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Tunisie. Ennahdha, Marzouki et Ben Jaâfar conspués

 

Tunisie. Ennahdha, Marzouki et Ben Jaâfar conspués

 

 

 

 

Il y avait une ambiance particulière, mardi, aux abords du Palais du Bardo. Les quelque 3.000 manifestants présents ne sont pas venus acclamer les nouveaux élus du peuple. Au contraire...

Par Marouen El Mehdi

 

Ils étaient des centaines dès les premières heures de la journée et leur nombre a grandi à l’approche de la tenue de la séance inaugurale de l’Assemblée constituante. Ces manifestants appartiennent en majorité à des associations et des structures de la société civile. Très peu de politiciens étaient présents parmi eux et on a noté la présence d’un très grand nombre de femmes. Que sont-ils venus dire ? Quel message portaient-ils ? Pourquoi étaient-ils aussi mécontents ?

 

Un seul parti qui va gouverner le pays

Les avis diffèrent et le principal message était commun : Ennahdha ne doit pas gouverner à sa guise et il va falloir exercer une forte pression pour lui faire comprendre qu’il sera sous une étroite surveillance. Leïla Chebbi, artiste, va encore plus loin : «Je me demande ce qu’ont fait Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaâfar durant leurs négociations avec Ennahdha. Je pense qu’ils ont négocié uniquement leur candidature pour avoir le poste de président, l’un à la tête de le République et l’autre de la Constituante, et tout était secondaire devant leurs ambitions personnelles. Ils ont tout lâché à Ennahdha qui va pouvoir occuper tous les ministères importants et aura ainsi tous les outils en main pour gouverner selon sa propre vision des choses. Les Tunisiens ont fait la révolution et un parti politique, qui n’a même pas participé aux sacrifices du peuple, est venu tout cueillir et il va pouvoir étendre sa mainmise. C’est pour cette raison que je considère que Marzouki et Ben Jaâfar ne sont pas loin d’être des ‘‘traîtres’’. Rien a changé et nous sommes devant une amère réalité, c’est un seul parti qui va gouverner le pays».

 

Pour d’autres manifestants, ce sont les droits de la femme qui suscitent des soucis, comme le précise une enseignante présente sur les lieux : «Le fait de garder le ministère de la Femme confirme qu’elle demeure marginalisée. On a parlé d’une présence équitable entre femmes et hommes à la Constituante. La vérité est autre aujourd’hui et le discours de quelques partis est fort inquiétant. Nous exigeons que la nouvelle Constitution comporte clairement le souci de toutes les parties de renforcer les acquis de la femme et d’en faire un partenaire d’égal à égal avec l’homme».

 

L’ingérence des pays étrangers

Les partis d’opposition n’échappent pas à la critique et Mohamed Ali Jouini, un représentant d’un nouveau parti démocrate de droite, qui estime que ces partis, qui ont affiché leur intention de faire de l’opposition, semblent encore sous le coup de la déception et ont été très peu actifs alors que trois partis étaient en train de se partager le gâteau.

D’autres manifestants ont clairement condamné l’ingérence de quelques pays étrangers dans les affaires de la Tunisie : «C’est honteux de voir des responsables d’un parti qui va gouverner le pays faire les louanges d’autres modèles politiques en Turquie et au Qatar. D’autres ne cessent d’être conseillés par les autorités américaines et françaises ; et tout ce beau monde ne veut pas comprendre que la Tunisie a son propre système social et politique et n’a pas besoin de ressembler à d’autres. La composition de la population tunisienne est particulière et ne ressemble pas aux autres. Les pays qui ont pris l’habitude de donner des leçons en démocratie ne nous impressionnent pas et nous devons défendre notre autonomie», déclare un jeune manifestant.

 

C'est dans une telle ambiance que s’est tenue la séance inaugurale de l’Assemblée constituante. La présence des milliers des manifestants n’a pas causé d’incidents regrettables à part une agression physique et verbale sur la personne de Souad Abderrahim, candidate indépendante élue sur une liste d’Ennahdha, qui a été récemment au centre d’une polémique sur les mères célibataires. Tous les présents ont condamné cet acte qui a été vite oublié au moment de l’ouverture des travaux de la séance inaugurale.
 

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