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TISHA’ (9e jour) BE-AV, jour de deuil

 

 

TISHA’ (9e jour) BE-AV, jour de deuil

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Nar Agayine 

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A Tunis, le 9e jour du mois de Av, c’est Nhar-Ekha, du nom du livre (des lamentations du prophète Jérémie, sur la destruction du premier Temple) qu’on lit ce jour à la synagogue.

En Tunisie, il me semble seulement en Tunisie, on l'appelle aussi Nhar-Eguein. Il n'a pas été facile de retracer l’origine de ce nom et plusieurs 'sages', à qui j'ai posé la question, ne pouvaient me donner une réponse satisfaisante. La plus probable serait que le mot vienne de l'hébreu : YAGUEN qui serait le raccourci d'un souhait "Hashem yaguen a'leinou", (que Dieu nous protége), comme on dit "shimassilinou", lui aussi déformation de Hashem yatsilénou (que Dieu nous préserve) quand on énonce les 10 Plaies d'Egypte, le soir de Pessah'. Serions-nous la seule communauté juive qui se souhaite en ce jour, où le peuple juif a subi tant de malheurs, un voeu de protection? Une sorte de "jamais plus"? En anglais ça aurait presque le même son: Never Again.

Mes souvenirs d’enfant pour ce jour fatidique étaient pleins de scènes de violence sur les souffrances de notre peuple à travers son histoire. Les textes nous disent, qu'elles s'étaient passées le 9 Av. Les infâmes personnages, dont mon père racontait la cruauté, ont fini par se confondre; depuis Amalek, Nabuchodonosor, Torquemada, Titus et d'autres. La Shoa ne s’était pas encore installée dans notre mémoire collective.

Il était difficile de classer dans mon petit univers, tous ces méchants sorciers sur l’échelle du temps et du lieu. Mon espace était ma petite ville et mes acteurs étaient des soldats de plomb que je rangeais en champ de bataille, les nôtres contre les mauvais.

Les voisins arabes, dont la conduite, envers nous, allait de la sincère fraternité à l’humiliation et même au pogrom (Gabès, 1941, était encore frais dans ma jeune mémoire), avaient accentué ma sensation d’enfant toléré par les 'maîtres des lieux', qui pouvaient se fâcher, enfin que j'étais dans une situation fragile et mon destin n'était pas dans les mains de mon père.

Aux environs du 9 Av, tous les vilains peuplaient mes cauchemars. Je voyais la place de la Synagogue en feu et des romains qui torturaient Rabbi Akiva et ses disciples, tandis que d’autres tuaient Hanna et ses 7 fils. A coté, je voyais nos voisins arabes qui assassinaient mon oncle Azzar et sa fille, tandis que d’autres dansaient avec Torquemada autour d’un autodafé. Par-dessus tout cela, on entendait les cris des juifs qui s’enfuyaient pour chercher refuge.

Ces images de désolations étaient accompagnées de la vie quotidienne qui précédait ce jour fatal. Cela fait 3 semaines qu’on ne mangeait pas de viande, ma mère ne soignait plus son couscous, il était fait de gros grains et moins épicé. La seule consolation était le poisson dont elle essayait de varier la préparation.

Le repas de la veille du jeune était fait de courges aux lentilles avec un œuf dur, que mon père saupoudrait symboliquement de quelques grains de cendres (signe de deuil), au lieu du sel.

Je l’accompagnais, après, à la synagogue dont le sol était tout tapissé de nattes (h’ssira). Tous étaient assis parterre. Des fois on entendait quelqu'un gronder des enfants qui osaient monter sur les bancs. Le soir, mon père dormait sur une natte, hors de la chambre. Il avait une pierre comme coussin.

Le lendemain il nous était interdit de toucher à un outil métallique quelconque et surtout pas un couteau, jusqu'après 1 heure de l’après midi, l’heure de « th’alett essaqina »

Toutes les prières n’étaient que des complaintes que l’on murmurait sur des airs très monotones. J’ai vu des hommes qui pleuraient en priant.

