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Quel avenir pour les juifs de Tunisie?

 

Quel avenir pour les juifs de Tunisie?

 

Slate Afrique

 

Les conséquences du printemps arabe ne sont pas pour rassurer Israël. Le ministre israélien de la diplomatie publique et de la diaspora, Yuli Edelsetein, était en visite à Bruxelles au Parlement européen la semaine du 20 janvier pour réclamer l'instauration d'une journée de commémoration de l'Holocauste. Il y a exprimé ses inquiétudes face aux récentes victoires des partis islamistes dans les pays du printemps arabe:

«Malheureusement, le dénominateur commun est la haine non seulement à l'encontre d'Israël, mais aussi à l'encontre des Juifs. Il n'y a qu'à voir les rumeurs qui se sont propagées sur Kadhafi prétendant qu'il était juif parce que dans les yeux des rebelles, il est Satan, et Satan est bien entendu juif. Ou encore celle qui disait que Moubarak était un agent du Mossad» a-t-il expliqué à European Jewish Press.

L'occasion de rappeler aux juifs de Tunisie qu'ils sont les bienvenus à Israël. Une déclaration qui s'inscrit dans un contexte de tension, à la suite de la visite du secrétaire général du Hamas et Premier ministre sur la bande de Gaza, Ismaïl Haniyeh, en Tunisie le 5 janvier dernier.

Lors de son arrivée à l'aéroport de Tunis-Carthage, le chef du Hamas a été accueilli par une centaine de manifestants scandant des slogans tels que «Morts aux Juifs», «Il faut tuer les Juifs, c'est notre devoir». Des propos qui ont été condamnés par l'actuel président de la Tunisie, Mohammed Ghannouchi, trois jours après la venue de son hôte, rapporte Kapitalis. Les autorités tunisiennes ont indiqué qu'il s'agissait d'un groupe de salafistes. Mais pour certains, la condamnation de ce dérapage a été faite trop tard, et ne fait que relancer la crainte d'une montée de l'extrémisme religieux dans le pays.

Fait de plus en plus préoccupant pour un grand nombre de Tunisiens, où chaque jour ou presque, des faits évoquant des extrémistes musulmans —pour la plupart des salafistes— sont rapportés dans la presse tunisienne.

Ainsi, l'agression de deux intellectuels tunisiens lors d'une manifestation pour la liberté de la presse à l'occasion du procès du patron de Nessma TV poursuivi pour la diffusion du film Persépolis (qui montrait une représentation du prophet Mahomet), ou la librairie Mille Feuilles menacée à cause d'un ouvrage (dont la couverture représentait trois femmes nus), sont autant de faits d'actualité qui alimentent les craintes.

Une montée de l'islamisme qui inquiète une majorité de Tunisiens, et en particulier les juifs Tunisiens eux-même, et relance le débat sur leur avenir dans le pays. Un reportage de BBC News démontre pourtant que la communauté juive (qui représente aujourd'hui environ un millier de personnes contre 100.000 au moment de l'indépendance du pays en 1956) ne tient pas à quitter le pays.

Interrogé par BBC News, Jacob Lelouch, un juif Tunisien qui possède un restaurant en Tunisie l'explique:

«Je resterai ici parce que c'est mon pays. Pourquoi je quitterais le pays? Si je quitte la Tunisie, ce serait pour aller où?»

Peres Trabelsi, l'un des représentants de la communauté juive tunisienne, avait déclaré pour sa part à l'AFP après la venue Ismaïl Haniyeh:

«Il n'y a pas de sionistes en Tunisie et on ne veut pas être mêlés au problème du Proche-Orient, la Tunisie est notre pays».

Et d'ajouter:

«Aucun Tunisien ne doit être insulté, et le gouvernement doit prendre des mesures pour que ce genre d'incident ne se reproduise pas, estimant que les gens qui profèrent ces slogans veulent "détruire la Tunisie".»

Vu et lu sur European Jewish Press, BBC News, Kapitalis 

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