Souad Abderrahim, l’élue tunisienne qui menace les mères célibataires

Souad Abderrahim, l'élue tunisienne qui menace les mères célibataires

Nous vous parlions déjà d'elle à 48h des élections du 23 octobre en Tunisie : Souad Abderrahim, tête de liste du partie Ennahda à Tunis, femme non voilée, mère de famille et chef d'entreprise de 47 ans, était la vitrine moderne du parti islamiste et le porte-étendard de son "ouverture".
" Non, la polygamie ne sera pas instaurée, non, on ne va pas imposer le voile" martelait-elle pour répondre aux craintes des laïcs et des femmes tunisiennes.

Pourtant, moins d'un mois après la victoire d'Ennahda à l'Assemblée constituante (89 des 217 sièges), Souad Abderrahim crée une immense polémique. Et relance déjà les doutes quant aux intentions d'Ennahda.

Le quotidien Libération a en effet révélé la semaine dernière que Souad Abderrahim se serait violemment attaquée aux mères de famille célibataires, les décrivant comme"une infamie". "Elles ne devraient pas aspirer à un cadre légal qui protège leurs droits", aurait-elle déclaré au micro de la radio arabophone française Monte Carlo Doualiya. Avant de conclure que "éthiquement, elles n’ont pas le droit d’exister".

Les associations féministes et laïques ont immédiatement fait part de leur inquiétude. Inquiétude d'autant plus grande que si le parti Ennahda a fait campagne sur le respect des acquis de la femme tunisienne (uniques dans le monde musulman), Souad Abderrahim a quant a elle plus spécifiquemment fait campagne sur le thème de la famille. "Nous sommes une société arabo-musulmane et nous en sommes fiers. Et dans le même temps, nous devons éduquer nos enfants dès le plus jeune âge au concept de démocratie" déclarait-elle récemment au Parisien.
Ironie ? Démocratie ? Ou fondamentalisme à peine voilé ? Les messages sont totalement brouillés.

Alors que les résultats définitifs confirmant la victoire d'Ennahda à l'Assemblée constituante ont été publiés aujourd'hui (le porte-parole du ministère des Affaires étrangère français a félicité le parti), de nombreux experts craignent que ce double discours ne court jusqu'aux prochaines élections législatives... entraînant probablement une nouvelle victoire d'Ennahda.