Je me rappelle que dans la synagogue il y avait une grande carte encadrée où figuraient les pays qui bordaient la Méditerranée. Mon père me désigna un jour, 2 points éloignés, sur cette carte :"à droite, me dit-il, c’est Jérusalem, à gauche en haut c’est Rome dont les soldats avaient brûlé le Beith Hamikdash et détruit notre ville sainte." Je n’oublierai jamais ce qu’il a dit ensuite : « Jérusalem sera rebâtie le jour où Rome tombera. »

Je suis sur qu’il savait que l’ancienne Rome n’existe plus aujourd’hui et que la Jérusalem des années 40 est en train de reprendre sa place dans le monde, mais mon cher père répétait ce que lui ont raconté les générations qui l’ont précédé. Malheureusement, il décéda quelques mois après la déclaration de l'Etat d'Israël, juste 2 jours avant le 9 Av.

 

De tous les empereurs romains, le seul nom que nous connaissions était celui de Titus, qui détruisit le Temple de Jérusalem. Il était toujours prononcé avec colère, on disait « Titus errashaa’, imh’i essmou »

A l’école j’appris qu'il y eut d'autres empereurs et que les soldats de Rome avaient aussi détruit Carthage et sa civilisation. Plus tard on apprend que Rome n’était pas seulement une puissance décadente et dévastatrice mais que les Romains étaient de grands bâtisseurs de routes, de ponts, d’aqueducs, etc., dans les pays qu’ils avaient dominés. L’architecture de Rome, son art plastique, ses mosaïques ont défié les siècles et se dressent devant nous dans toute leur splendeur. L’âme de Rome n’est plus là, mais son génie, sa science et ses œuvres d’arts sont parmi les plus importantes contributions dans l’histoire de l’humanité.

 

Sur ce site et sur d'autres nous trouvons des articles, très instructifs, basés surtout sur nos textes traditionnels et sacrés. Je voudrai plutôt raconter ce triste jour en mélangeant l'objectivité de documents historiques à la subjectivité de souvenirs personnels.

 

Quand nous visitons des monuments Romains antiques, nous sommes pleins d’admiration devant leur génie et d’indignation pour tout ce qu’ils nous avaient fait. Au Forum de Rome, en passant sous l’Arc de Triomphe de Titus, nous avions entonné spontanément et avec une arrogante fierté, une chanson que chantait, dans les années 50, un couple mythique du théâtre israélien (H’anna Maron et Yossi Yaddin, le frère de Ygael)

« …Oh Titus, Titus, si tu voyais

A qui le Triomphe, à qui les chants de Gloire,

Près de l’Arc que Ta Majesté l’Empereur a construit

Un couple de soldats venus justement d’Erets-Israel. »

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quand j’ai vu sur le bas-relief, ces esclaves juifs enchaînés, que Titus avait fait défiler à la tête de son cortège, j’avais envie de dire à mon pauvre père (Z’L) que ses enfants passent aujourd’hui la tête haute sous cet arc, qui n’est plus qu’une attraction touristique, que Titus et ses dieux ne sont plus là.

La Ménora, qui figure, avec les autres accessoires du Temple, sur cet arc, est aujourd’hui l’Emblème officiel du pays et du peuple que Rome pensait avoir écrasés. Elle est imprimée sur chaque page de mon passeport et gravée sur les plaques de cuivre, à l’entrée de toutes les ambassades d’Israël à travers le monde, même à Rome.

 

 

La révolte des juifs contre la domination de Rome commença en 66 et dura près de 70 ans. Sa force et sa persistance venaient du fait que les juifs luttaient pour la survie de leur essence autant et même plus que pour celle de leur existence. Ils défendaient l’idée du Monothéisme et de la souveraineté de leur peuple.

Dans toute l’histoire de leurs conquêtes, les romains avaient donné à celle de Jérusalem et de la Judée une grande importance. Ils l'avaient immortalisée sur des pièces de monnaie et bien sur, les bas-reliefs de l’Arc de triomphe de Titus à Rome.

Après la destruction du Temple, en 70, l’empereur Vespasien (père de Titus) fit frapper une grande quantité de pièces de monnaie (en bronze, argent et or) pour commémorer la victoire de Rome sur le peuple d’Israël. Il avait gravé sur ces pièces les mots « IUDAEA CAPTA » (la Judée captive). Elles furent monnaie courante à Rome et à Jérusalem, sous son empire et celui de ses 2 fils Titus et Domitien. On voit, sur ces pièces, la Judée personnifiée par une femme assise, en lamentations, sous un palmier. A coté, se tient debout, l’Empereur triomphant ou la déesse de la Victoire.

