LES INTRUS, par Albert Simeoni

LES INTRUS. 

Emma Hachoué et Chouchou Barbar.

Depuis quatre jours, je n’arrive pas à joindre maman chérie. 
Enfin au bout du cinquième matin.

‘...Allo maman... ?’ 
‘... 
Petite voix. 
‘...Qui c’est ... ?’ 
‘...Moi... !’ 
‘...Bébert... ? je me repose ye ouldi... ! 
‘...Oui, mais dis moi tu as un problème de téléphone ou quoi... ?’ 
‘...Non pas du tout, je me suis cloitrée depuis qu’ils sont partis... !’ 
‘...Qui sont partis..... ?’ 
‘...Omoc fél lekh’réni... !’ ( Sous entendu très fatiguée, au bord du rouleau.) 
‘...Quoi le ménage de Pâque.... ?’ 
‘...Comment nous sommes en décembre, éch ijib bichaAAAhhh... !’ 
‘...Alors... ?’ 
‘...Tu connais Chouchou Barbar et sa femme Emma Achouè, de la Goulette... ?’ 
‘...Oui bien sur... !’ 
‘...Figure toi, ils sont venus à Paris pour quelques jours et ils m’ont téléphoné.. !’ 
‘...Mnih... !’ 
‘...Mnih yatini rih amin ( Qu’un vent me prenne) 
‘...Rih bered oulle chkroun... ?’ (Un vent froid ou chaud... ?) 
‘...Alors moi bête comme je suis, je les ai invités pour prendre un café... !’ 
‘...Tu as bien fait... !’ 
‘...Bien fait... ? Attend le reste, donc deux heures plus tard, je les vois débarquer chez moi avec les valises... !’ 
‘...Mnih... ! 
‘...Je les reçois très bien et je les fais asseoir au salon. Je leur prépare des gâteaux, makrouds, bescoutou, enfin tu sais comment je suis ...!’ 
‘...Oui très généreuse, bah’bouhaAAAA... ! Mnih... !’ 
‘...Moi, comme une idiote, je leur dis ‘zarti brakha bicom( bienvenue) et j’ajoute ‘...Allaich vous ne restez pas près de moi ce soir, le temps de vous reposer... !’ 
‘... Mnih, mesvah tou’qofloc...!’ (Une grâce que tu fais... !) 
‘...Fi termeye... !’ (Dans mon c... !) 
‘...Mnih... !’ 
‘...d'autres personnes auraient refusé, moi je les fais par politesse... !’ 
‘...Mnih... !’ 
‘...Tu ne vois pas ils acceptent sur le champ et ils me disent ‘...Justement, ye Haya, cela nous donnera le temps de chercher une chambre d’ hôtel... !’ 
‘...Mnih... !’ 
‘...Moi, je leur dis ‘...Mais vos enfants, ils ne sont pas à Paris... ?’ Ils me répondent ‘..Ye Haya mejellou zghar tewa, ouffe (est ce qu’ils y a encore des enfants, c est fini.) On ne peut plus compter sur eux, avec la vie qui mène à Paris, on ne va pas leur ajouter une pastèque sur leur couilles... !’
‘...Ahhahah...Elle est bien bonne celle là et donc... ?’ 
‘...Et donc, c’est moi qui ai pris la pastèque sur ma tête... ! Choué, je leur prépare le dîner et ils passent la nuit chez moi. Mnih, le lendemain matin, ils se lèvent, s’habillent pour aller chercher une chambre d’hôtel. Vers le midi, ils reviennent bredouilles. Chouchou le sans gêne, me dit ‘...Qu’est ce que tu nous as fait comme ‘ftour’ (déjeuner) ye Haye... !’ ‘...J’ai préparé de la mloukhiya...’ ‘ Ah, on aime cela ye Haya.. !’ Ils se mettent à table. Moi, tu sais que je prépare toujours d’avance mes plats, je leur tire donc un Tuperoir de mloukhiye ( le plat noir) qui datait de deux semaines. Klew hate krhaw.( Ils ont bouffe jusqu’à l’indigestion) Pendant qu’on mangeait, je leur demande ‘...Alors, vous avez trouvé quelque chose de potable.. ?’ Emma Hachouè ( la purée) me dit avec Blata ( Avec culot) ‘...Pas encore, la vérité Hayè, nous n’avons pas trouvé qq chose de convenable, on ira encore demain chercher…!’ 
‘...Mnih meswah telqâ’a... !’ Moi. 
‘...J’ai fais semblant de rien. Pas même ils lèvent leurs plats. Et on plus, e’dec Chouchou el roq’ââ( la rustine) il va s’allonger sur mon lit pour faire la sieste. Tu sais que j’ai ma salle de bain pas loin de ma chambre, la Emma caca, elle ne se gêne pas, elle rentre dans ma salle de bain alors que j’ai la douchette de l’autre coté, esdalec... !’ Elle me dit en plus ‘...Ye Hayè, vraiment tu es bien installée toi... !’ Ficha Ficha, je verse du sel dans la cuisine et je dis ‘Lei hac oulle i houc... !’ ‘ Que son œil ne me porte pas préjudice) 
‘...Remarque à ton âge, il vaut mieux prendre ses précautions... !’ 
‘...Mnih, ils passent une seconde nuit au frais de la princesse.... !’ 
‘...Meswa... !’ 
‘...Huit jours à chercher une chambre d’hôtel qui ne trouve pas, bien sur, ils ont passé une semaine de ‘facance’ gratos au frais de la Reine des connes... !’ 
‘...Meswa... !’ 
‘...Je suis morte, je te dis, en plus ma machine à laver, elle me tombe en panne, alors je leur ai dis d’aller laver leurs habits dans le ‘living’...Cette bête de Emma, elle a pensé dans mon living room alors que moi je parlais de LAVERIE, celle qui est juste en bas de chez moi, tu ne vois pas, elle me sort ma grande cuvette en plastic pour laver ses culottes et soutiens gorges...Alors, je l’ai arrêtée bien sur. Tu sais ce qu’elle m’a dit ‘...Hayè, j’ai apporté de quoi tenir un mois... !’ E’ne bel fej’ya (par la peur) j’allais m’évanouir, et pour me sauver de cette situation, je leur ai dis que je rentrais à l’hôpital pendant trois jours pour des examens tu sais ce qu’il m’a dit le Chouchou Barbar ‘...Haye tu nous laisses les clefs et on te surveille la maison... !’ Heureusement que leur fils Alain, est venu les voir pour les prendre et les emmener chez lui. Sa femme n’étant pas là... ! Me’cheft rabi qen hatte mchew... !( J’ai pu enfin souffler.) 
‘...En tout cas, tu as fais une grande Meswa... !’ 
‘...In yaddin EL MESWOUT kif e’dou... ! Qlit triha (j’ai reçu une raclée) tu veux dire... !’ 
‘...Bon tu es sortie indemne en tout cas... ! Tu sais qui va venir à Paris dans trois jours... ?’ 
‘...Non, qui c’est... ?’ 
‘...Ceux tu aimes beaucoup... !’ 
‘...Dis-moi qui c’est... ?’ 
‘...Moumou et Fertouna... !’ 
‘...YATIC FERTOUNA AMIN... ! ye tmenq’ji.. ! 
( Que tu reçoives la chance ... ! Amen... ! Espèce de moqueur...!’