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Tunisie : libération de la policière accusée d’avoir giflé Mohamed Bouazizi

 

Tunisie : libération de la policière accusée d'avoir giflé Mohamed Bouazizi

LEMONDE.FR 

La justice tunisienne a ordonné, mardi 19 avril, la remise en liberté d'une policière accusée d'avoir giflé un marchand des quatre-saisons dont le suicide a déclenché la "révolution de jasmin" qui a renversé le président Ben Ali après vingt-trois ans d'un règne sans partage. Le procès de Fadia Hamdi s'est ouvert mardi à Sidi Bouzid alors même que la mère du défunt avait retiré sa plainte.

Mohamed Bouazizi, un jeune chômeur diplômé, s'était immolé par le feu le 17 décembre 2010 dans sa ville de Sidi Bouzid, dans le centre-ouest de la Tunisie, après la saisie de son étal de fruits et légumes par la police municipale pour défaut de licence. Le jeune homme, devenu le symbole d'une jeunesse sans espoir dans une Tunisie subissant la férule et la corruption de Zine El-Abidine Ben Ali et de son clan, avait succombé à ses brûlures le 4 janvier.

Son acte, rarissime dans une société musulmane, avait déclenché une vague de manifestations de grande ampleur contre le régime, qui avait gagné tout le pays. Le 17 janvier, le chef de l'Etat était renversé et s'enfuyait en Arabie saoudite. M. Ben Ali s'était auparavant rendu au chevet du jeune homme hospitalisé et avait rencontré sa mère, qui s'était plainte de la gifle donnée par la policière à son fils. Le président avait alors ordonné l'arrestation de la policière, Fadia Hamdi, pour tenter de désamorcer la colère populaire.

"ÉVITER LA HAINE"

"Je suis innocente. Je ne l'ai pas giflé", a déclaré la prévenue au tribunal, qui a classé l'affaire et ordonné sa remise en liberté. Devant le tribunal, des centaines de personnes s'étaient massées, dont certaines brandissant des pancartes demandant la remise en liberté de la policière. "Liberté, liberté", scandait la foule, qui a applaudi lors de l'énoncé du verdict. "Il s'agit d'une décision difficile mais mûrement réfléchie afin d'éviter la haine et (...) de contribuer à la réconciliation des habitants de Sidi Bouzid", a déclaré la mère du défunt, citée par l'agence TAP.

Contacté par téléphone, le frère de Mohamed Bouazizi, Salem, a affirmé à l'AFP peu avant l'annonce du verdict que sa famille avait retiré la plainte "dans un geste de pardon".

"C'est une affaire purement politique, a affirmé à l'agence Reuters l'avocat de la prévenue, Besma Nasri. Elle est innocente." Le nouveau pouvoir en place à Tunis a rebaptisé la grand-place de la capitale au nom du jeune vendeur ambulant devenu le héros de la "révolution du jasmin", laquelle a fait des émules dans le monde arabe, notamment en Egypte.

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