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

C’est peut être la confirmation que cette lutte avait causé aux romains plus de pertes, en soldats et en armes, que les autres guerres.

Titus avait exhibé, en son temple, toutes les richesses du butin de ses conquêtes, pour que son peuple puisse apprécier ses victoires. Il donna une place d’honneur à ce qu’il avait pillé du Temple de Jérusalem, pour afficher sa grande fierté d’avoir gagné cette guerre. Il plaça une garde spéciale pour surveiller le Rouleau de la Thora et les Tentures (le Parokhet) du Saint des Saints.

La construction du Colisée de Rome, qui s'appelait, l'Amphithéâtre Flavien, a débuté dans les années 70 et fut inauguré en 81. On a trouvé que plus de la moitié des 20000 esclaves qui étaient forcés d'y travailler étaient des juifs captivés, en Judée, par Titus après la destruction de Jérusalem.

 

 
   

 

L'insurrection des juifs fut achevée après que l’empereur Hadrien eut écrasé la révolte de Bar-Kokhba (132-135) et a détruit toute la ville de Jérusalem. Il avait donné à Jérusalem le nom de Aelia Capitolina : du nom de la dynastie de Hadrien (117-138) Aelius et du temple dédié à la Triade Capitoline (Jupiter, Junot et Minerve.) Il avait décidé d'effacer toute trace juive de la ville. Il a expulsé tous les juifs et ne leur permit l’accès de la ville que le jour du 9 Av, pour pleurer les ruines de leur Temple et celles d'une capitale qu’ils ne peuvent plus reconnaître ni rebâtir. Les romains ont aussi changé le nom de la Judée en Philistia (Palestine), du nom du peuple philistin, disparu depuis longtemps et qui fut un ennemi d’Israël. Ce nom, fut préservé, à travers les siècles, dans les manuscrits chrétiens, et repris par les Anglais, après leur victoire sur l’Empire Ottoman vers la fin de la 1ère guerre mondiale.

 

 

L’Arc de Titus est le plus ancien des arcs qui a survécu à nos jours.

Ses dimensions: hauteur 15.4 m, largeur 13.5 m et épaisseur 4.75 m. Il a été construit par l’empereur Domitien, après l'année 81, année de la mort de son frère Titus. L'arc a un seul passage.

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est situé sur la Sacra Via qui va du Colisée (à l’est) au Capitole (à l’ouest). C’est la route du défilé des généraux triomphants, qui vont au temple de Jupiter, pour offrir des sacrifices.

L’Arc commémore la victoire de Titus sur le peuple juif, ce peuple rebelle qui n’a pas voulu accepter le panthéon et la domination de Rome.

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Des bas reliefs relatent la procession de Titus en 71. L’intérêt de ces bas reliefs est qu’ils sont le seul document visuel, historique, qui nous montre l’aspect et les dimensions des objets sacrés du Temple de Jérusalem.

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

Le bas-relief du sud, Le butin du Temple. Il se situe à gauche quand on marche sous l’Arc, de l'est vers l’ouest. Il montre le début du cortège historique. A la tête de la procession, on voit des esclaves juifs, captivés à Jérusalem, qui s’approchent des portes de la ville. Derrière, viennent les soldats qui portent les objets pillés du Temple : la Ménora et les Trompettes d’argent derrière lesquelles on aperçoit la Table des Pains.

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le bas-relief du Nord (à droite), montre la suite du cortège, l’Apothéose de Titus. On peut le voir monté sur un char, accompagné par la déesse Rome. La déesse ailée Victoria lui porte sa couronne. Des soldats défilent devant lui, portant leurs Haches de cérémonie. Deux figures symboliques marchent derrière l’Empereur, la jeune représente le peuple de Rome et l’âgée portant la toge, représente le sénat.

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

N'est-ce pas la, un témoignage spécial que les Romains plaçaient leur victoire sur la Judée plus haut même que celle qu’ils réalisèrent sur Carthage ?

