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Tunisie : des islamistes intègrent le gouvernement

Mr Habib Essid, le nouveau Premier Ministre Tunisien

Tunisie : des islamistes intègrent le gouvernement

 

 

 

Ennahdha hérite du ministère de l’Emploi et de trois secrétariats d’Etat. Les Affaires étrangères et les Finances restent dans le giron de Nidaa Tounes.

En campagne, Béji Caïd Essebsi , le leader de Nidaa Tounes, avait promis de ne jamais se rapprocher des islamistes d’Ennahdha, ni de jamais former d’alliance avec cette force politique, la deuxième du pays. Son parti en avait même fait en quelque sorte sa marque de fabrique, à tout le moins l’un de ses thèmes de campagne. Las, le gouvernement qu’a présenté, hier, Habib Essid le Premier ministre, a bel et bien dû intégrer dans ses rangs des représentants d’Ennahdha . Une première équipe avait été formée, le 23 janvier. Mais face aux critiques des Islamistes, Habib Essid a dû très vite revoir sa copie.

« Nous avons procédé à des changements, il s’agit d’élargir la composition du gouvernement avec l’entrée d’autres partis », a déclaré le Premier ministre. Cette nouvelle équipe doit recevoir, demain, l’approbation du Parlement. « Nous voterons pour ce gouvernement, qui est représentatif », a déclaré le député d’Ennahda Walid Bannani pour qui « la question n’est pas de savoir combien untel a de postes, mais de voir si ce gouvernement est suffisamment varié pour représenter tous les Tunisiens. »

Outre Nidaa Tounès qui compte 86 députés au Parlement sans majorité absolue et Ennahdha (69 élus), deux partis sont également représentés : l’Union patriotique libre (16 députés) d’un richissime patron de club de foot, et Afek Tounès (libéral, 8 élus). Le cabinet peut donc compter, en théorie, sur le soutien de 179 des 217 parlementaires.

Schématiquement, l’équipe est dominée par Nidaa Tounes, le parti majoritaire, sorti vainqueur des élections législatives d’octobre. La formation hérite de six portefeuilles, dont celui des Affaires étrangères qui reste confié à Taieb Baccouche, par ailleurs secrétaire général de Nidaa Tounes. Les Finances échoient à Slim Chaker qui n’est pas un nouveau venu dans le paysage politique. Il a été plusieurs fois ministre, au tourisme ou à la jeunesse et aux sports. Dans le premier gouvernement Essid, il était ministre du Commerce et de l’Artisanat. Les ministères de l’Intérieur, de la Défense et de la Justice ont, pour leur part, été confiés à des indépendants.

Quant à Ennahdha, il obtient trois secrétariats d’Etat et surtout le portefeuille de l’Emploi, dont Zied Ladhari sera le patron. L’ancien porte-parole du parti, avocat de formation, s’est toujours gardé d’adhérer aux positions extrémistes du mouvement et passe donc pour un modéré. Compte tenu des divisions qui existent à l’intérieur d’Ennahdha, cette nomination montre que ce n’est pas la ligne dure qui l’a emporté. Il n’empêche, en donnant le ministère de l’Emploi à Ennahdha, Habib Essid« ne leur fait pas un cadeau », confie Khadija Mohsen Finan, chercheur à l’IRIS. « C’est un portefeuille risqué, important, qui est associé aux difficultés et aux défis. » Mais il n’est pas non plus stratégique. « En cas d’échec, l’image du pays n’est pas engagée », poursuit le chercheur. Aux islamistes à présent de remonter leurs manches et de savoir se montrer inventifs pour combattre le chômage et prendre des positions inédites.

Car si la Tunisie a réussi sa transition démocratique, elle doit à présent prendre à bras le corps les problèmes économiques. La croissance reste anémique et le chômage des jeunes demeure d’autant plus préoccupant que ces revendications étaient au cœur de la révolution de jasmin qui a renversé le régime de Ben Ali. 

@MdeGrandi

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/0204127714397-tunisie-...

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