Michel Boujenah copie Woody Allen
Par Nathalie Simon
Daniel Benoin a traduit et mis en scène « Whatever Works », le film du réalisateur américain, au Théâtre national de Nice.
Au commencement du spectacle proposé par Daniel Benoin était Michel Boujenah. «Ils sont venus pour moi!» assure-t-il à ses copains, le regard fixé sur le public. Barbu, lunettes sur le nez, chemise à carreaux sur un short ample, l'acteur fait son numéro: «Je ne suis pas un gars sympathique, ça ne va pas être la pièce la plus gentille et la plus drôle de l'année», prévient-il.
Il faut cinq minutes pour se rendre compte que le directeur du Théâtre national de Nice a mis en scène le texte du film de Woody Allen Whatever Works, qu'il a traduit par «Après tout, si ça marche…», qu'il était possible de traduire par «Du moment que ça marche…». Ça se discute. Dans l'ensemble, Daniel Benoin suit la trame du scénario original. Michel Boujenah ne présente pas un nouveau one-man-show, il joue un double de Woody Allen: Maurice, un génie en mécanique quantique, misanthrope, hypocondriaque, qui est passé de justesse à côté du prix Nobel, a perdu sa femme et vient de rater son suicide. Un râleur impénitent qui ne peut s'empêcher de donner sa vision du «chaos globale du monde».
Clownesque
Daniel Benoin a transposé l'histoire new-yorkaise de ce petit homme juif qui se laissera apprivoiser par Mélodie, une jolie idiote âgée de 21 ans, à Paris. La vidéo sert les décors simples et efficaces de Jean-Pierre Laporte. Nora Arnezeder - la révélation de Faubourg 36, le film de Christophe Barratier - prête sa fraîcheur et son énergie à cette provinciale blonde au vocabulaire restreint. La belle met les pieds dans le plat, bouleverse les habitudes de la «bête» qui subsiste en enseignant les échecs à des «zombies décérébrés». D'abord agacé, Maurice s'attache et finit par l'épouser. «Après tout, si ça marche.» «Tant que vous pouvez attraper un peu de bonheur», répète-t-il.
Pas de réflexion philosophico-existentialiste ici, le spectacle est juste un prétexte pour passer un bon moment (un peu long). Le divertissement est réussi même s'il ne fait pas dans la finesse. Clownesque, Michel Boujenah a du mal à se faire oublier, mais suscite la sympathie. Ses coups de gueule sont attendus. Ses apartés aussi. À l'instar du héros «allénien», il est un pilier autour duquel évoluent les autres personnages. Neuf comédiens dont Cristiana Reali, Charlotte Kady, Clément Althaus, Jacques Bellay et Éric Prat, qu'on aurait aimé voir davantage exposés. On regrette enfin que le côté criard des échanges l'emporte parfois sur la compréhension des phrases.
• «Après tout, si ça marche...», au Théâtre national de nice, jusqu'au 10 avril. Tél.: 04 93 13 90 90.
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