 

On dit que même Napoléon, émerveillé devant ce monument, s’en est inspiré pour la construction de son de Arc de Triomphe à Paris, mais à une plus grande échelle

 
 

 

 

 

 

 

 

 

Nous devons une grande partie de nos connaissances du conflit Judéo-Romain à l’historien Josephus Flavius (il prit le nom de la dynastie des flaviens qui étaient au pouvoir à Rome). Il est né à Jérusalem, en 37, dans une famille de l’aristocratie des Cohanim (sa mère était descendante des Asmonéens) sous le nom de Yossef Ben Mathétyahou. Il nous a laissé des documents inestimables sur l’histoire de son époque et sur la révolte des juifs contre Rome, depuis les Asmonéens jusqu'à la tragédie de Massada

Agé de moins de 30 ans il fut nommé, par le Sanhédrin, gouverneur de la Galilée. Il se déroba des armées de Rome en se réfugiant avec ses soldats, dans une grotte. Par une ruse, il arrive à les tromper et rejoindre les romains. Il aura la vie sauve et prédit à leur général, Vespasien, qu'il sera bientôt empereur de Rome ainsi que son fils Titus, après lui.

Il se joint à Titus en 70 dans ses campagnes et fut le témoin visuel de la destruction de Jérusalem et de son Temple.

Un de ses livres, « La Guerre des Juifs » a été écrit, en 79, d’après ses mémoires, puis traduit en grec et en romain. Ille dédicaça à Titus, devenu Empereur.

Malgré ses nombreuses déclarations quant à la crédulité des faits qu’il rapporte, son livre critique très peu la conduite des Romains. Il y justifie les campagnes de Vespasien et de Titus qu'il décrit comme un héros plein d’humanisme, qui n’avait pas voulu détruire le Temple. Les seuls fautifs seraient ces rebelles fous et corrompus, ces têtus qui n’ont pas voulu entendre ses propositions pacifiques.

Ayant vécu dans la civilisation décadente de Rome, il n'ira pas jusqu'à considérer Vespasien comme le messager de Dieu, envoyé pour punir les juifs. Il pensait surtout que leur acharnement dans la lutte, contre l’empire Romain, était une grave erreur politique et qu’elle fut le facteur principal de leurs malheurs.

Ses défenseurs diront que c’est sa situation de Réfugié à la cour de Rome qui lui a imposé sa conduite et que les documents historiques qu'il nous a laissés compensent de loin le prix de sa trahison et de son passage au service de Rome.

La polémique autour de Joséphus continue jusqu'à nos jours, sa contribution historique peut-elle excuser sa collaboration avec Rome, lui qui était né Sacerdoce et qui fut un général juif ?

 

Même les chefs spirituels de son peuple n’ont pas reconnu son oeuvre, non seulement pour sa trahison mais aussi parce qu’ils montraient peu d’intérêt pour les récits héroïques des chefs militaires de leur peuple. Ils étaient persuadés que ce sont ces révoltes contre Rome qui ont amené la Destruction. L’épopée de Bar-Kokhba a longtemps été mise aux archives. Un abîme se creusait entre les partisans de l’Esprit et, ceux de la Force qui voyaient en la soumission aux païens, même provisoirement, un manque de confiance en l’assistance de la Force Divine.

 

 

Les pères de l’Eglise avaient vu en la destruction du 2e Temple la concrétisation des prophéties de Jésus, parce que les juifs n’avaient pas voulu reconnaître en ‘lui’ le Messie. Ces prophéties, telles qu’elles figurent dans les Evangiles, avaient été écrites (au moins 3 des 4) bien après la destruction du Temple.

Luc, Ch. 19, vers. 43-44 :

« Il viendra sur toi des jours où tes ennemis t’environneront de tranchées, t’enfermeront et te serreront de toutes parts. Ils te détruiront toi et tes enfants au milieu de toi et ils ne laisseront en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps ou tu as été visitée. »

Marc Ch. 13, vers. 1-2 :

« Lorsque Jésus sortit du Temple, un de ses disciples lui dit : Maître, regarde, comme ces pierres sont belles, et quels beaux édifices ! Jésus lui répondit : vois-tu ces grandes constructions ? Il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée. »

 

Ces prophéties reprennent en somme celles qui existaient dans la Bible depuis le temps des prophètes d’Israël (Jérémie, Isaïe, Ezzechiel..) qui avaient annoncé la destruction du 1er Temple.

