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"Sur le seuil invisible" de Alain Suied

 

"Sur le seuil invisible" de Alain Suied

 

Sur le seuil invisible représente l'ensemble des textes qu'Alain Suied a écrits durant sa dernière année, se sachant condamné et ne pouvant plus en espérer la parution de son vivant. Afin de les faire découvrir à mesure de leur écriture, Alain Suied avait souhaité créer un blog et les y mettre en ligne. Ainsi l'oeuvre se constituait sous les yeux du lecteur et de l'auteur, sans savoir où elle allait - ne devant se terminer qu'à la disparition de son auteur.
Le samedi 15 septembre 2007, à 10 h 38, Alain Suied poste un texte sur le blog qu'il vient d'ouvrir. Il est dédié à ses neveux Stéphane et Vincent : «Toutes les langues disparaissent / tous les monuments tombent en poussière / tous les regards se perdent I dans les galaxies de l'espace inconnu / / pourtant tu dois écouter la poussière». Le dernier texte, un hommage à Léonard de Vinci, sera mis en ligne le 16 juillet, huit jours avant sa mort. En voici les vers ultimes : «et il a eu la générosité / de nous offrir sans rature / le chiffre et le code, le rêve / et la vérité, les mains aimées / et ce regard sans trêve / qui toujours Ta hanté.»
Au tournant de l'année 2007-2008, Alain Suied avait donné un titre à l'ensemble de textes ainsi apparus au jour le jour : Sur le seuil de l'invisible. Titre étrangement révélateur de son projet, car ce «seuil invisible» pouvait tout aussi bien désigner l'écran sur lequel les textes immatériellement s'écrivaient que le terme au-delà duquel ils cesseraient de s'écrire.
L'image de couverture a été réalisée tout spécialement, en hommage à Alain Suied, par Pierre Dubrunquez.

L'auteur

Alain Suied est en 1951 à Tunis. Ses parents appartiennent à l'ancienne communauté juive de cette ville. Il n'a que huit ans lorsque sa famille part s'installer à Paris. Un de ses poèmes est publié en 1968 dans la revue L'Éphémère. Plusieurs recueils suivent : le Silence, en 1970, puis C'est la langue, trois ans plus tard. En 1979 paraît un recueil de traductions de Dylan Thomas, N'entre pas sans violence dans cette bonne nuit (Gallimard).
Il étudie les philosophes de l'École de Francfort et s'intéresse aux grands psychanalystes contemporains. Il entre lui-même en analyse. Ses poèmes de 1973 à 1983 sont réunis en 1988 sous le titre la Lumière de l'origine. Secrétaire de l'association musicale Le Triptyque et membre de l'Académie Charles-Cros, il a reçu le Prix Nelly Sachs pour l'ensemble de ses traductions. Néanmoins il mène une vie difficile, travaillant à l'ANPE en prise directe avec le chômage et l'exclusion. Le n° 31 de la revue Nu(e) lui a été consacré. Alain Suied est mort à Paris le 24 juillet 2008.

La revue de presse : Jean-Yves Masson - Le Magazine Littéraire, mars 2013

Sa poésie est faussement transparente : elle s'est peu à peu dépouillée des images pour se faire de plus en plus méditative, plaidant pour le respect de l'altérité, protestant contre le règne stérile de la «communication»...
Ces ultimes textes écrits «sur le seuil invisible» peuvent aussi bien servir de porte d'entrée dans son oeuvre. Une oeuvre à son image : discrète, obstinée, solitaire.

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