane a appelé la prochaine assemblée constituante à reconnaître la composante amazighe dans la future constitution tunisienne et à inclure l'enseignement optionnel de cette langue dans les programmes scolaires.
"C'est notre demande, et l'Etat tunisien doit reconnaître la culture et la langue amazighe et travailler à les développer, comme cela se fait en Algérie et au Maroc", dit Abdel Razak Choui, un Tunisien d'origine amazighe.
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