Isaïe Ch. 1, vers. 4 et 7 :

« ..peuple chargé de péchés ! Ils ont abandonné le Seigneur, outragé le Dieu d’Israël, se sont éloignés de lui…Votre pays est un désert, vos villes sont consumées par le feu ! Des étrangers dévorent votre sol sous vos yeux, c’est une ruine, comme un bouleversement du à des étrangers. »

Ezéchiel Ch. 7, vers. 21-22 :

« Je le donnerai en proie aux mains d’étrangers et en butin aux impies de la terre et ils le profaneront. Je détournerai ma face d’eux et on profanera le lieu de ma Retraite, des brigands le déshonoreront »

 

Durant des siècles, les prophéties de Jésus furent, pour certains chrétiens, une justification des malheurs du peuple juif et plus tard, du refus de lui reconnaître un pays souverain. Le retour du peuple juif dans sa Terre était à leurs yeux, incompatible avec le Nouveau Testament. C’est durant le Pontificat de Jean-Paul 2 qu’il y eut un changement et des relations diplomatiques furent établies entre le Vatican et l ‘Etat d’Israël.

 

Le deuil de 9 Av est un deuil national qui célèbre la perte de la souveraineté et celle du lieu qui servait de centre cultuel et culturel.

C’est le jour où la mémoire collective nous rappelle qu’indépendamment de notre degré de religiosité, il est de notre devoir de :

-Rappeler, à nous et aux autres, que nous avions trop souvent été persécutés par des peuples qui ne voulaient pas de nous, à cause de nos valeurs, de notre foi et notre façon de vivre.

-Que ce peuple a tous les droits d’être souverain dans le pays duquel il fut exilé.

 

J’ai eu le sentiment que notre génération a malheureusement revécu le même traumatisme que nos ancêtres, quoique à un degré différent : l’exile, le patrimoine presque effacé et la perte des lieux de culte.

Récemment lors d’une visite à Gabès, j’ai pu voir que la synagogue, qui était le centre de la vie communautaire et où j’ai appris, à l’âge de 4 ou 5 ans, à déchiffrer pour la première fois des lettres hébraïques, était devenue un vulgaire entrepôt de matelas, et ses belles portes de bois sculpté ont été remplacées par des rideaux de fer.

A Tunis, la capitale, où j’ai vécu mon adolescence, la situation était pire, la ‘rénovation’ de l’ancien quartier juif a rasé impitoyablement toutes les synagogues du ghetto. L’ancien cimetière juif rasé et transformé en un jardin public. Quoi de plus symbolique !

Mais a-t-on le droit de comparer ? C’est difficile, parce qu’on ne peut comparer l’intensité de lointains récits historiques à des évènements vécus récemment. Mais le rapprochement des évènements se fait sans qu’on le veuille

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Titus avait bien compris l’importance symbolique de la Ménorah chez le peuple juif et lui donna une place d’honneur dans son défilé triomphal à Rome.

Flavius dit que la Menora était connue comme l'une des merveilles du monde antique

On trouve dans la Thora la description de la Ménorah et des objets sacrés du Tabernacle qui servait de temple du désert, pas ses dimensions. Les textes traditionnels lui accordent une hauteur de 160 cm environ et un poids de près de 50 kg d'or massif, toute forgée d'une seule pièce.

Il est difficile de tracer son origine. Son esthétique et sa fonction de "répandre la lumière" lui ont attribué une primauté comme étant le symbole visuel le plus représentatif d'Israël

 

Dans son Temple, Salomon avait ajouté 10 autres Ménoras en or, 5 de chaque coté de l'originale (I Rois: ch. 7, v. 49, "Il fit les Menoroth 5 à droite, 5 à gauche.") Elles furent toutes pillées par Nabuchodonosor et prises à Babylone.

Celle du 2e Temple fut volée par Antioche IV en 169 av J C. Celle qu'on voit sur le bas relief de l'arc de Titus est vraisemblablement l'image de celle qui fut réalisée sous Hérode.

