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LES BAGUETTES MAGIQUES DE L'ELYSÉE

LES BAGUETTES MAGIQUES DE L'ELYSÉE

 

 

« On veut le même pain que le président ! » Les clients défilent Au Paradis du Gourmand, avec la même requête. Depuis que le patron, Ridha Khadher, a gagné le concours de la meilleure baguette de Paris, son commerce ne désemplit pas. Car outre la médaille et 4 000 euros, il a obtenu le privilège de fournir l’Elysée pendant un an. « Les clients sont curieux, dit-il. Ils posent beaucoup de questions : “Est-ce que c’est vrai que le président en mange ?” Combien est-ce que j’en livre à l’Elysée... » Le boulanger sait, par les membres du personnel croisés au palais, que François Hollande préfère le pain croustillant. Alors, au petit matin, il suit la fournée spéciale de quinze baguettes, surveillant la cuisson comme le lait sur le feu.

 « ILS VEULENT TOUS MANGER DU PAIN FRANÇAIS », SE RÉJOUIT KHADER

Ridha Khadher est un homme heureux. La vie de ce fils de paysan, originaire de Sousse, en Tunisie, est devenue un conte de fées. Baraqué, le sourire aux lèvres, le tutoiement facile, le contact évident, il profite de sa récente notoriété. Et dire qu’il a failli ne pas passer le concours ! C’était en avril dernier. « J’avais fait demi-tour devant la mairie où avait lieu l’épreuve. Il y avait tant de monde que, n’arrivant pas à me garer, je suis reparti avec mes baguettes. Puis, miracle, 100 mètres plus loin une place s’est libérée. » Le soir, il a reçu un appel. « On m’a dit que j’avais gagné. Je n’y croyais pas. Je pensais à une blague », raconte-t-il en se marrant. Ce n’est que le lendemain matin, en apercevant, dès 6 heures, les voitures de trois télévisions françaises et de CNN devant sa boutique, qu’il a réalisé. Depuis, des chaînes du monde entier sont venues l’interviewer. « Vous lisez le chinois ? » demande-t-il. Et il montre, fier, un article avec son nom et celui de sa boulangerie que l’on peut lire parmi les sinogrammes. Un hôtel de San Diego l’a invité une semaine en famille, et à Dubai comme au Japon on lui fait les yeux doux. « Ils veulent tous manger du pain français ! » se réjouit Ridha. Effectivement, son téléphone sonne sans interruption.

 Une fois, il y a quelques semaines, Ridha a aperçu de loin le président. Mais jamais encore il ne lui avait parlé. Dans quelques minutes, pour la photo pour Paris Match dans les jardins de l’Elysée, il va pouvoir lui serrer la main. Il ne songe pas un instant à dissimuler sa joie, légitime, d’être là. Il a emmené sa fille, Sara, et quelques viennoiseries en plus. François Hollande arrive, le questionne sur son parcours et le félicite pour la qualité de ses produits, heureux, lui aussi, de ce symbole d’une intégration réussie. Bientôt, le président emmènera le champion avec lui, pour son voyage officiel en Tunisie. Valérie Trierweiler est également venue le saluer. Ridha sourit, ému : « Elle est vraiment très belle. Et ils sont tous les deux si gentils, si chaleureux… Pas comme à la télévision ! » Il demande une photo souvenir. « J’en ferai un poster », dit-il. Il était une fois un petit paysan venu de Sousse qui, d’un coup de baguette, fut propulsé sous les projecteurs… Et Ridha de conclure son conte de fées : « Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. »

 

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