 

Le pied de la Ménora, tel qu’il figure sur l’arc de Titus a du être remodelé par les Romains. A-t-il été endommagé durant son transfert à Rome? Ou était-ce pour lui donner plus de stabilité durant le défilé, que les Romains lui avaient donné une base à 2 étages, de forme polygonale? (qui rappelle plutôt celle qu’on trouve aux pieds des colonnes des grands temples.)

Nous pouvons supposer que le pied original a été dans le même style que la colonne centrale et les branches. Dans les vestiges antiques, la Ménorah tient sur 3 pieds. On voit cela même sur les mosaïques des synagogues d'après la destruction.

 

Que s'est il passé après Titus? Un historien du 6e S dit que la Ménorah et les autres objets du Temple apparurent à Constantinople lors de la célébration de la victoire de Bélisaire, sur les Vandales, qui les avaient amenés à Carthage après qu ils eurent pillé Rome en 455. Il dit aussi que plus tard Justinien les déposa dans une église à Jérusalem. Une autre version dit qu ils furent gardés à Constantinople jusqu'à sa conquête par les Croisés en 1204.

 

On retrouve le motif de la Ménorah dans presque toutes les activités artisanales et artistiques juives de tous les temps. Elle apparaît aujourd'hui, dans nos synagogues, comme élément ornemental, mystique, où sa forme est entièrement dessinée par les versets d'un chapitre des psaumes ou des lettres kabbalistiques:

 
 

 

 

 

 

 

 

 

La volonté de créer un lien entre les nouveaux lieux de culte et le Temple perdu, a du amener les artistes antiques à décorer les synagogues de Ménoroth et d'ustensiles sacrés de ce Temple, tels que le Shoffar, le Loulav et autres.

 

 
 



Une des fresques murales de la synagogue de Doura-Europos, en Syrie.

 

 

 

 
 



Une mosaïque de l'antique synagogue de Hammam-Lif en Tunisie.

 

 

 

 
 



A Hamat-Tibériade, à Tsipori, à Maon, à Jéricho et à Beith-Alfa, on retrouve sur les pavements en mosaique des synagogues, une Ménorah de chaque coté du Tabernacle.

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous voyons dans tous ces documents historiques, que les branches de la Ménorah sont en forme de demi cercles et que la tige centrale repose sur 3 pieds. On trouve aussi des ménoroth plus anciennes gravées sur la pierre, ayant des branches circulaires, par opposition aux bras droits et inclinés qu'on attribue à la description de Maimonide et d'autres, qui ne pouvaient avoir vu les vestiges antiques découverts seulement au siècle dernier.

 

 

       
   
 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le grand empire de Rome n’a pas pu tolérer qu’un petit peuple ose le défier et refuser ses valeurs et ses idoles. Il a détruit son centre spirituel et national. Dame Histoire l’a envoyé aux archives avec d’autres empires que nous dérangions. Elle continue, infatigable, d’écrire les pages des péripéties que ce peuple têtu (A’m késhé o’ref disait déjà Moise) a endurées depuis, et même dans notre génération.

 

Les prophéties, de nos grands Néviim sur la destruction du premier Temple, ainsi que celles de Jésus sur le second Temple, peuvent soulever la question : " Titus fut-il l’instrument d’une Punition Divine ?" ou bien " fut il maudit par la suite?"

Cet empereur mourut (en septembre 81) dans une épidémie (ou empoisonné par son frère Domitien?), à l’age de 42 ans, après avoir régné 26 mois seulement, durant lesquels il vécut 2 grandes catastrophes. La ville de Pompéi et ses environs furent enterrés sous les feux et les cendres du Vésuve. L’irruption de ce volcan eut lieu 9 ans après la destruction du Temple, exactement le 24 août 79. Cette année, nous célébrons le 9 Av, un 14 août.

En l'an 80, plusieurs quartiers de Rome furent dévastés par un grand incendie.

Avec tous ces événements historiques, chacun interprétera le niveau de l’Intervention Divine dans l'histoire de Titus et de Rome, selon ses convictions.

 

Pour finir voici, à coté de la Ménorah sculptée par Salvador Dali, une photo où j’ai voulu montrer que la Ménora a survécu à Titus, et survivra !

 

       
   

 

 

 

 

 

 

 

 

Avraham Bar-Shay (Benattia)

absf@netvision.net.il

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